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Introduction
L’irrigation de contre-saison au Burkina Faso améliore la part contributive de l’agriculture à l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle et à la lutte contre la pauvreté. Malheureusement de nombreuses contraintes limitent les rendements et productions agricoles. Il s’agit entre autres de la non-application des techniques, la non-maîtrise des pratiques culturales et diverses contraintes socio-économiques telles que la mauvaise gestion des ressources en eau pour l’irrigation, les charges liées à l’acquisition des intrants agricoles, la difficulté de motorisation de l’irrigation, la qualité des sols, le foncier et les enjeux climatiques (baisse des niveaux et débits des cours d’eau) (Barbier et al., 2015 ; IFREAT., 2015 ; Bazin Fréderic., 2017 ; Kambou Donkora., 2019). Le présent papier propose une motorisation des prélèvements d’eau d’irrigation avec des motopompes alimentées par du gaz butane, comme une solution « adaptée » pour réduire la pénibilité de l’exhaure manuelle, « économe » en termes de charges liées aux pompages et « optimale » pour une gestion efficience et rationnelle des eaux d’irrigations desservies aux cultures.
Conception et design de la motopompe à carburateur à gaz
Une motopompe alimentée par du gaz butane est une motopompe dont le circuit d’alimentation en carburant ou liquide inflammable (essence ou gasoil) a été substitué par un carburateur fonctionnant à l’aide du butane. La source d’alimentation en gaz étant une bouteille de gaz relié au carburant de la motopompe grâce à un raccord. Sept (07) étapes sont requises pour le design et la mise en service de la motopompe à gaz butane. Ce sont :
i. disposer d’une motopompe de surface,
ii. connecter la valve réduite du carburateur de la motopompe à celle de la bonbonne de gaz butane à l’aide du raccord du gaz en choisissant le type de gaz approprié qui est utilisé (gaz naturel ou gaz de pétrole liquéfié) ;
iii. fermer la valve du carburateur en poussant le choc à la position « OFF » ;
iv. (iv) appuyer sur le bouton de purge, 2 à 3 secondes puis relâcher ;
v. tourner le bouton du moteur en position « ON » ;
vi. tourner le démarreur du moteur jusqu’à sentir qu’il y a une résistance, ainsi tourner le énergiquement ;
vii. tourner le bras du choc à la position 1/3 pour redémarrer en cas d’échec du démarrage. Le démarreur tourne 2 fois s’il est très collé à la valve du choc.
Les photos 1, 2 et 3 illustrent les étapes (ii, iii et iv) fondamentales pour réussir le démarrage de la motopompe à carburateur à gaz butane.
Etude de cas : irrigation motorisée d’une parcelle rizicole au Burkina Faso
Zone d’étude
Pour pallier l’insuffisance d’eau d’irrigation, des tests ont été réalisés dans le périmètre irrigué de Sindou. Le périmètre irrigué de Sindou, est situé dans la province de la Léraba (Sud-Ouest) au Burkina Faso dans la région des Cascades. Il est limité par les parallèles 10°38’ et 10°40’ de latitude Nord et les méridiens 5°09’ et 5°06’30’’ de longitude Ouest (figure 2).
Matériels et méthodes
Une conduite de démonstration de riz irrigué à partir d’une motopompe fonctionnant à gaz butane a été réalisée sur une parcelle de 456 m². La parcelle a été irriguée 2 fois par semaine après le repiquage. Le repique des plants de riz a été réalisé 15 jours après le semis aux écartements de 25 cm entre les lignes et 25 cm sur les lignes, en raison d’un plant par poquet.
Trois types d’engrais ont été utilisé à savoir le NPK (14-23-14), l’urée super granulée et l’urée perlée tous dosés à 46% N. Une quantité de 1,10 kg de NPK (14-23-14) a été apporté sur l’ensemble de la superficie le jour du repiquage. L’urée super granulée (USG) a été appliquée 10 jours après le repiquage (10 JAR) en raison d’un granule de 1,8 g pour quatre plants soit 3,11 kg d’USG pour près de 6900 plants. A l’épiaison seule une moitié (216 m2) a reçu de l’urée perlée. La photo 3 représente le système d’irrigation de la parcelle de démonstration.
La détermination des besoins en eau du riz a été réalisé à l’aide du logiciel CropWat8. La variété de riz emblavé est le FKR 84.
La source d’eau d’irrigation est un puits traditionnel de forme cylindrique, de profondeur 5 m et de 1,2 m de diamètre captant l’aquifère superficiel formé dans les grès de base qui se déploie sous le périmètre irrigué (Kinglo A., 2020).
Pour tester l’hydrodynamique de la nappe superficielle et évaluer la capacité du puits à assurer les besoins en eau de la culture du riz, deux types d’essais de pompage ont été réalisés, il s’est agi d’un essai de pompage par 04 paliers de débits discontinus de 1 h chacun aux débits respectifs de 0,46 m3/h ; 0,57 m3/h ; 0,79 m3/h et 1,4 m3/h suivi d’une phase de remontée à chaque palier de même durée (1h). Ces essais ont permis de déterminer un débit d’exploitation du puits qui a servi pour réaliser un essai de pompage longue durée de 04 h.
Résultats
Les résultats obtenus ont montré que le puits agricole choisi a un débit d’exploitation moyen de 0,82 m3/h et se recharge en 3 heures après 4 heures de pompage. Le gaz butane de 12 kg a permis de pomper au total 60,8 m3 d’eau soit 21% du besoin en eau du riz FKR84 estimé à 288,7 m3. Le complément d’eau pour boucler le cycle de la variété emblavée a été apportée par (i) les sources naturelles du périmètre de Sindou et les premières pluies survenues dans la zone d’étude à hauteur respective de 180,6 m3 (62.5%) et 47,3 m3 (16,38%). Les rendements moyens du riz ont été de 3.3T/ha et 4.3T/ha respectivement pour l’USG et l’USG +urée perlée.
Conclusion et perspectives
L’étude a montré qu’une bonbonne de gaz butane de 12 kg a permis de couvrir 21% des besoins en eau du riz de la variété FKR 84. Une étude comparative avec les autres méthodes manuelles d’exhaure de l’eau d’irrigation ou d’irrigation avec des motopompes à essence ou gasoil est à envisager afin de quantifier la contribution des motopompes à gaz dans la (i) réduction de la pénibilité et des couts de pompage, l’optimisation de la gestion de l’eau d’irrigation et accroissements des rendements agricoles
Références bibliographiques
1. Bruno Barbier, Beteo Zongo, Patrick Dugué, Adolphe Zangré., 2015. L’irrigation de complément à partir de petits bassins individuels : Synthèse des travaux réalisés au Burkina Faso. Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), Projet Irrigation de Complément et Information Climatique, AGRIDAPE, IED Afrique. 3 pages.
2. Fréderic Bazin., 2017. Analyse des systèmes de production du périmètre irrigue de bagré (Burkina Faso) – rapport final. Global Water Initiative, Afrique de l’Ouest. 92 pages.
3. Kambou Donkora., 2019. Évaluation des performances techniques de l’irrigation au Burkina Faso. Dcotorat, Université de Liège, Gemblou – Agro bio tech., https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/241805/1/These_Kambou_Donkora_final.pdf , 190 p
4. IFREAT., 2015. Etude pour l’élaboration d’une stratégie nationale en matière d’intrants et d’équipements agricoles. Ministère de l’agriculture des ressources hydrauliques de l’assainissement et de la sécurité alimentaire au Burkina Faso. 111 pages.
5. Kinglo Abdon Auguste Mahougbè. 2020. identification et caractérisation quantitative et qualitative des émergences souterraines dans le bassin de la Comoé (périmètre irrigué de Sindou). Mémoire d’Ingénieur, 2IE. 66 pages.
Elie Serge Gaëtan SAURET1, Jacques O. KISSOU 2, Poulouma Louis YAMEOGO1, Idriss SERME1, Kalifa COULIBALY2,
1 Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique / Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles, Burkina Faso. Auteur email : saurelie517@yahoo.fr
2 Université Nazi Boni, Bobo Dioulasso, Burkina Faso
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Vos commentaires
1. Le 12 janvier à 17:01, par Ed51 En réponse à : Usage d’une motopompe alimentée par du gaz butane pour le pompage et l’irrigation de riz au Burkina Faso
Il serait aussi pertinent de mettre en place des pompes fonctionnant à l’énergie solaire photovoltaïque. L’avantage : pas de pollution - utilisation de la ressource solaire importante au Burkina.
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2. Le 12 janvier à 17:18, par Renault HÉLIE En réponse à : Usage d’une motopompe alimentée par du gaz butane pour le pompage et l’irrigation de riz au Burkina Faso
Très intéressant !
Mais j’aimerais un comparatif avec les pompes à carburant liquide, les pompes à bras et les pompes à éolienne.
D’autre part, quelle est la fiabilité dans la durée de ces pompes ? Coût d’entretien ? Pannes ? Accessibilité du carburant ? Risques de vol ?
Dans ma jeunesse, les fermes du sud de la France, des USA et du Maghreb avaient un puits à éolienne... et ça marchait. Ça grinçait, mais c’était robuste.
Désolé, les jeunes, mais je suis spécialisé dans les questions casse-pieds pendant les soutenances.
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3. Le 12 janvier à 18:24, par Boris En réponse à : Usage d’une motopompe alimentée par du gaz butane pour le pompage et l’irrigation de riz au Burkina Faso
c’est de l’innovation mais l’usage du gaz butane risque de paralyser l’équipement car produit de plus en plus indisponible et le cours a la hausse. le solaire aurait été mieux
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4. Le 13 janvier à 01:35, par Los En réponse à : Usage d’une motopompe alimentée par du gaz butane pour le pompage et l’irrigation de riz au Burkina Faso
Méthode innovante mais avec des conséquences sur la disponibilité du gaz pour les ménage. Si le gaz en plus d’être utilisé dans les taxis, il doit servir à l’agriculture bonjour les dégâts. Pourquoi ne pas utiliser les pompes à pédale ? En plus le coût des produits qui en sortent seront hors de la portée des consommateurs car il faut tenir compte du prix du gaz. Il faut savoir faire des choix et les bons sinon on va tous retourner à l’utilisation du bois chauffe pour nos besoins domestiques et la, une déforestation a grande échelle a l’horizon.
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5. Le 13 janvier à 10:47, par kwiliga En réponse à : Usage d’une motopompe alimentée par du gaz butane pour le pompage et l’irrigation de riz au Burkina Faso
Ben, c’est une bonne idée.
J’espère que ça ne va pas trop scandaliser les "gens" qui subventionnent énormément notre gaz, de manière à ce que son coût reste très bas, et ce dans l’objectif de limiter la déforestation.
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