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Djibo : Former le poing et le maintenir haut et ferme

Publié le mercredi 16 mars 2022 à 18h36min

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Djibo : Former le poing et le maintenir haut et ferme

Djibo, chef-lieu de la province du Soum, l’une des quatre provinces de la région administrative du Sahel constituée de neuf départements, est une ville martyrisée. Depuis 2016, cette province est particulièrement menacée par la violence politique (au sens de Bosi, 2012). Depuis peu de jours, il s’y déroule une situation inconfortable.

Des voix de détresse, des cris stridents s’élèvent pour appeler à la rescousse face à cette situation de confinement et de prise en otage. Cette attitude humaine de crier au secours est de bon ton. Toutefois, la communication autour de cette situation malheureuse est surannée car elle ne fera qu’exacerber la psychose. Dans cette tribune, l’auteur de cette réflexion escompte, d’une part, fouetter l’amour propre des djibolais et en particulier celui des djelgobè afin qu’ils puisent dans leurs ressorts psychologiques et leurs résiliences légendaires pour tirer les ressources nécessaires pour continuer à vivre d’autant que ceux qui menacent leur quiétude ont peur de vivre.

D’autre part, il invite les uns et les autres à arrêter de se faire réciproquement peur. A l’autorité centrale et aux leaders d’opinions locaux, l’auteur les interpellent de jouer leurs partitions en prospectant les axes ci-dessous énumérés tirés de ses résultats de recherches empiriques. Jusque-là, nous avions progressivement assisté à une victimisation jamais égalée eu égard au pourrissement du contexte sociopolitique national ainsi que des excès langagiers de pêcheurs en eau trouble qui ont opté manifestement pour une agression idéologique.

La peur est un sentiment humain et comme pour tout sentiment, la peur peut prendre des proportions inquiétantes, et démesurées dans la vie d’une personne, et se transformer en une émotion paralysante comme la phobie, ou la frayeur, devenir obsessionnelle et virer au cauchemar ou à la paranoïa. La stratégie des groupes armés consiste à : « infliger des dommages matériels, psychologiques et symboliques à des individus et/ ou à leurs biens dans le but d’obtenir le soutien ou l’opposition de publics variés à des changements politiques, sociaux et/ou culturels (Bosi, 2012) ». La rhétorique martiale en tant que réponse a montré ses limites en ce que la violence alimente toujours la violence. Le point de la situation a été suffisamment documenté, il nous reste qu’à former le poing. Que faire face aux assauts répétés des gens de la brousse ?

Mille poussins réunis font quand même peur à l’épervier

Les résultats d’une recherche que nous avons publié en 2018 montraient que plus généralement lorsque dans une région administrative, une .personne sur deux, au moins, affirme n’avoir pas peur des attaques armées, cela réduit de 7,3% la propension à la peur dans cette région et ce comparativement aux régions où le taux de sérénité (n’a pas peur des attaques armées) n’excède pas les 49% (taux de sérénité au plan national). C’est peu de dire que la débandade actuelle n’est pas la solution en ce que tant que le mur n’est pas fissuré, le lézard n’y entrera pas. Ce premier niveau de mobilisation est un impératif, une condition nécessaire avant toute intervention militaire attendue par plus d’un.

2- Positionner les forces de défense et de sécurité auprès de populations
On le sait qu’il existe un désamour entre FDS et populations. Nonobstant que les rapports de confiance entre la population et les FDS sont contrariés dans cette partie du pays, il est intéressant de faire observer que la présence des forces de défense et de sécurité (police, gendarmerie) réduit de 13 ; 6%
la propension à avoir peur des attaques armées (BEMAHOUN, 2018). La situation actuelle commande que stratégiquement que les forces de défense maintiennent des positions avancées motorisées afin de maintenir très haut la ligne de front d’une part ; et pister de plus près les gens de la brousse.

S’il est évident que les forces de défenses et de sécurité doivent impérativement intervenir pour lever cet état de siège, accepterons nous enfin d’assumer les conséquences des dégâts collatéraux, les pertes en vies humaines pour ne citer que cet exemple qui a suscité de la clameur dans un passé récent. L’adage est bien clair, on ne fait pas des omelettes sans casser les œufs. C’est dire également qu’on ne peut vouloir le pain et l’argent du pain à la fois. C’est incohérent, abracadabra.

Aide-toi, et le ciel t’aidera

Des hommes de valeur on en a connu de par le passé, des hommes d’honneur, il en existe toujours. C’est connu, « Djelgowo dôgata, mourra o maya (lire en fulfuldé) », littéralement un ressortissant de l’espace culturel du Djelgodji (Djelgowo en fulfulé) ne prend pas ses jambes au cou même s’il doit mourir. Alors dans cette entreprise, nos responsabilités individuelles et collectives sont questionnées avant une quelconque intervention militaire.

En définitive, nous sommes fondés à croire que l’implémentation des trois (03) axes ci-dessus cités pourrait ramener la quiétude. Il y a pire qu’échouer, c’est de ne jamais essayer. De par le passé, dans les années 93- 94, les populations ont courageusement affronté la situation insécuritaire occasionnée par les mouvements touaregs du nord du Mali d’alors. C’est connu que les valeurs (courage, ténacité, honneur) du « Djelgowo » ont été des adjuvants qui ont permis d’affronter des situations similaires. Si nous voulons rester dignes de nos ancêtres, ce n’est pas en se faisant peur réciproquement en relayant via les TIC des messages de psychose. Pour sûr, nous vaincrons ceux qui nous endeuillent et menacent de prendre en otage Djibo par un blocus.

« La patrie ou la mort, nous vaincrons ! ». Il n’y a pas d’alternative crédible que de résister ou de périr lâchement. Cette dernière attitude ne nous ressemble pas ! C’est pourquoi soutenons-nous avec le politologue états-unien Dwight Macdonald ceci : « Don’t agonize, organise ! ». Car c’est de notre responsabilité citoyenne, en effet. Et aussi, en raison du fait que la « peur est mauvaise conseillère ». Résidents des communes de Djibo, Barouboulé, Nassoumbou, Diguel, Tongomael, Pôbé-Mengao, Koutougou, Arbinda, formez le poing aujourd’hui, et la postérité jugera de sa pertinence plus tard.

BEMAHOUN Honko Roger Judicaël
Statisticien-économiste, analyste politique
Ouagadougou, le 16 Mars 2022

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Vos commentaires

  • Le 16 mars 2022 à 18:43, par Paligba En réponse à : Djibo : Former le poing et le maintenir haut et ferme

    C’est ce que Émile Paré a dit, mais maladroitement !

  • Le 16 mars 2022 à 19:09, par Lora En réponse à : Djibo : Former le poing et le maintenir haut et ferme

    Merci pour ce cri de coeur relayé,djibo soufre,djibo agonise !!!vivement que les cri de coeur soient entendu

  • Le 16 mars 2022 à 22:30, par Bigbale En réponse à : Djibo : Former le poing et le maintenir haut et ferme

    "Tant que le mur n’a pas de fissure, le lézard n’y entre pas" ! C’est très bien illustré car il y a encore quelques années les Djibolais ont assisté et accepté avec naïveté les prêches incendiaires de Malam DICKO. Les Djihadistes arabisants ont bien poussé des racines, encouragés par quelques petits politiciens aux petits pieds et cela jusqu’à ce que le Maire soit assassiné et que l’Emire de Djibo lui-même soit menacé. Et voilà comment ces mêmes sinistres suppôts du diables sont aujourd’hui réduits à crier au secours parce que la ville se meurt, les habitants se bousculent pour boire l’eau du Barrage, plus d’eau potable, pas de communication, Etc. Et sans eau, pas de toilette et bonjour les maladies ! Comme quoi, quand on croit punir les autres sur le plan politique, on s’enferme dans une prison à ciel ouvert.

  • Le 17 mars 2022 à 10:39, par kwiliga En réponse à : Djibo : Former le poing et le maintenir haut et ferme

    Comme il semble aisé d’inciter les autres, ceux-là, là-bas, qui vivent au Burkinistan, à la résistance, pendant que nos militaires putschiste, comme vous même, monsieur Bemahoun, sont bien planqués au Ouagaland.
    Ne vous suffit-il pas d’envoyer nos VDP au massacre, il faudrait maintenant que l’ensemble d’une population se sacrifie, sur l’autel d’une prétendue gloire passée.
    Alors, que les populations se lèvent, résistent et périssent, pourquoi pas, mais pour défendre quoi ? La vie de confort qui a été la leur, pendant les 30 dernières années ?
    Et surtout, ce n’est pas à un intellectuel ouagalais, qui théorise à partir d’une "étude" de 2018, par le biais de "recherche empirique", pour en arriver à la conclusion que "Depuis peu de jours, il s’y déroule une situation inconfortable.(à Djibo)", de venir inciter les populations à la résistance active.
    Non, mais sans blaguer "une situation inconfortable".

  • Le 17 mars 2022 à 14:25, par jeunedame seret En réponse à : Djibo : Former le poing et le maintenir haut et ferme

    « Djibo : Arrestation d’une vieille femme de plus de 70 ans complice des terroristes
    Publié le 16 mars, 2022 par admin 230 2

    Aides toi et le ciel t’aidera. Si la population refuse de dénoncer les complices, elle se rend complice. En ce moment que peuvent faire les FDS ?

    Ces derniers jours, les FDS ont arrêté une vieille femme de plus de 70 ans qui était complice des terroristes. Ses enfants et son mari sont des terroristes et elle informe ces derniers de tout mouvement FDS.

    Un autre homme qui s’asseyait couramment dans les kiosques pour informer les terroristes de tout mouvement des FDS a aussi été arrêté.

    Avec ces complicités internes, tout est mis en œuvre pour que quand les FDS font mouvement vers un côté, les terroristes passent de l’autre côté.

    C’est dans cette situation qu’on entend des fils de Djibo pointer du doigt la responsabilité du président Damiba et ses collaborateurs.

    Certes le président du Faso ne peut pas être dédouané dans cette situation parce qu’il est au pouvoir mais la population a aussi sa part de responsabilité !

    Si on porte tout sur les épaules de Damiba, il va s’écrouler. Nous seront les premiers à payer les conséquences avant lui.

    Je voulais personnellement aller à Côte d’Azur de Djibo pour une détente mais me voici cantonné quelque part dans le Centre Nord.

    Que Dieu nous apporte la paix.

    De Wendpouire Charles Sawadogo

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  • Le 18 mars 2022 à 12:55, par LE SAHELIEN En réponse à : Djibo : Former le poing et le maintenir haut et ferme

    Monsieur Wendpouire Charles Sawadogo,
    La vieille dame dont vous parlez et le M. du kiosque sont des burkinabè au même titre que vous et M. Damiba. Et sachez que personne ne l’a demander de prendre le pouvoir. S’il trouve que ces épaules sont faibles, il n’avait qu’a rester à faire ce pour quoi il a été recruté.
    Merci de la compréhension.

  • Le 18 mars 2022 à 15:44, par Sanou paul En réponse à : Djibo : Former le poing et le maintenir haut et ferme

    Lorsqu’on est assis sur les branches d’un arbre, il faut éviter de sciller cette branche au risque de tomber avant la branche.
    Un autre proverbe Mossi dit : Le mal qu’on fait est semblable aux urines car les urines finissent toujours dans ton caleçon,
    Aussi, lorsque tu te couches sur le dos et que tu craches les crachats retombent sur ta pitrine
    Je m’arrête à ces trois adages Moagga.
    Jusqu’à présent les gens de Djibo n’ont toujours pas compris, on accuse le pouvoir de n’avoir pas fait ceci cela ? on parle des autorités,
    Juste vous dire qu’ils peuvent continuer à s’enrôler. L’armée aussi est là et l’armé va sévir sur les terroristes, et les terroristes à l’heure du bilan diront qu’ils avaient un mauvais choix. Les terroristes et leurs complices internes à Djibo n’ont pas fait du bien au Soum, ils seront toujours en retard même dans 50 ans. Pendant que les autres travaillent et ils font la guerre, vous n’avez plus d’animaux, vous ne cultivez pas et lorsque vous voyez ceux qui ont bien travaillé et qui ont des animaux vous partez les attaquer. du n ’importe quoi ces terroristes et complices vont regretter . Si vous voulez ne travailez pas, le gain facile n’existe pas , espèce de bande de voyous.

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