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Se passer du gaz russe : Un danger supplémentaire pour les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad)

Publié le jeudi 10 mars 2022 à 11h30min

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Se passer du gaz russe : Un danger supplémentaire pour les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad)

La guerre russo-ukrainienne fait peser une menace sur l’approvisionnement en gaz des pays du G5 Sahel, selon Ulrich Landry Compaoré, enseignant-chercheur en génie de l’énergie et des matériaux résidant au Canada.

Situation

En 2020, la production mondiale de gaz naturel a été estimée à 3853,7 milliards de m3 dont les principaux grands producteurs sont les États-Unis (environ 960 milliards de m3), la Russie (environ 650 milliards de m3) et l’Iran (environ 300 milliards de m3). On note que 3822,8 milliards de m3 de gaz sont consommés dans le monde.

On observe une forte consommation par ces mêmes pays producteurs en plus de la Chine qui consomme plus de gaz qu’il en produit (200 millions de m3 de gaz produit contre 380 millions de m3 de gaz consommé). l’Europe dépend à plus de 40% du gaz Russe (soit environ 30 milliards de m3 ou par équivalence plus de 1,15 millions de TJ ), et cette situation de guerre Russie-Ukraine entraine donc une crainte d’approvisionnement du gaz vers certains pays Européens. Ces pays européens qui seront perturbés devront certainement trouver une alternative pour maintenir leurs besoins en gaz.

On se demande si ces pays vont se tourner encore plus vers les producteurs africains afin de combler leur besoin en cas de déficit moyennant un coût d’achat préférentiel. Des mesures pour s’affranchir de cette dépendance à la Russie sont déjà examinées, parmi lesquelles la recherche de sources alternatives de fourniture en se tournant vers l’Algérie ou le Nigeria. Si tel est le cas alors quelles seront les conséquences pour les pays du sahel déjà envahis par les affres du terrorisme et dépendant fortement du gaz produit en Afrique ?

Les chiffres clés [AIE ]

L’Afrique joue un rôle important dans l’exploration, l’exportation et la fourniture de gaz naturel au niveau mondial, avec une production en 2019 d’environ 8,7 millions de TJ sur un total mondial de 142 millions de TJ, soit une part de marché mondial de 6% [AFREC ].

Le gaz est actuellement produit dans 18 pays africains, mais il reste très concentré en Afrique du Nord, où est produit un peu plus de 70% de tout le gaz africain, suivi de 23% en Afrique de l’Ouest, le reste de la production provenant des autres régions africaines. Les trois premiers producteurs (une production par pays allant de 1900000 TJ à 4000000 TJ), l’Algérie, l’Égypte et le Nigeria, représentent 87% de la production totale de gaz. Les cinq moyens producteurs de gaz (soit de 100000 TJ à 400000 TJ) sont la Libye, l’Angola, le Mozambique, la Tunisie et la Côte d’Ivoire.

Ces huit pays représentent 98% de la totalité du gaz produit en Afrique. Le reste de la production de gaz provient des plus petits producteurs qui sont respectivement l’Afrique du Sud, le Gabon, le Ghana, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Sénégal, le Congo Brazzaville, la Tanzanie, le Maroc, la république démocratique du Congo. La production de ces derniers varie de 5000 TJ à moins de 60000 TJ. On peut donc remarquer qu’aucun pays du sahel ne possède une usine de gaz pouvant assurer ses propres besoins, ils sont donc tributaires des autres pays producteurs.

Sur une production totale de gaz naturel en 2019 d’environ 8,7 millions de TJ, l’Afrique a exporté environ 5 millions de TJ de gaz naturel (soit plus de 57% de sa production). Ainsi, les exportations de gaz en Afrique sont toujours supérieures à la consommation des pays producteurs ; cela est dû à un avantage majeur sur le plan économique. Sur les 3,7 millions de TJ (soit 96 milliards de m3) de gaz naturel restant en Afrique, un tiers est utilisé pour la production d’électricité, le reste concerne la consommation finale au sein des entreprises et des foyers. On attend ici par consommation finale, le gaz utilisé pour la cuisson, le chauffage, le transport et d’autres usages. L’utilisation du gaz dans les pays du Sahel est en majorité attribuer à la consommation finale.

Risque d’approvisionnement du gaz pour les pays du sahel en proie au terrorisme
Le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad ne produisent pas de gaz naturel et importent la totalité de leur besoin en gaz principalement auprès du Ghana, de la Cote d’Ivoire, de l’Algérie, du Nigeria et du Cameroun.

La capacité globale de stockage sécuritaire du gaz dans ces pays importateurs est quasiment inferieur à deux mois de consommation. Ces pays ont une dépendance accrue d’approvisionnement en gaz naturel. On observe aussi une forte croissance de la demande en gaz car il commence à être utilisé de plus en plus comme combustible pour la demande finale notamment dans l’industrie, les ménages, le transport, les restaurants jusqu’au commerçant de rue.

Selon l’actualité du moment, l’Algérie désirant accroitre sa part de marché à la faveur de la guerre en Ukraine, annonce déjà pouvoir fournir du gaz à l’Europe. Cependant, il sera difficile à elle seule de combler 30 milliards de m3 de déficit à l’Europe. Si le Nigeria, l’Égypte, le Ghana, la Cote d’ivoire se lancent dans cette même cadence alors bienvenue les dégâts pour les pays du sahel.

En effet, considérons le pire scenario suivant : le peu de gaz utilisé par les pays du sahel est exporté intégralement en Europe à cause de la compétitivité sur le marché dû à la situation de guerre entre la Russie et l’Ukraine. Le danger serait très grand pour les pays du sahel. On pourrait penser à une fermeture des entreprises de fourniture de gaz (risque de chômage), une déforestation accrue car retour au bois de chauffe ou du charbon de bois dans les foyers, une rupture de stock avec son corollaire l’augmentation du prix du gaz pouvant entrainer une grogne sociale etc. Il y’a donc un intérêt pour ces pays du sahel à anticiper sur une éventuelle rupture totale de gaz.

Les alternatives pour les pays du sahel

Le recours au bois de chauffe et du charbon doit être minimisé dans les pays du sahel qui sont déjà fortement impactés par le changement climatique (baisse de rendement des cultures de mil, sorgho, diminution drastique du niveau d’eau des lacs et des mares etc.). Les grands producteurs (Algérie, Nigeria, Égypte) devraient donc accroitre leur production de gaz en puisant dans leurs réserves.

Les réserves prouvées en milliards de m3 dans ces pays sont énormes [1] (respectivement de 4300, 5300 et 2186). Cependant, cela risque d’accélérer l’épuisement de la ressource en gaz et entrainer la flambée de prix à long terme. Cette alternative est corrélée à un enjeu géopolitique et géostratégique que l’on ne peut maitriser. Ainsi, les pays du sahel devraient mener des investigations pour la recherche de leur propre gisement gazière.

Avec les progrès technologiques, il est possible de cerner les horizons géologiques et d’accéder à des réserves de gaz naturel qui ne pouvaient être atteintes auparavant. On peut citer en particulier les techniques de prospection sismique, d’imagerie, de calcul d’évaluations, de forages horizontaux ou encore de systèmes de mesure, qui sont d’ailleurs communes à celles utilisées pour la prospection du pétrole. Néanmoins, dans l’immédiat, ces pays du sahel doivent accroitre rapidement leurs stocks de réserve de gaz pour au moins 04 mois supplémentaires.

Le développement du gaz naturel renouvelable ou biogaz est en pleine croissance. Bien que la production de biogaz soit moins significative dans la zone du sahel, une étude sur l’optimisation de la production de ce bioproduit par les plans de mélanges de déchets agro-industriels, des ordures ménagers, les matières végétales ainsi que les boues de stations d’épurations des eaux usées serait aussi une voie intéressante à explorer.

En conclusion : Étant donné que les pays du sahel font partie d’un même ensemble avec les pays africains producteurs de gaz, il faudrait d’ores et déjà mettre en place un accord politique ou un mécanisme stratégique afin de sécuriser un grand volume de gaz destiné prioritairement à l’Afrique. »

Références
[1] C. by fuel type-Exajoules et C. D. Emissions, "bp Statistical Review of World Energy June 2020," 2006.

Ulrich Landry Compaoré
Enseignant/chercheur (génie de l’énergie et des matériaux)
Article rédigé le 05/03/2022
ulrich-landry.compaore@polymtl.ca

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Vos commentaires

  • Le 10 mars 2022 à 14:57, par SPC En réponse à : Se passer du gaz russe : Un danger supplémentaire pour les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad)

    Analyse très pertinente. Merci à l’auteur de cette article.

  • Le 10 mars 2022 à 15:30, par TANGA En réponse à : Se passer du gaz russe : Un danger supplémentaire pour les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad)

    Mes très chers, ne vous en faites pas. Il n’y aura pas de problème de gaz au Faso. Si vous ne savez pas, le Burkina est actionnaire dans les exploitations et raffineries de côte d’Ivoire ; le deuxième actionnaire si je ne me trompe pas. Donc pas de panic.
    De l’autre côté il y a aussi le Ghana qui exploite son pétrole et cherche acheteur.
    Encore aussi, il y a l’Algérie ; Il suffit que le Burkina et le mali se mettent ensemble et on aura un gasline ; propre non ?

  • Le 10 mars 2022 à 18:37, par Sidpawalemde Sebgo En réponse à : Se passer du gaz russe : Un danger supplémentaire pour les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad)

    Hum... lefaso.net, vous êtes sûr de vos sources ?

    Cet article contient tellement de lacunes qu’on a du mal à croire qu’il ait été écrit par un enseignant-chercheur en énergie. Une simple vérification sur wikipédia, la presse spécialisée en ligne ou les données AIE ou banque mondiale permet de voir que la plupart des chiffres sont loin de la réalité, et que des confusions graves sont faites.

    1°) A propos des confusions entre "gaz" et gaz naturel :
    Le "gaz naturel" est un produit pétrolier extrait comme le pétrole du sol. Ce combustible est composé de plusieurs gaz dont principalement le méthane (CH4). C’est à peu près le même qu’on obtient par méthanisation des déchets divers dans un bio-digesteur et qu’on appelle ’biogaz".

    Le gaz naturel est utilisé comme combustible dans certaines centrales électriques. Il est également utilisé dans la chimie et l’industrie, et enfin sert de combustible de chauffage domestique dans de nombreux pays tempérés, amené par tuyaux jusqu’aux maisons avec un compteur pour chiffrer la consommation.

    Il n’y a donc pas "d’usine de gaz", mais des puits comme pour le pétrole. Si usine il y a, c’est soit pour le purifier et le distribuer, soit pour le liquéfier. En effet, à moins d’utiliser des tuyaux (gazoducs), pour le transporter sur de longues distances, on doit le rende liquide en le refroidissant. On dit alors "Gaz Naturel Liquéfié" ou GNL. Il est ensuite mis dans des bateaux ou wagons puis à nouveau rendu gazeux à l’arrivée. On parle de terminaux de liquéfaction au départ et de terminaux gaziers ou de re-gazeification à l’arrivée, que certains peuvent appeler abusivement "usines à gaz" mais qui ne le produisent pas.

    A part les pays producteurs, pratiquement aucun pays africain n’utilise et donc n’importe de gaz naturel, car n’ayant pas de besoins en chauffage et des centrales électriques hydroélectriques ou utilisant du charbon ou du DDO.

    Le gaz qui est consommé comme combustible ménager en bouteille est principalement du butane (C4H10) en Afrique et du propane (C3H8)en Europe. Ce sont des sous-produits du raffinage du pétrole. On les stocke en cuves et on remplit les bouteilles généralement sur ces lieux de stockage, comme à Bingo.
    Pour produire donc ces gaz, il faut avoir une ou des raffineries, ce que peu de pays africains ont, y compris les producteurs. Ils importent donc la quasi-totalité de leurs besoins en la matière.

    Or, dans cet article, l’auteur confond allègrement le gaz naturel et le gaz ménager butane. C’est gênant pour un expert du domaine...

    2°) A propos des chiffres :
    La Russie domine l’approvisionnement en gaz naturel dans l’Union Européenne avec plus de 40% mais partage ce marché avec la Norvège (22%), le Qatar (18%), l’Algérie (18%) et divers autres fournisseurs (USA, Australie, etc : 11%).

    Cet équilibre est en train de changer avec la volonté américaine de prendre plus de place depuis qu’elle est devenue premier exportateur mondial de GNL en 2021. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les USA ont "encouragé" le pauvre Volodimyr Zelinsky à provoquer Poutine et à lancer cette guerre.
    Cet objectif sera difficile à atteindre car les Européens se sont installés confortablement dans l’approvisionnement par gazoduc et n’ont pas assez de terminaux gaziers pour accueillir du GNL, alors qu’il faut 2 à 3 ans pour en construire. Un pays comme l’Allemagne n’en a aucun à ce jour.

    La Russie a exporté vers l’UE environs 185 milliards de mètres cubes de gaz naturel en 2020, et la seule Allemagne a consommé la même année 3,9 millions de TJ. Or, l’article donne comme importations russes TOTALES de l’UE 30 milliards de mètres cube ou 1,15 millions de TJ.

    On se demande vraiment d’où viennent les chiffres de l’auteur ? A moins qu’il se soit embrouillé dans les conversions d’unités ? C’est vrai que dans le domaine les unités pullulent, mètres cubes ou pieds cubes, BTU, kWh ou TJ. Mais à ce stade on se doit de vérifier.

    3°) Du risque de pénurie dans le G5 Sahel :
    Il n’y a aucun risque de pénurie de gaz naturel ou de pétrole dans le monde ou en Afrique. Que l’Europe décide de ne plus acheter les produits pétroliers russes, ou que la Russie décide de ne plus leur en vendre, cela ne va pas faire disparaitre les produits en question. La Russie vendra à d’autres et l’Europe achètera à d’autres, c’est tout. Et nous on achètera où il y en aura.
    Sauf que dans le cas actuel, l’Europe ne peut pas trouver ailleurs toute la quantité que lui offre la Russie, mais ça c’est une autre histoire.

    Le seul vrai "risque", c’est celui que face à l’instabilité, les prix de ces produits montent comme actuellement (De +60% à +100%) et que nous, pays pauvres et importateurs, devions payer plus cher.

    Augmenter les réserves stratégiques, actuellement de 3 mois, coûterait (très) cher à nos pays, que ce soit dans les nouvelles infrastructures à construire ou dans le choix d’acheter et stocker au moment où les prix sont au plus haut. N’importe quel (bon) magasinier sait qu’on remplit les stocks quand les prix sont au plus bas et pas le contraire. Et c’est d’autant plus absurde que d’ici que les constructions soient achevées, la crise sera probablement passée.

    Il est plus logique de suspendre les achats et de s’appuyer sur les réserves quelques semaines pour voir l’évolution des prix. Le pire scénario serait un maintien des prix hauts pendant longtemps, le plus probable un retour à la normale sinon une baisse des prix si le pétrole russe anciennement à destination de l’Europe "chôme" quelques temps. Nous avons donc tout à gagner à attendre.

    Si on peut comprendre la pression pour publier dans le milieu de la recherche, publier n’importe quoi est encore pire que de ne pas publier du tout... A moins que monsieur ne se soit dit que comme ici personne ne connait rien, tout peut passer ?

    • Le 11 mars 2022 à 01:09, par ZEUS En réponse à : Se passer du gaz russe : Un danger supplémentaire pour les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad)

      Tout simplement merci ! Pas pour avoir contrer l’article, mais pour avoir pris le temps de donner des détails/ J’ai lu l’article rapidement et sans votre réaction, j’avoue que je n’aurais pas prêté attention à ces détails. Pourtant le gaz, je connais un peu.

    • Le 11 mars 2022 à 21:35, par Sidpawalemde Sebgo En réponse à : Se passer du gaz russe : Un danger supplémentaire pour les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad)

      @ZEUS : De rien. Moi même j’aurais aussi survolé l’article s’il n’y avait pas cette déferlante médiatique de l’Union Européenne à propos de "se passer de gaz russe". Je venais justement de regarder si c’était possible en comparant les chiffres quand cet article est paru.

      Mon propos n’était pas de "contrer" l’article mais de rétablir les faits. Les burkinabè et les autres du G5 Sahel ont déjà assez de soucis pour s’angoisser avec une "pénurie de gaz" hypothétique.

      A ce propos une erreur s’est glissée dans mon post : l’Algérie fournit 9% du gaz importé de l’UE et non 18%.

      Que l’Amérique trouve que ses "alliés" de l’OTAN devraient acheter son gaz, même s’il est plus "sale" et plus cher, on le comprend. Ce qu’on comprend moins, c’est pourquoi l’Europe devrait ruiner son économie, faire souffrir de froid ses citoyens et payer le prix fort pour enrichir les producteurs de gaz de schistes américains ? Et pourquoi devraient-ils interdire le fractionnement hydraulique chez eux pour en importer les produits d’outre atlantique ?

      Car ne nous y trompons pas, l’Ukraine n’est qu’un prétexte. Les pressions de l’Amérique pour que l’UE substitue ses produits à ceux de la Russie ne datent pas d’aujourd’hui. Trois administrations ont tenté de torpiller Nord Stream 2 depuis au moins Barack Obama.

      Le plus absurde dans tout ça ?

      1°) Ni l’Amérique, ni aucun regroupement de pays producteurs dans le monde ne peut fournir les quantités de gaz que l’UE importe actuellement de Russie. Même pour le remplacer partiellement, il faudrait 2 à 3 ans, le temps de construire des terminaux gaziers pour accueillir du GNL. Heureusement pour eux, la Russie aussi aurait besoin de temps pour le vendre à d’autres.

      2°) Le pic de production du gaz et du pétrole de schiste américain n’est pas fait pour durer.. Un puits de ce type épuise plus de la moitié de sa capacité en deux ans. Il faut donc continuellement trouver et forer de nouveaux puits juste pour maintenir le niveau de production, ce qui est illusoire.
      Viendra donc le moment où ce que l’oncle Sam tient à vendre à l’Europe par tous les moyens actuellement ne sera tout simplement plus disponible. Que fera alors l’UE ?

      Pire, le pétrole et le gaz de schiste ne sont compétitifs qu’avec un cours élevé de l’or noir, sinon ils produisent à perte et doivent arrêter. Avec le retour prévu du Venezuela et de l’Iran dans le jeu, et la fin de la guerre en Ukraine, les prix vont forcément chuter.. Dans quelle situation se trouvera alors l’Europe ayant tourné le dos à la Russie pour d’autres qui ne peuvent plus fournir ?

      Et tout cela coûte la vie d’ukrainiens innocents, une autre guerre du pétrole mais cette fois en pleine Europe au 21ème siècle ! A moins que ce soit plus stratégique, empêcher une alliance Russie-UE qui deviendrait la première puissance économique au monde et reléguerait les USA à la troisième position derrière la Chine ?

      N.B. : Bien sûr, dans cette guerre, il y a aussi l’enjeu de l’extension de l’OTAN aux frontières de la Russie, mais même l’Amérique sait que cela ne se fera pas au final. Ils ont juste flatté le pauvre Zelinsky pour leurs intérêts.

      Poutine en profite pour montrer que la Russie est une puissance et qu’elle se battra pour sa survie en tant que telle. En plus, la hausse des cours du pétrole enrichit son pays au delà de ce que coute la guerre. Quand deux cynismes se croisent...

      P.S. : Il parait que le Burkina Faso pourrait devenir producteur de pétrole et de gaz naturel. l’ancien premier ministre Paul Kaba Thieba a fait état il y a quelques années de "traces" vers Nouna et la presse spécialisée nous cite parmi les gisements et futurs producteurs de gaz naturel...

    • Le 12 mars 2022 à 17:28, par Omar En réponse à : Se passer du gaz russe : Un danger supplémentaire pour les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad)

      Tout dépend du public visé, dans une revue scientifique certainement l’auteur présentera différemment. Il n’a pas besoin d’expliquer ici les transformations gaz naturel en Gaz sec, gaz liquéfié ou produits de synthèse (butane Propane...). On comprend que l’auteur utilise le mot gaz ou encore gaz naturel pour une compréhension de son public cible. L’idée qu’il met en lumière peut être critiquée mais en science il faut jamais négliger les propositions d’autrui.

    • Le 13 mars 2022 à 07:48, par Ouedraogo En réponse à : Se passer du gaz russe : Un danger supplémentaire pour les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad)

      Francis Perrin directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste des problématiques énergétiques, chercheur associé au Policy Center for the New South (PCNS, Rabat) a aussi fait cas le 04 mars 2022 des 30 milliards de m3 de gaz provenant de la Russie pour l’UE. Les données peuvent changer d’une année à l’autre donc l’auteur n’a pas tort. Les convertions sont aussi correctes car le pouvoir calorifique utilisé est de 10,7 kWh/m3. Il y’a des centrales en Afrique qui utilisé du gaz naturel ou encore sa forme liquide ( voir Cameroun, Algérie, Ghana etc.). Quand vous lisez un document et que vous ne comprenez pas questionnez d’abord l’auteur au lieu de vous étaler dans des commentaires de dénigrement.

  • Le 13 mars 2022 à 16:27, par Sidpawalemde Sebgo En réponse à : Se passer du gaz russe : Un danger supplémentaire pour les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad)

    Mon cher @ouedraogo, je ne fais pas partie du comité de lecture d’une revue ou de lefaso.net pour me livrer aux "échanges avec l’auteur" que vous suggérez. Rétablir des faits et des chiffres, ce n’est pas dénigrer, et loin de moi cette intention. Mais on peut discuter sur les opinions, pas sur les faits chiffrés.

    Il ne s’agit pas de demander des "explications" et autres "éclaircissements" pour des choses que je ne "comprendrais pas" (merci pour la condescendance) mais de dire pourquoi je ne suis pas d’accord avec son analyse, qui annonce des risques de pénurie de gaz dans les pays du G5 Sahel.

    De la même manière, les 150 à 185 milliards de milliards de mètres cube de gaz que l’UE importe de la Russie par an ne sont pas remplaçables par d’autres sources, alors que 30 le seraient. Le bon chiffre justifie la bonne analyse.

    De toute façons, pour les chiffres, chacun peut aller chercher d’autres sources pour comparer, il y a internet et Google. Personnellement, j’ai essayé et j’ai trouvé une seule occurrence du chiffre de "30 milliards de mètres cubes".

    Parmi les 10 mesures que propose l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) pour que l’Europe se passe (partiellement) du gaz russe, ila première serait de chercher des fournisseurs alternatifs avec les USA, le Qatar, l’Algérie et l’Azerbaïdjan pour 30 milliards de m3 par an.

    Cela ne manque d’ailleurs pas d’ironie et d’hypocrisie des européens. Pour punir la Russie d’envahir l’Ukraine, on va abandonner son gaz pour celui de l’Azerbaïdjan qui a annexé une partie de l’Arménie (Le Haut-Karabagh) il y a quelques mois. Et ils importerait du gaz de schiste américain pendant qu’ils ont interdit sa production chez eux.

    Les 9 autres mesures sont sensées entrainer 33 autres milliards de mètres cubes d’économie, pour un total de 63 milliards de mètres cubes par an soit le tiers des importations de Russie. Dans un autre plan analogue de la commission européenne, ce chiffre total irait jusqu’à 100 Gm3. Ces 30 Gm3 sont tout à fait théoriques voir irréalistes pour deux raisons :

    1°) Les pays cités ont incapables d’augmenter leur production à ce niveau, ils pourraient tout au plus abandonner d’autres clients pour servir l’Europe mais pour moins que ça.

    2°) Les pays de l’UE ne disposent pas de suffisamment d’infrastructures pour accueillir ce gaz qui serait forcément du GNL, et cela ne changera pas avant 1 à 3 ans pour un cout exorbitant.

    Pour dire qu’il y a bel et bien confusion de l’auteur entre la quantité totale de gaz importée par l’UE de Russie (150 à 185 Gm3) et la quantité de gaz que cette même UE souhaite acheter à d’autres fournisseurs (30 Gm3) pour dépendre moins des russes.

    Dans mon premier post, j’ai dit « A part les pays producteurs, pratiquement aucun pays africain n’utilise et donc n’importe de gaz naturel, car n’ayant pas de besoins en chauffage et des centrales électriques hydroélectriques ou utilisant du charbon ou du DDO. »

    Sauf erreur, les pays (Algérie, Cameroun, Ghana) que vous citez sont bel et bien des producteurs de pétrole et de gaz qui l’utilisent dans leurs centrales électriques. Il y a bien sûr des exceptions. J’ai ainsi eu vent d’un projet de centrale au GNL sur le site de la mine d’or de Orezone à Bomboré au Burkina.

    Quand à monsieur Francis Perrin, directeur de recherche à l’IRIS que vous "citez" merci de ne pas manger le piment dans sa bouche. Dans l’émission "L’invité de l’économie" de la radio RTL du 2 Mars 2022, il a déclaré :
    « D’ailleurs, le contrat qui vient d’être signé entre Gazprom et la Chine ne porte que sur la livraison de 50 milliards de mètres cube par an contre 180 milliards de mètres cube exportés vers l’Europe par an. »

    Mais soit, restons dans les citations d’experts :

    Le 3 Mars, Robert Jules, journaliste spécialisé, écrivait dans "LA TRIBUNE" :
    « En 2021, selon les données de l’AIE, l’Union européenne (UE) a importé 140 milliards de m3 de gaz de Russie par gazoduc et 15 milliards de m3, sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). Ces 155 milliards de m3 représentent 45% des importations totales de gaz de l’UE, et presque 40% de sa consommation totale. »

    Le 8 Mars dernier, présentant le plan européen sensé "libérer" l’Union Européenne de la dépendance au gaz russe, Frans Timmermans, responsable climat de l’Union Européenne, disait :
    « D’ici la fin de l’année, nous pouvons remplacer 100 milliards de mètres cube d’importations de gaz en provenance de Russie. Cela représente deux tiers de ce que nous importons des russes. »
    Monsieur Timmermans rêve, mais convenons que 100, ce n’est certainement pas deux tiers de 30...

    Cette mise au point faite, je ne répondrai plus à une interpellation directe ici pour couper court à cette polémique stérile. Je ne vois vraiment pas l’intérêt de forcer pour donner des informations inexactes au public. Sauf peut être juste pour défendre coûte que coûte un article écrit dans la précipitation pour coller à l’actualité...

    La preuve de cette précipitation ? Il cite en référence la Revue de British Petroleum (BP) sur l’énergie dans le monde de 2020 comme ayant été publiée... en 2006 ! No comment...

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