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Chartes de la transition au Burkina Faso : Lookmann Sawadogo compare celles de 2014 et de 2022

Publié le mercredi 2 mars 2022 à 14h25min

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Chartes de la transition au Burkina Faso : Lookmann Sawadogo compare celles de 2014 et de 2022

Après 2014, le Burkina Faso devra cette année 2022, faire une autre expérience de transition politique. Dans la tribune ci-après, le journaliste- éditorialiste-auteur Lookmann Sawadogo nous propose une lecture comparée des chartes des deux transitions (de 2014 et de 2022).

Certains craignent que la charte actuelle de la transition ne renferme ses propres germes d’instabilité et d’inefficacité. Pour d’autres, c’est quasiment le doute et la réserve sur la qualité de cette charte. Je me suis proposé de faire un exercice comparé des deux documents. Chacun pourrait faire ses analyses par la suite.

Préalable important :

En 2014 ce fut une insurrection populaire. Pas un coup d’Etat militaire. Un renversement civil du pouvoir. Mais en 2022 ça été un coup d’Etat militaire. Pas une affaire de civils. De ce qui précède :

1- En 2014, le parlement de Transition était composé de 25 représentants des FDS contre 16 en 2022. Les civils ont donné plus de places aux militaires que les militaires ne se sont octroyés de places dans leur coup d’Etat.

2- En 2014, le dauphinat n’était pas prédéfinit. En cas de vacance du pouvoir il fallait re-désigner un président. En 2022, le problème est réglé car le dauphin constitutionnel c’est le président de l’Assemblee législative de transition. Cela réduit l’incertitude et confère une certaine stabilité. La dévolution du pouvoir remporte, de tout temps, la palme des risques de l’instabilité politique et sociale.

3- En 2014, l’exclusion était systématique de même que la discrimination dans la charte.
Ainsi, étaient exclus des organes ceux ayant soutenus la modification de l’article 37 ou ayant fait partie du dernier gouvernement Tiao. Ensuite, au CNT, il était donné 30 sièges pour le CFOP d’alors contre 10 pour le régime déchu. Dans la charte de 2022, toutes les forces politiques bénéficient du même droit. Le CFOP, l’APMP, l’ONA et les autres partis ont chacun 2 sièges sans discrimination. L’équité et l’égalité sont respectés en 2022. En plus les régions sont impliquées à travers 13 représentants soit 1 par région. Disons que les militaires se sont montrés plus enclins au respect des droits du citoyen et à l’inclusion sociale que les civils.

4- En 2014, il n’était pas prévu des conditions particulières pour devenir député de la transition. En 2022, un filtre à différents critères est mis pour assurer des choix de qualité.

5- En 2022, l’interdiction n’est pas faite formellement aux ministres de de la transition de prendre part aux élections qu’organisera la transition. En 2014, la clause d’interdiction existait. Même s’il s’agit d’une volonté des assises, cette question doit être réglée sans détours. Pas de ministre candidat.

6- En 2022, la question de la rémunération et des indemnités des ministres et des députés de du parlement de transition, ne figurait pas dans la charte. En 2022, il est prévu la prise de décrets présidentiels pour définir les taux et modalités. Les militaires montrent un souci plus ardent de bonne gouvernance.

Conclusion :

L’exercice n’est pas exhaustif. Il reste des choses à comparer. Ce faisant, quand on regarde et à mon sens, la charte de 2022 est très progressiste par rapport à celle de 2014. Cette dernière renferme des bases de paix, de consensus et de stabilité sociale et politique.
Elle reste cependant une œuvre humaine qui peut et doit être améliorée en certains points. Du reste, la charte est loin d’être un dogme et même qu’elle prévoit la possibilité de sa modification au titre III aux articles 30 et 31.

Lookmann Sawadogo
Journaliste - éditorialiste
Auteur

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Vos commentaires

  • Le 2 mars 2022 à 15:42, par La vigilance En réponse à : Chartes de la transition au Burkina Faso : Lookmann Sawadogo compare celles de 2014 et de 2022

    Mon cher loockmann. En 2014 le Président de la transition n’avais pas des représentants au CNT. En 2022 en plus de 21 membres au choix du Président, il faut ajouter 16 autres représentants des FDS. Donc 34 sur 71

  • Le 2 mars 2022 à 16:32, par Toi aussi En réponse à : Chartes de la transition au Burkina Faso : Lookmann Sawadogo compare celles de 2014 et de 2022

    Je retiens que l’exercice n’est pas exhaustif. Mais tu semble, à dessein avoir oublié des éléments significatifs de la comparaison. Par exemple en 2022 le parlement compte 71 sièges combien étaient-ils en 2014 ?
    En 2014, les FDS avaient 25 représentants contre 40 pour les partis politiques etc...

  • Le 2 mars 2022 à 16:47, par TOERE En réponse à : Chartes de la transition au Burkina Faso : Lookmann Sawadogo compare celles de 2014 et de 2022

    Apparemment, beaucoup de personnes s’excitent et s’exhibent beaucoup dans les médias ces derniers temps, sans doute dans l’espoir de taper dans l’œil du MPSR pour un strapontin ministériel ou pour figurer parmi les 31 membres du parlement de la Transition, que le président du Faso a comme quota de désignation . Il y a même des gens qui sont descendus spécialement de France pour venir s’exhiber sur les télé, dans les radios ,dans la presse écrite ,sur les réseaux ,tout ça dans l’espoir d’être remarquées par les puissants du moment pour un poste ministériel, malgré qu’ils n’ont aucune expérience de la gestion des affaires publiques du BURKINA FASO, malgré qu’ils préfèrent vivre très loin des angoisses et souffrances du peuple burkinabè etc.
    Ah ,le BURKINA FASO est vraiment devenu un pays de vulgaires opportunistes et saprophytes de tout acabit et de tous genres .
    Quel pays de merde finalement . Espérons, que le MPSR pourra éviter tous ces manges -mil dans le choix des femmes et hommes appelés à assumer les hautes fonctions de l’Etat . L’une des causes de l’échec du président RMCK ,c’est justement le mauvais casting des hommes et femmes aux fonctions de l’Etat, hautes fonctions qu’il a banalisées en les confiant à n’importe qui sur des bases qui n’ont rien à voir avec des critères de compétences et de bonne moralité . Et voilà le résultat . MPSR vous êtes donc prévenus

  • Le 3 mars 2022 à 00:18, par LoiseauDeMinerve En réponse à : Chartes de la transition au Burkina Faso : Lookmann Sawadogo compare celles de 2014 et de 2022

    Enfin, la part belle sera faite à ceux de la nafa, du cdp koissy. En plus des maïga du FBI, on aura des managaïstes, des colonels civils, de ceux qui traitent les autres d’imbéciles, de marketeurs, de diseurs de bonne aventure etc.

  • Le 5 mars 2022 à 10:26, par Sidpawalemde Sebgo En réponse à : Chartes de la transition au Burkina Faso : Lookmann Sawadogo compare celles de 2014 et de 2022

    Dites nous, mônsieur Lookman, venez vous montrer aux yeux de tous vos turpitudes pro-Damibaïennes ou exposer vos carences en capacités d’analyse ?

    1°) Je ne vous ferai pas l’offense de penser que vous n’avez jamais étudié les statistiques dans votre parcours. Les nombres absolus ne peuvent pas fonder une comparaison. quand vous dites 20 est plus que 10, il faut savoir que 20 sur 100, c’est moins que 10 sur 20.

    2°) Qu’un lettré puisse confondre équité et égalité, c’est étonnant. Quand un BAC+6 gagne plus qu’un CEPE, c’est l’équité. Quand on leur donne le même salaire, c’est l’égalité et c’est injuste.
    Des gens qui ne représentent personne sinon eux mêmes, qui n’ont jamais eu ni conseiller, ni député (ONA et "autres") ont le même nombre que ceux qui ont eu plus de90% des suffrages des burkinabè (CFOP et majorité). C’est une "égalité" pleine d’iniquité !

    3°) Une assemblée législative, c’est un contre-pouvoir dans une république. Avec la justice, ils limitent les pouvoirs de l’exécutif, donc du président. Que ce même président désigne le plus grand nombre de législateurs, c’est une aberration en république.

    4°) Pour des gens qui prétendent "refonder", partir sur la fausseté, le mensonge et l’hypocrisie ne rassure pas.
    Une assemblée législative est par définition un organe politique. Prétendre le rendre "apolitique" est une tromperie. Surtout quand on amène dans cette assemblée un total de 63 personnes sensés ne pas être politiques pour 8 qui avouent faire de la politique.

    Alors même que la constitution leur impose un devoir de réserve, on se retrouve avec une majorité absolue de militaires (21+16 = 37 sur 71 soit 52,11%), et les OSC sensés être apolitiques ont plus (13) de représentants que les partis politiques (8). Venez nous dire qu’un Hervé Ouattara est "apolitique" !

    5°) Après avoir accusé le CDP et le MPP de faire campagne avec les moyens de l’état, on autorise des députés et ministres de transition à être candidats, comme si on ne savait pas qu’il vont faire la même chose.

    Tout cela est un braquage pur et simple dont l’objectif est connu. Avec (21+16+13) 50 législateurs "acquis" sur 71 soit 70,42%, les "refondateurs" ont plus que le nécessaire (66,7%) pour modifier la charte, ce qu’ils ne manqueront pas de faire dès qu’ils auront flatté la CEDEAO qu’ils sont des putschistes "démocrates inclusifs".

    Vu les articles qui ne sont pas susceptibles de modification, le candidat idéal est l’article 32 qui fixe la durée de la transition. Sera-t-il le nouvel "article 37" de la discorde ?

    P.S. : Hey, les gens du MPSR là, il faut faire pardon et puis voir le cas de Lookman ? Ayez quand même pitié de tous ses efforts pour se faire remarquer et donnez lui un "petit quelque chose" pour le consoler ?
    Mais surtout pas un poste de conseiller hein, sinon il vous met dans le décor avant trois mois !

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