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Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

Publié le mardi 8 février 2022 à 11h54min

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Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

David Pafadnam, professeur certifié de philosophie au lycée municipal de Sig-Noghin, fait dans cette tribune quatre propositions à l’intention des nouvelles autorités du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) pour un vrai changement de paradigmes au Burkina Faso.

« Laissons entièrement les militaires, auteurs du coup de force « salvateur », c’est selon, le soin de gérer les affaires politiques en ces moments très critiques d’insécurité jamais vécus par notre chère patrie, le Burkina Faso où le militaro-civil a fait ses preuves d’incapacité.

Appelons cela de la dictature militaire. Proclamons même que le pouvoir politique par essence est civil et que la place du militaire c’est la caserne. Pourquoi peuvent-ils être en première ligne de la mort face au terrorisme et quand il s’agit de pouvoir politique (dans les grandes villes et dans les salles climatisées où le whisky et la belle chaire font bon ménage loin de la mort au front) en sont-ils disqualifiés, deviennent-ils subitement de la peste comme si au cours de leur formation n’ont-ils pas reçu le b.a.-ba de la science politique ?

Vous qui êtes férus de réseaux sociaux allez-y chercher leurs modules de formation et vous serez édifiés ! Ces hommes et femmes sont gérés par un chef d’État-major ; cherchez son sens également. Ne pas leur laisser mains libres pour nous sortir de l’imbroglio sécuritaire du moment n’est-ce pas un aveu de sournoiserie inconsciente ? Bref, osons une voie, que les politiciens réapparaissent jeu de prédilection après que les militaires aient assaini la scène !

Une question principale se pose avec acuité à moi et à vous aujourd’hui, témoins de l’avènement du MPSR. Que faut-il faire pour que cette fois-ci le Burkina Faso -pays des hommes intègres- soit pour très longtemps sur la bonne voie du développement durable, qu’il prenne véritablement son envol et qu’on en finisse pour pendant longtemps avec l’ignominie des hommes et de l’histoire ?

Les réponses ne sont pas si évidentes et unanimement convaincantes que les hommes de mauvaise « foi » n’aient pas déjà proposées. Ce qui interpelle donc les autres « tout le monde » comme nous. Donc il est suffisamment urgent, et même un devoir citoyen d’ajouter sa voix à d’autres qui s’en croient bénis de la providence ou des dieux puisque se sont toujours les mêmes acteurs qui s’adaptent à toutes les situations mieux que des caméléons. Bref.

Avant de formuler des propositions, posons un constat non complaisant : depuis plus de soixante (60) ans d’indépendance du Burkina Faso, six (6) régimes militaires et trois (3) régimes civils se sont succédés sans parvenir à conduire à terme leurs objectifs censés apporter un bien-être au prétendu peuple. Et sur toute la ligne, on a eu que des immondices d’échecs cuisants et nauséabonds. Pire à y regarder de très près, toutes les fois, les politiciens (faux et cyniques intellectuels, analphabètes de tout acabit), avec leurs agendas cachés, se sont évertués à réussir la corruption et la gangrène à grande échelle du pouvoir politique. Les militaires qui ont composé avec les politiciens qu’ils connaissent toujours mal se sont chaque fois réveillés un matin en plein mur. Eternel douloureux recommencement ! Et comme un transfert de sort, la même situation arrive aux politiciens qui flirtent avec les militaires. Tragique duperie !

Dans l’un ou dans l’autre des cas, le peuple (80%) s’enfonce irréversiblement dans la misère noire et la pauvreté inhumaine, sacrifiés sur l’autel de la mort. Et les autres, très peu (20%), brillent par l’aisance insultante et l’arrogance inimitable, sanctifiés par le plaisir innocent. C’est à croire que ces derniers veulent très rapidement empocher l’avance restante de la vente du pays ! A un moment donné -et c’est le moment- il y a lieu de briser cette chaîne volontairement entretenue sinon cyniquement avalisée…

Pour couper court, dans l’urgence, nous faisons quatre propositions à l’intention des nouvelles autorités.

1. Il nous est impérieux une déclaration de guerre pour le Burkina Faso. Avantages, c’est d’une part ramener et renforcer la conscience nationale sur l’urgence du moment car sans territoire, rien n’est envisageable et personne n’est rien. D’autre part c’est d’activer certains leviers diplomatiques pour plus de coopération et de renforcement des capacités militaires. Des exemples sont actuels au Mali voisin.

2. De ce qui découle, souffrir pour au moins une première fois, que les militaires – aussi bien formés dans les grandes écoles du monde – puissent constituer un gouvernement de militaires patriotes et non déjà compromis, pour diriger le pays, le temps que prendra la « transition » pour la reconquête du territoire national et la restauration de la démocratie. Avantages, mettre en place un gouvernement dit de guerre donc très réduit pour être efficace. Par exemple, une équipe de 11 membres maximum : défense et sécurité, affaire étrangère, justice, économie, administration publique, communication et culture, commerce, éducation nationale, solidarité nationale, réconciliation, sport et jeunesse.) dirigé par un président. Et il est souhaitable que ces ministres se contentent d’une modique indemnité puisqu’étant déjà rémunérés et en situation exceptionnelle. Ils seront en alerte et mis devant leur entière responsabilité face à l’histoire du peuple et du monde entier. En cas de dérive ou de maldonne, le peuple sans armes est une véritable puissante arme pour leur barrer la route.

3. Mettre en question la constitution et le code électoral. Avantages, mettre en place une structure où les ‘‘politiques-chiens’’ la société civile, les religieux, les coutumiers et toute autre personne ressource, dispensés des affaires courantes, vont discuter assez aisément de la question et de toute autre relative à la démocratie, à la chefferie traditionnelle, etc. Que le vote soit obligatoire comme dans certains pays, pour tout citoyen détenteur d’une CNIB, pour plus de représentativité sur les grandes décisions de l’Etat et pour plus de réduction des coûts des élections. Plus encore éduquer les partis politiques à la conception de programmes politiques détaillés à soumettre à un collège et mesurables par le citoyen lambda quel que soit sa langue locale.

4. Instruire une revisite du patriotisme et des sanctions y afférentes et des moyens de lutte contre la corruption et les inscrire en lettres d’or dans tous les ordres de formation et d’éducation de tous en donnant l’exemple par le sommet.
Nous sommes à cette étape de la patrie ou de la mort, ce slogan assez souvent clamé ou chanté du bout des lèvres sans évidente fibre patriotique ! Ne la manquons pas une fois de plus, comme ce fut le cas en 2014, car il nous revient ici et maintenant le droit au devoir de veille des citoyens pendant longtemps restés sans voix ! »

Fait à Ouagadougou le 1er février 2022

PAFADNAM David, professeur certifié de philosophie au Lycée Municipal de Sig-Noghin.

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Vos commentaires

  • Le 8 février 2022 à 13:49, par vérité En réponse à : Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

    Belle analyse et proposition et espérons que ce message soit entendu. Autre chose j’estime que le travail colossal fait sur la réconciliation et la cohésion sociale doit être gardé et porter à terme car ça englobe toutes les sensibilités

    • Le 9 février 2022 à 10:36, par kwiliga En réponse à : Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

      " que les militaires – aussi bien formés dans les grandes écoles du monde – puissent constituer un gouvernement de militaires patriotes et non déjà compromis..."
      Que j’aime ce "non déjà compromis"
      Je suis généralement avare de citations, mais dans le cas présent, il me semble que celle de Lord Acton, que l’on prête souvent à Kwame Nkrumah « Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument », me semble parfaitement adaptée.
      Mais si l’Afrique du XXI° siècle mérite un gouvernement militaire à vie, quels progrès avons nous fait ?

  • Le 8 février 2022 à 13:57, par warzat En réponse à : Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

    Merci pour cet écrit.
    Ma prière pour les nouvelles autorités est la suivante, prière que j’ai déjà formulée à l’intention de nos autorités à un moment critique : ’’que Dieu leur confère la sagesse de percevoir ce qui est juste, la volonté de l’accepter et la force de le défendre en toute circonstance.
    Je lis aussi ceci dans les écritures : ’’les méchants se promènent de toutes parts quand la bassesse règne parmi les fils de l’homme’’. Dans les mêmes écritures il est dit ceci :’’ le méchant accepte des présents en secret, pour pervertir la voie de la justice’’( l’innocent paye, le juste est condamné, il ne gagne aucun marché public par exemple, il n’a droit à rien sauf à la réprimande et ou à un impôt confiscatoire). Ceux qui produisent la richesse ne sont pas ceux qui la consomment.....
    A mon entendement, si les nouvelles autorités ne frappent pas très fort (à la Paul Kagamé) pour moins de corruption, ne fassent pas rendre gorge aux capteurs de deniers publics,un bon résultat dans la lutte contre le terrorisme sera quasi impossible.
    Déjà, les méchants, les hyènes sont à l’œuvre, ils tentent par des subterfuges d’intégrer les délégations spéciales, alors que les populations se réjouissent de la fin de leurs magouilles. Il faut absolument que les nouvelles autorités frappent fort et très fort, autrement on reviendra au champagne pour quelques apatrides, en lieu et place de l’eau potable pour la majorité du peuple, si le pays existe toujours et ne devient pas un no man land de collecte de zakat forcé, de voleurs/ recéleurs, de bandits de grand chemin, de politiciens de courte vision cancres et incompétents, manipulables parce que mal instruits divisionnistes....etc.... Le mot intégrité a été entendu 2 ou 3 fois dans le discours initial, qu’il le soit dans la réalité.,...

  • Le 8 février 2022 à 14:40, par triandekou En réponse à : Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

    Merci professeur pour votre analyse. Cependant il faudra retenir que la grande muette ne pourra pas gérer seul le pays pendants des mois. ne faisons pas la même bénisse qui voulait qu’après insistance de GORBA pour la participation des militaires dans le gouvernement, il n’y a même pas eu un sage en son temps pour dire qu’il avait raison. laissons au moins certains postes à des cadres compétents expérimentés sur le plan national et international s’il le faut participer à relever le niveau du pays à un taux acceptable et là malheureusement les militaires ne peuvent pas à eux seuls le faire. Évitons de ramener la même racaille d’hier au pouvoir, mais essayons de trouver les hommes qu’il faudra pour cette tache. ils existent bien au Faso et dans beaucoup d’institutions internationales. des gens qui ne sont pas mouillés par la corruption d’hier. demander des CV par ministère et faites le choix. un salaire raisonnable et une feuille de route. notre amis dans son analyse à oublié la santé, l’eau, l’élevage. l’agriculture. des ministères très importants pour le développement du Pays. merci pour ton analyse et des recommandations.

    • Le 20 février 2022 à 00:15, par Pafadnam David En réponse à : Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

      Belle contribution ; se persuader d’être lassé des questions politiques, c’est se faire rattraper par sa propre immolation, sans scénario de sauvetage.
      Dans votre contribution, la priorité non moins importante de l’eau, la santé, l’agriculture s’impose. Et c’est vrai, c’est même trop sérieux....

      Sans territoire, reconquis, point de vie, de projet ou de progrès envisageables ou viables. Le territoire c’est "l’alpha et l’oméga", le redistributeur de toutes les potentialités aussi biens humaines que matérielles.
      La confiscation terroriste du territoire vient nous rappeler -comme pour nous interpeller- que pour sa reconquête, en dernier ressort, nous avons le regard tourné vers l’Etat, cet ancien nouveau défenseur, propriétaire et organisateur !!!
      Cordialement.

  • Le 8 février 2022 à 15:31, par Abdoulaye En réponse à : Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

    La démocratie n est pas pour nous, elle est pour ceux qui l on écrit c’est une pensé occidentale, cherchons ce qui est commode à nous sinon vous allez vous erez jusqu à la fin des temps.. voyez la Russie,la Chine,le Pakistan,le Maroc l Angleterre, chaqu un a son modèle de gouverner...l Afrique est habitué à d otre chose pas à l occident.

  • Le 8 février 2022 à 15:43, par Lucidité En réponse à : Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

    En attendant, le terrorisme continue.
    On aimerait des nouvelles de ce qui se passe dans certains lieux comme à Nouna.

  • Le 8 février 2022 à 16:53, par ZEUS En réponse à : Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

    Ah ouais le Burkinabé c’est vraiment quelqu’un qui veut une chose et son contraire, dixit Rock !
    Retenez bien une chose pour toujours : les militaires sont à l’image du reste de la population pour ce qui est de leur capacité à gérer la Nation.
    Ce qui veut dire qu’ils peuvent être très intelligents comme c’est probablement le cas des cadres du MPSR !
    MAIS LA N’EST PAS LA QUESTION MALHEUREUSEMENT ! Il faut arrêter de mêler les armes à la politique… parce que l’armée ce n’est pas un corps homogène, pas avant, encore moins aujourd’hui ! On risque la surenchère chaque fois…et ça va finir par donner une guerre civile un jour ou détruire la capitale et les autres villes avec !
    Quelqu’un peut il m’expliquer pourquoi on continue le procès Sankara, alors même que celui qui a permis ce procès est déposé par un coup d’état et son cortège canardé ? Le procès va t’il continuer la dessus en deuxième partie ?
    Quand on dit de ne jamais porter la main sur son géniteur ou sur une personne âgée, ça n’est pas parce que l’un ou l’autre ne faillit jamais ! C’est parce que ce qui peut en découler n’est pas contrôlable ! Eh bien le coup d’état, ça devrait être pareil ! Il faut trouver autre chose, surtout pour un pays qui en a vu de toutes sortes déjà.

  • Le 8 février 2022 à 17:21, par LE FORGERON En réponse à : Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

    Bonjour,

    Très belle analyse professeur certifié.
    Nous proposerons même de mettre en attente la réconciliation nationale car sans territoire on ne peut s’assoir pour se réconcilier.
    Déclarez le pays en guerre et mettez l’armée française dehors, payez les armes, des hélicoptères comme au Mali et chassez tous les terroristes, les impérialistes et les valets locaux. Quand vous aurez fini avec les terroristes, nous pourrons nous assoir face à face reconnaitre nos tors mutuellement et demander pardon mutuellement aussi. Car on ne peut pas courir et gratter en même temps les fesses. Allez en guerre et en même s’assoir faire réconciliation, ce n’est pas possible car l’ennemi va vous surprendre et tuer en même temps.
    Et après nous pourrons organiser des élections libres, équitables et transparentes.

    La patrie ou la mort, nous vaincrons !!!!!

  • Le 9 février 2022 à 11:03, par kwiliga En réponse à : Mort de la démocratie ou démocratie de la mort : Pour le vrai changement de paradigme

    Hum, prenons exemple sur le Mali...
    Mettons les français dehors...
    Difficile de s’y retrouver. Quel exemple nous donne le Mali ?
    Expulser l’ambassadeur français en conservant la coopération avec Barkhane, se faire protéger par les mercenaires de Wagner, tout en niant leur présence, Chasser le contingent danois de Takuba tout en réalisant des opérations militaire conjointes avec cette même force dans le Liptako, alors que la veille, Choguel Maïga les dénonçait comme cherchant la partition du Mali.
    La virulence des propos, les fâcheries diplomatiques, ne seraient-elles que des démonstrations de force virtuelles, pendant que la junte évolue comme elle peut entre ses anciens et ses nouveaux maitres et que le peuple malien souffre déjà des discordes engendrées par les putschistes ?

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