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Coup d’État du MPSR au Burkina : Le Front de renforcement de la citoyenneté (FRC) condamne et s’oppose à toute transition non civile

Publié le dimanche 30 janvier 2022 à 23h00min

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Coup d’État du MPSR au Burkina : Le Front de renforcement de la citoyenneté (FRC) condamne et s’oppose à toute transition non civile

Le Front de renforcement de la citoyenneté (FRC), dans cette déclaration, condamne le coup d’Etat survenu le 24 janvier 2022 au Burkina Faso. Pour cette organisation de la société civile, aucune crise, fût-elle grave, ne saurait justifier la survenue de ce coup de force. Elle appelle toutes les forces démocratiques à se mobiliser pour s’opposer à toute transition non civile et non consensuelle au Burkina Faso.

DECLARATION DU FRONT DE RENFORCEMENT DE LA CITOYENNETE (FRC)

Depuis le lundi 24 janvier 2022, le Burkina Faso est encore retombé dans l’ère des "régimes d’exception". Notre peuple avait pourtant rejeté ce type de régime en résistant victorieusement en septembre 2015 au coup d’Etat militaire du tristement célèbre Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP), qui, à son temps, avait tenté, sans succès, de restaurer l’ordre ancien renversé par l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Mais à la différence de ce qui s’est passé il y a plus de six ans, aucun mouvement protestataire digne de ce nom n’a suivi la prise du pouvoir par la force à laquelle nous avons assisté le lundi 24 janvier 2022.

Cette apathie de notre peuple face à cette énième incursion de nos forces de défense et de sécurité sur la scène politique s’explique par plusieurs facteurs. Si le peuple burkinabè n’est pas sorti pour faire échec au putsch du lundi, c’est parce qu’il n’a pas voulu absoudre le régime de Roch Marc Christian Kaboré de trois péchés mortels qui ont conduit à sa chute, condamnant ainsi notre peuple à un travail de Sisyphe :

• d’abord, la gestion chaotique du pouvoir d’Etat, particulièrement de la question sécuritaire. En effet, par ses atermoiements, son action et son inaction, le régime Kaboré a plongé les Burkinabè dans une insécurité humaine sans pareille, sans jamais réussir à les réconcilier et à les rassembler autour de lui pour faire face au défi du terrorisme ;

• ensuite, le régime Kaboré a failli dans sa gestion de l’appareil militaire, au risque de conforter les fausses perceptions largement répandues dans l’opinion de l’incapacité des civils à gérer efficacement le pouvoir d’Etat au Burkina Faso ;

• enfin, au lieu de travailler à consolider la démocratie électorale par l’éducation du peuple, le régime Kaboré a fini par le désespérer et à le convaincre de la vacuité de cette démocratie électorale, qui a permis, par la corruption, l’élection de leaders sans leadership.

En raison de ce lourd passif du régime Kaboré, faut-il pour autant se réjouir du coup d’Etat militaire qui l’a emporté ?

Pour le Front de Renforcement de la Citoyenneté (FRC), la réponse est assurément NON. Aucune crise, fusse-t-elle grave, ne saurait justifier la survenue d’un coup d’Etat. Pour le FRC, les coups d’Etat, comme moyen de conquête du pouvoir, sont par essence anti-démocratiques et fondamentalement illégaux. Par conséquent, il n’y avait rien à célébrer le lendemain du putsch du 24 janvier 2022, qui est plutôt un jour de tristesse pour la démocratie burkinabè en construction.

En effet, les militaires n’ont aucune légitimité à se substituer au peuple qui reste le détenteur de la souveraineté qu’il peut librement aménager sans intervention messianique de l’armée. Leur responsabilité n’est pas de conquérir et de gérer le pouvoir d’Etat mais de défendre l’intégrité territoriale du Burkina Faso. En tant que citoyens, les militaires ont parfaitement le droit de bénéficier des mêmes droits et devoirs que les civils, y compris le droit de gérer les affaires publiques, mais à condition de revêtir des habits civils en déposant les armes qui leur ont été confiées par le peuple pour sa sécurité.

Pour toutes ces raisons, le FRC :

• Condamne le coup d’Etat du 24 janvier 2022 ;
• Exige la restauration de la Constitution suspendue ;
• Appelle toutes les forces démocratiques à se mobiliser pour s’opposer à toute transition non civile et non consensuelle au Burkina Faso ;
• Exige de la junte militaire qui s’est emparée du pouvoir un processus transitionnel civil et consensuel, qui tire les leçons des forces et faiblesses de la transition que notre peuple a vécue entre 2014 et 2015, dans la perspective d’un retour rapide au constitutionnalisme.

Ouagadougou le 30 janvier 2022

Pour le Front de Renforcement de la Citoyenneté (FRC),

Son porte-parole

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