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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Le parquet demande une confrontation entre un accusé et Jean Pierre Palm

Publié le jeudi 4 novembre 2021 à 16h40min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Le parquet demande une confrontation entre un accusé et Jean Pierre Palm

Le colonel-major Jean Pierre Palm est toujours à la barre. Il est accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat dans le dossier Thomas Sankara et douze autres. A la question du parquet de savoir s’il a participé le 12 octobre 1987 à la dernière réunion du conseil national de la révolution, réunion qui devait décider de la création d’un parti de gauche, l’accusé a répondu par la négative. Il a ajouté qu’il se trouvait à Bobo-Dioulasso pour l’inscription de sa fille pour la rentrée scolaire.

Plus tard, à la question du parquet de savoir ce qu’est un parti de gauche, l’accusé répond qu’il ne sait pas. Et que la question doit être posée à ceux qui parlaient toujours de Lénine et de Karl Marx. « On m’a amené dans la politique. Moi, je ne sais pas ce que c’est que la gauche. Moi ce qui me préoccupe, c’est est-ce qu’il pleut ? Est-ce que les paysans mangent ? », a déclaré Jean Pierre Palm.

A la question du parquet de savoir s’il avait participé à la rédaction et à la distribution de tracts tendant à salir la réputation de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré, l’accusé a répondu « Non ». Il a précisé qu’il fréquentait les deux hommes qui se retrouvaient parfois chez lui à son domicile au quartier Gounghin. En faisant référence aux officiers, tête d’affiche de la révolution, Jean Pierre Palm a dit que Blaise ne parlait jamais des trois autres. Thomas Sankara non plus.

Était-il néanmoins au courant du coup ? Jean Pierre Palm répond sans ambages : « Si j’étais au courant du coup d’Etat, je n’allais pas me retrouver en pantalon jean et en tapette en train de dormir chez les gens ». Notons que plus tôt à midi, il avait raconté que c’est en se rendant dans un centre médical pour des soins de maux de dents, qu’il s’est retrouvé au domicile familial de Me Mireille Barry, alors étudiante, où il a passé la nuit du 15 octobre.

Pourtant le premier accusé entendu à ce procès, Yamba Élysée Ilboudo avait déclaré que dans la nuit du 15 octobre, il était allé chercher du café sur ordre de Hyacinthe Kafando. A son retour, Hyacinthe Kafando lui a demandé d’apporter le café dans un bureau. « Dans ce bureau, a déclaré Yamba Élysée Ilboudo, il y avait Blaise Compaoré, Boukari Lingani, Henri Zongo et Jean Pierre Palm ». Ce dernier à la barre maintient qu’il ne s’est rendu au conseil de l’Entente que le lendemain du drame après avoir passé la nuit chez les Barry. « Je pense que Élysée s’est trompé », a conclu Jean Pierre Palm.

Le parquet a demandé une confrontation entre les deux accusés. En attendant d’accéder à sa requête, le président de la Chambre passait la parole aux avocats de la partie civile, au moment où nous quittions la salle.

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Vos commentaires

  • Le 4 novembre 2021 à 17:13, par caca En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Le parquet demande une confrontation entre un accusé et Jean Pierre Palm

    Était-il néanmoins au courant du coup ? Jean Pierre Palm répond sans ambages : « Si j’étais au courant du coup d’Etat, je n’allais pas me retrouver en pantalon jean et en tapette en train de dormir chez les gens ». Notons que plus tôt à midi, il avait raconté que c’est en se rendant dans un centre médical pour des soins de maux de dents, qu’il s’est retrouvé au domicile familial de Me Mireille Barry, alors étudiante, où il a passé la nuit du 15 octobre.
    Avant une confrontation, son alibi peut être vérifier auprès de Me Mireille Barry. Les accusés risques des peines lourdes et le tribunal doit un jugement équitable même s’il n’a pas de compétence pour un régime d’exception.

  • Le 6 novembre 2021 à 12:14, par Dedegueba Sanon En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Le parquet demande une confrontation entre un accusé et Jean Pierre Palm

    Je pense que ce procès n’auras le mérite que d’avoir été "enfin tenu". Tenu pour au moins "corriger le certificat de décès de Thomas Sankara". Sinon il faut rester modestes ou mesurés si nous nous attendions à connaître toute la vérité. Parce que certains acteurs ou témoins clés ne sont plus de ce monde, des acteurs essentiels vivants, ne vont pas comparaître, soit parce qu’ils sont en exil, soit parce qu’ils sont encore et toujours au pouvoir, donc quasi "intouchables".
    On pourrait espérer un "grand déballage lorsque Golf sera appelé à la barre", mais je doute qu’il parle. On le décrit comme un calculateur, discret et fin. Il ne dira que ce qu’il veut ou ce qu’il faut pour limiter la "casse", car il essayera d’avoir le "contrôle de la situation", pour emprunter le langage militaire. On nous avait dit que Golf et un "bon petit" de Tom Sank (tous du Passoré) avant de devenir le fidèle de Blaise. Il aurait changé de mentor, après que Tom Sank ait dégagé sa fiancée DIALLO Fatou de la police, pour "atteinte à l’honorabilité de la révolution" (affaire de mœurs). Golf ne lui aurait jamais pardonné cette humiliation publique.
    Il faut admettre que ce procès est en réalité le procès d’une génération de burkinabè qui a laissé installer, voire encourager la violence en politique. Et cette violence en politique avec mort d’hommes date du CNR, et comme la violence appelle la violence, nous sommes allés crescendo. Nous devons une fière chandelle à nos enfants et petits enfants, qui en bravant à main nues Blaise et ses loups féroces, permettent ce procès. Nous avions été terrorisés par le "Conseil", fuit devant les Hyacinthe qui pouvaient "vous faire et il n’y avait rien"... La liste est effectivement longue de ceux qui ont été faits "cadeaux". Sans doute si nous avions osé exposer nos poitrines, ces enfants et petits enfants qui font notre fierté ne seront pas nés. Qui n’avait pas peur de Kaf ? Même Blaise semblait être son otage à un moment donné. Mais c’est notre histoire, il faut l’assumer, et reconnaître que nos enfants et petits enfants nous ont en quelque sorte vengés. Aujourd’hui nous regardons amusés, nos "prédateurs d’hier" dans les difficultés de leurs "proies d’hier". Sincères merci aux jeunes.
    Il faut que nous soyons prêts à nous contenter d’une vérité approximative... la vraie vérité risque d’être un horizon lointain qu’il va falloir toujours poursuivre...

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