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Burkina : Un festival pour magnifier la culture marka à Zaba, dans la Boucle du Mouhoun

Publié le mercredi 29 septembre 2021 à 13h30min

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Burkina : Un festival  pour magnifier la culture marka à Zaba, dans la Boucle du Mouhoun

La première édition du festival Bakandi se tiendra du 29 au 31 octobre 2021 à Zaba, dans la commune de Gassan. Cette première édition de ce festival créé, pour valoriser l’art et la culture marka, est placée sous le thème « La femme au centre de l’identité marka ». A quelques jours de l’évènement, nous nous sommes entretenus avec le promoteur, Abbé Bernard Sama, prêtre et artiste chanteur.

Lefaso.net : Vous êtes en pleine préparation de la première édition du concert-festival dénommé « Bakandi » dont vous êtes l’initiateur. Comment cette idée vous est-il venue ?

Abbé Bernard Sama : Initialement, des jeunes du village et des alentours de Zaba, dont je suis originaire, m’avaient demandé d’organiser un concert à leur intention, question de se distraire en cette fin de saison hivernale. Mais je leur ai proposé de mettre à profit cette occasion pour associer d’autres acteurs culturels de la région afin de donner beaucoup plus d’éclat à l’événement. Mais il faut dire que depuis longtemps, l’idée de mettre en relief le rôle joué par la femme dans la sauvegarde du patrimoine culturel surtout immatériel me taraudait.

C’est mû par le désir de faire de la culture marka, un paradigme d’un vivre ensemble harmonieux où la femme occupe toute sa place de pilier de la famille et de la société en tant qu’épouse et protectrice de la vie que l’idée nous est venue d’organiser un concert-festival centré sur la femme.

Le concert-festival est dénommé « festival Bakandi ». Qu’entend-on par Bakandi ?

Bakandi signifie littéralement : « une mère est bonne » (Bamusso ka di en dioula) pour traduire le rôle combien irremplaçable d’une femme pour tout individu, dans tout foyer, pour toute nation.

Le festival se tiendra à Zaba. Pourquoi le choix de cette localité ?

Zaba est mon village natal. Culturellement, ce village et les villages environnant ont beaucoup influencé mon enfance et adolescence. Ce milieu demeure pour moi un cadre social de référence bien nourri. En plus de ça, beaucoup d’évènements culturels existent dans la localité où la femme est célébrée et magnifiée de manière originale.

Quels sont les objectifs visés à travers cette manifestation ?

Notre objectif, est de créer un cadre d’expression et de valorisation de l’art et la culture marka, basés sur la femme. Il s’agit, entre autres, de permettre à la culture marka de s’exprimer dans ses diverses formes, d’offrir à la femme un cadre d’expression de ses potentialités culturelles et humaines, de donner aux Marka un cadre de connaissance de leur histoire en tant que groupe culturel, de permettre aux éléments culturels dafings, en proie aux mutations socio-culturelles, de survivre.
L’objectif est aussi d’inculquer à la nouvelle génération les valeurs dont regorge la culture marka et faire des valeurs cultures ancestrales une dynamique de paix et de cohésion sociale.

« La femme au centre de l’identité marka ». Qu’est ce qui a motivé le choix de ce thème pour la première édition ?

L’africain est fondamentalement de société matriarcale, comme cela s’est développé en Egypte. Que ce soit chez les Samo, les Marka, les Gourounsi, les Dagara, les Mossi. Prenons l’exemple des Mossis : quand le naaba s’éteint, c’est sa sœur qui est intronisée d’abord en attendant de trouver un successeur.

Ce que les Marka ont conservé, c’est cette place hautement théologique et sociologique de la femme comme expression de l’harmonie dans la société. La femme est perçue comme expression de la justice, de l’harmonie et de la cohésion sociale.

Par ce festival Bakandi, nous voulons valoriser la femme comme symbole de l’harmonie, de la création et de la justice. Nous avons estimé que nous pouvons apprendre beaucoup de choses de l’être marka à partir de la femme marka.

Quel sera le contenu de ce festival ?

Il y aura une conférence portant sur le thème, des exécutions de chansons, de danses, des jeux traditionnels. Nous aurons un grand défilé de femmes mettant en relief des aspects de la culture, une exposition-vente de mets traditionnels, des réjouissances populaires et un concert.

Une invitation est lancée dans les villages environnants pour inviter les femmes à prendre part à ce festival. Il s’agit notamment des cantatrices, des conteuses et des danseuses.

Le festival, c’est pour bientôt. Quelles sont les difficultés liées à l’organisation auxquelles vous êtes confronté ?

Il y a le manque de lieu clos pour abriter les festivaliers. Hormis la conférence, l’ensemble des acticités se tiendront en plein air.

Nous sommes dans un contexte de crises sanitaire et sécuritaire. Quelles sont les mesures prises pour la bonne tenue du festival ?

Au niveau de la sécurité, une demande sera adressée aux agents de sécurité de la commune pour assurer l’ordre sur les lieux. En ce qui concerne le covid-19, une sensibilisation répétée sera faite sur les lieux pour inviter les festivaliers aux respects des mesures en vigueur édictées par les agents de santés.

En plus d’être Abbé, vous êtes artiste chanteur. Parlez-nous de votre parcours musical ?

Effectivement je suis également artiste musicien. Mon premier album est sorti en 2008. J’ai au total sept albums à mon actif (voir encadré).

En marge de ces albums, il y a une quarantaine de chants non publiés mais exécutés par les chorales et lors des animations musicales :

Comment vous vous êtes retrouvé dans la musique ?

Tout commence réellement en 1986 alors que j’arrivais au petit séminaire Saint Paul de Tionkuy pour la classe de 7e (classe de mise à niveau avant d’aborder la classe de 6e). C’est en cette année et dans cette classe que j’ai commencé mon initiation au solfège, comme les autres élèves.

La coutume du petit séminaire veut qu’à la fin de chaque année, une soirée récréative soit organisée au cours de laquelle chaque classe présente un chant d’au revoir non seulement aux professeurs partants du séminaire, mais aussi aux troisièmes, appelés à aller vers d’autres séminaires pour poursuivre leur formation. La seconde, première, terminale n’existaient pas au petit séminaire de Tionkuy. C’est à cette circonstance en juin 1987, que j’ai composé mon premier chant écrit et dont la mélodie fut en partie exploitée pour constituer le premier titre de mon album : le chrétien.

C’est également dans ce séminaire que j’ai fait mon initiation aux instruments de musique. Je fus particulièrement sidéré par le djembé que, jusqu’aujourd’hui, je le manipule avec plaisir et bonheur.

Comment arrivez-vous à concilier la vie de prêtre et celle d’artiste ?

Je trouve une parfaite complémentarité entre la vie de prêtre et d’artiste. Le chant fait partie du ministère du prêtre. Le prêtre est le chantre par excellence de Dieu. Annoncer Dieu par les chants, il n’y a rien de tel.

Je tente toujours de trouver un équilibre entre la vie d’artiste et de prêtre. Selon ma disponibilité, j’essaie d’être présent là où l’on me sollicite pour faire passer un message et mettre un peu de joie par la musique.

En tant que promoteur du festival Bakandi quel appel avez-vous à lancer à la population de Zaba et d’ailleurs ?

L’appel, c’est d’adhérer au concept du concert-festival afin que les objectifs soient atteints. Tous sont invités. C’est une première. L’implication, l’adhésion au concept, les apports constructifs et les soutiens des uns et des autres permettront sa pérennisation. Vive la culture burkinabè !

Entretien réalisé par Lefaso.net


La discographie de l’Abbé Bernard Sama

2008 : 1er album. Titre : Le chrétien, c’est celui qui tient (8 titres)
2011 : 2e Album. Titre : Tu es bon Seigneur (10 titres)
2016 : 3e album : Lazare, sors du tombeau (6 titres)
2017 : 4e album : La splendeur du mariage (5 titres)
2018 : 5e album : Mater et Magistra : chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne (12 titres)
2021 : 6e album : « L’écho du dafina ». C’est un album qui retrace la généalogie des dafing, rend un vibrant hommage aux grands héros du dafina.
2021 : 7e album : « Kantigi Fa ». C’est un compendium de compositions musicales (en dioula) proposées au concours national des œuvres pontificales missionnaires (OPM) et qui ont été retenues.

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