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Débat Démocratique : Quand la presse prête le flanc à la dérive !

Publié le lundi 3 octobre 2005 à 06h39min

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Depuis un certain temps, des organes de presse font état, de manière récurrente et insidieuse de malversations ou de pratiques dites douteuses dans les services et les institutions de l’administration publique et parapublique. C’est ainsi que San Finna dans son édition du lundi 26 septembre 2005, faisait mention de certaines pratiques au sein de la CNSS dont la droiture des dirigeants n’a jamais jusque-là été remise en cause, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur.

Au contraire, des émissions télévisuelles de promotion des entreprises, telles que Promo Vision, pour ne pas la citer, ont révélé une équipe de direction de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale dynamique et pleine d’innovations. La présente contribution n’a pas pour objet de faire suite à l’article cité ci-dessus, loin s’en faut ! Il a surtout le souci de lancer un appel pour que la rumeur ne constitue pas dans notre processus démocratique, une mode de gestion.

La rumeur et l’anonymat, armes de la désinformation

Du reste, il faut dire que la déontologie semble faire son deuil auprès de bon nombre de journalistes dans ce pays, tant il est vrai qu’il est de plus en plus fait cas de "confidences" faites dans l’anonymat dans des "contributions" qui se veulent sérieuses, en manque flagrant de conscience professionnelle ! Quant aux écrits accusateurs anonymes, sans source, ni preuve, ils sont en progression géométrique dans les colonnes de nos journaux. S’il est "normal" que l’on se refuse à divulguer son identité dans un écrit pour des raisons diverses, en supposant que ce sont les idées qui comptent et non les individus, encore que le journal qui publie un article a le devoir d’en connaître la provenance pour mieux en assumer la publication, il importe que l’on apporte la preuve de ce qu’on avance surtout quand il s’agit d’accusations de nature à discréditer des tiers et surtout des structures de la République.

Dénoncer certaines pratiques c’est bien ! Mais donner la preuve de ce qu’on dénonce c’est encore mieux ! Cela donne de la crédibilité à l’écrit, de la lisibilité aux décideurs et éclaire les lanternes des honnêtes citoyens. A contrario, faire de la rumeur une pratique journalistique ou une arme de contestation, discrédite le journal qui le publie, les initiateurs des écrits (mais comme ils sont sans identité...), les structures relais des organisations qui y ont recours et surtout la presse dans son ensemble. Ce procédé installe le flou dans la conscience collective et entretient la suspicion au point de faire du sensationnel le facteur clé des analyses. Il n’y a seulement qu’à voir ce qui s’écrit dans bon nombre de papiers de certains pays où la rumeur est hissée en mode de gouvernance, à telle enseigne qu’un écrit n’y est pris avec sérieux que lorsque l’information qu’il porte est confirmée par la presse internationale pour se rendre compte combien la crédibilité participe grandement à l’ avancée de la liberté, de la gouvernance et de la démocratie. Dans le même sens, les gens ne se privent pas de disserter à longueur de journée sur la corruption et ne se gênent pas de dire que tout le monde est corrompu au Burkina Faso, c’est-à-dire, y compris eux-mêmes et ceux dont ils ont à charge l’éducation. . . !

Ces amalgames entretenus, s’auto-entretiennent pour créer un climat socioprofessionnel et politique malsain pour tout le monde.

Le Burkina Faso, me semble-t-il, a fait le pari de la liberté, de la démocratie, du débat d’idées et de la preuve comme moyens par excellence de la contradiction et de la gestion. Il importe donc que les pigistes, les journalistes et surtout les responsables de la presse écrite, contribuent à nous faire avancer en tamisant cette expansion des écrits sans signature et des proclamations sans preuve qui commencent à faire dériver le débat démocratique dans ce Faso dont l’avancée incombe à chacun de nous.

Brice SAGNA
L’Hebdo

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