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Ouagadougou : « Pas de route, pas de votant », préviennent les habitants de Rimkiéta

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Publié le mardi 14 juillet 2020 à 06h25min

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Ouagadougou : « Pas de route, pas de votant », préviennent les habitants de Rimkiéta

Les habitants du quartier Rimkiéta de Ouagadougou ont marché, ce lundi 13 juillet 2020, pour exiger des infrastructures adéquates. Se sentant oubliés depuis 20 ans, après le lotissement, ils menacent de ne pas aller aux urnes aux prochaines élections, s’ils n’obtiennent pas gain de cause.

C’était une chaude matinée dans le quartier Rimkiéta de Ouagadougou. Ce lundi 13 juillet 2020, les habitants ont battu le pavé de la cité de la Renaissance jusqu’au rond-point de Nonsin. Ils exigent des infrastructures adéquates pour leur quartier. « C’est une mobilisation spontanée. Nous sommes sortis pour l’état piteux de notre voie », affirme le leader de la marche, Seydou Belem.

« Après vingt ans de lotissement, mon Rimkiéta, toujours enclavé. Trop c’est trop », « Nous avons besoin de CSPS », « Route poussiéreuse, impraticable et dangereuse », « Rimkiéta, quartier délaissé, oublié, abandonné », « Pas d’école publique, de sécurité ». Tels étaient entre autres les messages qu’on pouvait lire sur les affiches.

Les manifestants ont brandi des messages et scandé des slogans pour réclamer des infrastructures pour leur quartier

Selon Abibata Ouédraogo, résidente de Rimkiéta depuis plus de vingt ans, « quand il pleut, pour rentrer au centre-ville, c’est tout un problème ». Et son voisin Aboubacar Yanou d’ajouter : « A chaque fois qu’il y a une pluie, on est obligé de rester au service pendant deux à trois heures avant de rentrer à la maison ». Visiblement, ils en ont marre de cette situation qui traine depuis vingt ans, à les croire. « Le président [du Faso] lui-même s’est déplacé personnellement pour venir voir, mais il n’y a pas de changement. Il faut que nous soyons raisonnables dans la vie », vocifère Aboubacar Yanou.

Le leader de la marche, Seydou Belem (au micro)

Le bitumage de la voie n’est pas leur seule requête. En effet, d’autres griefs sont sur la liste. Pour Abibata Ouédraogo, lorsqu’une femme veut accoucher à Rimkiéta, il faut se déplacer dans d’autres quartiers. La plupart des manifestants ont laissé entendre qu’ils n’ont pas une école primaire publique dans leur quartier et qu’il y a aussi l’insécurité.

Abibata Ouédraogo, résidente de Rimkiéta, demande de meilleures conditions de vie pour son quartier

« La priorité, c’est le goudron »

Dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 juillet 2020, Rimkiéta, à l’instar des autres quartiers de Ouagadougou, a été arrosé par la pluie. Les pieds dans l’eau, les manifestants ont parcouru plus de cinq kilomètres pour arriver au rond-point du quartier Nonsin. C’est ici que l’acte du jour a pris fin, en attendant éventuellement d’autres mots d’ordre.

Selon Seydou Belem, dans l’urgence, il faut que l’Etat vienne regarder l’état de la voie. « Et pour venir, il ne faut pas passer par Kilwin, parce que c’est goudronné », précise-t-il. Et ce n’est pas Abibata Ouédraogo qui dira le contraire. « La priorité, c’est le goudron qu’on veut à Rimkiéta », déclare-t-elle.

Les manifestants ont bravé les retenus d’eau durant leur marche

A défaut de la satisfaction de leurs revendications, les manifestants menacent de boycotter les prochaines élections (officiellement le 22 novembre 2020). « Pour les élections, il ne faut pas qu’ils comptent sur nous », prévient Aboubacar Yanou, qui réside à Rimkiéta depuis presque dix ans. « C’est nous qui avons fait pour que le MPP soit le régime en place. S’il n’y a pas une suite favorable à notre niveau, qu’ils ne comptent même pas sur nous. On a nos cartes d’électeurs sur nous, mais il n’y a pas de votant à Rimkiéta ici », ajoute-t-il.

Aboubacar Yanou est révolté contre les autorités politiques

Quant à Seydou Belem, il pointe du doigt une injustice. « C’est en 2015 que nous avons fait la première marche et nous avons pu avoir un pont. Au lancement de ce pont, les autorités avaient promis de bitumer la voie principale de Rimkiéta. Ces derniers temps, dans les quartiers tels que Karpala, Gounghin et Pissy, les travaux d’infrastructures ont commencé, mais ce n’est pas le cas chez nous ». Pour lui, cette attitude pourrait s’expliquer par le fait que leur quartier n’a pas une autorité politique. « Peut-être que c’est parce que nous n’avons pas des députés et des ministres dans notre quartier. C’est une injustice », Seydou Belem.

A l’image de ces femmes en premier plan, beaucoup ont pris la marche

Cryspin Masneang Laoundiki
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