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Marché central de Bobo : Ça a chauffé vendredi !

Publié le lundi 19 septembre 2005 à 06h42min

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Le vendredi 16 septembre 2005 a été particulièrement agité au marché central de Bobo-Dioulasso. A l’origine, une opération de saisie de produits vétérinaires vendus par un non professionnel du médicament vétérinaire. Conséquences, des personnes interpellées, un début d’incendie et des dégâts.

Lorsque l’équipe de Sidwaya arrive au marché à 10 h 30, le spectacle auquel elle assiste est désolant. De nombreuses boutiques sont fermées, un peu plus loin s’élève la fumée de gaz lacrymogène et c’est la débandade dans les rues autour du marché. Des véhicules de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) sillonnent dans les environs, et certains policiers tirent par intermittence, des grenades lacrymogènes. Quelques minutes après, surgit de nulle part un groupe de manifestants constitués de nombreux jeunes et de gamins.

Armés de pierres, de bâtons et de gourdins, ils profèrent des injures à l’endroit du bourgmestre de Sya. Il s’en est fallu de peu pour qu’ils cassent les pares- brises du véhicule de reportage qui s’en tire toutefois avec un feu rouge endommagé. Ils continuent leur chemin et s’en prennent sur leur passage aux panneaux de signalisation puis se dirigent vers l’hôtel de ville dont les travaux de réhabilitation sont presque achevés.

Là-bas, ils brisent quelques vitres. L’intervention des CRS les disperse rapidement avant que la police municipale ne vienne prendre position autour du bâtiment.

Les explications des autorités

Pourquoi tant d’agitation en ce milieu de matinée ? C’est au commissariat central de police que la réponse à cette question sera trouvée. Le commissaire central, Louis Ky, entouré de ses collègues du service régional de la police judiciaire (SRPJ), de la CRS, des membres de la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) et de l’Ordre des pharmaciens vétérinaires du Burkina reçoit les journalistes.

« Les membres de la coordination nationale de lutte contre la fraude sont arrivés de Ouagadougou ce matin dans notre service pour une mission commandée. Il s’agissait d’interpeller un commerçant au niveau du grand marché. Ce dernier a mis sur le marché des produits vétérinaires alors qu’il n’est pas muni des titres. Nous avons simplement appuyé la coordination dans l’accomplissement de cette mission », déclare le commissaire Ky. C’est dans l’exécution de la mission qu’il y a eu des problèmes. En effet, et d’après différents témoignages, les voisins du commerçant interpellé ont clairement marqué leur désaccord par rapport à l’intervention des forces de l’ordre. Qu’à cela ne tienne, les produits sont embarqués dans deux véhicules. Courroux des autres commerçants et certains ferment la porte de sortie pour empêcher la mission d’emporter les produits incriminés. La situation dégénère rapidement et les forces de l’ordre arguant que « force doit rester à la loi », font usage de gaz lacrymogènes. C’est la débandade dans le marché qui très vite se vide de ses occupants, commerçants comme clients ou visiteurs. Il y a même un début d’incendie mais il est vite circonscrit grâce à l’intervention des sapeurs pompiers.

Déficit d’information

« C’est vrai que le marché est un point sensible, mais les forces de l’ordre se doivent également d’accomplir leur mission », précise le commissaire Ky. Il dit avoir même avisé le responsable du marché, Frédéric Sidibé, directeur de la Structure de gestion du marché (SGM). Absent, ce dernier a saisi son adjoint, Ousmane Compaoré. « L’intéressé est venu ici. Nous lui avons parlé de la mission », affirme le commissaire central. Visiblement, l’information n’est pas parvenue aux commerçants puisque ces derniers ont dit aux membres de la CNLF qu’ils n’étaient pas informés de l’opération.

Dramane Sanou, président du Syndicat des commerçants de Bobo-Dioulasso et membre du Comité de gestion du marché, dit lui aussi n’avoir pas été saisi par rapport à l’opération. Il dit être farouchement contre la fraude, mais déplore la méthode qui a été utilisée. « On aurait pu arriver au même résultat en procédant autrement », soutient-il. « Ce n’est pas évident », renchérit le commissaire Ky.

Du côté de l’Ordre des pharmaciens vétérinaires, l’opération est bel et bien justifiée parce que « L’exercice de la profession de vétérinaire, particulièrement la pharmacie, est régi par le code de santé animale et le décret sur la pharmacie vétérinaire », assène le Dr Batiébo de cet Ordre. Ces dispositions légales définissent les types de personnes habilitées à importer, détenir, distribuer et vendre les médicaments. « Ce sont les vétérinaires inscrits au tableau de l’Ordre et qui ont une autorisation d’exercice à titre privé délivrée par le ministère des Ressources animales », poursuit-il. Pour lui, le médicament vétérinaire ne doit pas se retrouver dans le marché, dans la rue. Il doit être entre les mains de professionnels qui savent comment l’utiliser. Et d’évoquer les risques encourus par les animaux et par ricochet par les hommes.

Un lot important de produits vétérinaires vendus avec un cachet (faux dit-on) de Pharmavet et de produits destinés à la santé humaine a été saisi. Dans la foulée quatre personnes ont été interpellées. Elles ont, selon le président du syndicat des commerçants de Bobo, été libérées dans la matinée de samedi. Quant aux produits, ils ont été emportés à Ouagadougou par la mission de la CNLF.

Urbain KABORE


A quand le tour des médicaments de la rue ?

Sur instigation de l’Ordre des pharmaciens vétérinaires, la Coordination nationale de lutte contre la fraude, appuyée par des forces de l’ordre a procédé à la saisie de produits vétérinaires. Qu’en est-il des médicaments destinés aux hommes ? Apparemment rien n’est fait, même si parfois il y a des affiches, quelques sensibilisations à la radio et à la télévision.

Mais pas d’actions vigoureuses comme ce fut le cas pour les produits vétérinaires. Les médicaments de la rue sont partout dans la ville, dans les marchés sur les places publiques, au vu et au su de tout le monde, comme s’ils avaient été légalisés de fait au Burkina.

Et pourtant, le danger que représentent ces produits est bien réel. Mais les médicaments de la rue continuent d’inonder le marché burkinabè. Ils sont tellement présents que certaines personnes vont jusqu’à affirmer qu’ils sont plus efficaces que les médicaments vendus en pharmacie. Il y a de quoi y perdre son latin et son serment de pharmacien ! Ces médicaments entrent frauduleusement et sont vendus par des profanes sans pour autant émouvoir les autorités sanitaires nationales. Sinon comment comprendre la lenteur à éradiquer un fléau qui est en train de prendre de plus en plus de l’ampleur dans notre pays !

U. K.

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