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Histoire du Burkina Faso : « Ma part de vérité », le premier mémoire de l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo

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Publié le dimanche 26 janvier 2020 à 23h00min

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Histoire du Burkina Faso : « Ma part de vérité », le premier mémoire de l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo

38 ans après avoir dirigé la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo donne sa version de ce qui s’est passé entre 1982 et 1983. « Ma part de vérité », le mémoire du président, a été dédicacé ce samedi 25 janvier 2020 à Ouagadougou, en présence de plusieurs autorités du pays.

A la fin du Conseil national de la révolution (CNR) dirigé par le capitaine Thomas Sankara, beaucoup de versions ont été servies. Mais que s’est-il passé réellement entre 1982 et 1983 ? Entre coups bas, fuite d’informations et stratagèmes, l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo (7 novembre 1982-4 août 1983) fait des révélations dans son mémoire intitulé « Ma part de vérité ».

« Ma part de vérité a pour ambition de rompre la dictature sur le mensonge et de rappeler que le capitaine Thomas Sankara n’était qu’un homme quelles que soient les qualités qui l’habitaient », a déclaré l’auteur, Jean-Baptiste Ouédraogo (JBO). Selon Dr Dramane Konaté, qui a présenté l’ouvrage, « Ma part de vérité » est un livre de 260 pages divisé en quatre parties. On y trouve une dimension documentaire, politico-militaire et littéraire ».

Le contenu de l’ouvrage est composé des photos

Le livre révèle les exécutions sommaires à la veille de la Révolution, le rôle qu’a joué le guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi dans la crise sociopolitique de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) entre 1982 et 1983, et l’assassinat avorté du président JBO.

« Il y avait plus d’ivraies que de bons grains… »

Que retenir du capitaine Thomas Sankara ? « Ma part de vérité » apporte quelques éléments d’éclairage sur cet homme adulé au-delà des frontières nationales. Il était un fin stratège, un charismatique, un manipulateur, dit l’auteur. « Mais savait-il qu’il était manipulé ? », s’interroge Dr Dramane Konaté.

Les anciens amis et collaborateurs du président JBO ont fait des témoignages au cours de la cérémonie

En tout cas, chaque parole, chaque geste du capitaine Thomas Sankara était prémédité, a confié le président JBO. Pour lui, Thomas Sankara avait une double face comme une médaille. « La nouvelle génération qui ne l’a pas connu n’admire que la bonne face », a affirmé l’auteur du livre. Toutefois, JBO a tenu à rassurer que « l’honneur du capitaine Thomas Sankara sera saint et sauf ».

Sous la révolution (1983-1987), à en croire l’auteur de l’ouvrage, les adversaires sont réduits au silence, parfois au silence absolu, et par tous les moyens. « Il y avait plus d’ivraie que de bons grains dans cette révolution. Il y avait des héros mais aussi des victimes », a indiqué JBO.

Le président Jean-Baptiste Ouédraogo

Le parrain de la dédicace, Edouard Ouédraogo, par ailleurs directeur de publication du journal L’Observateur Paalga, a rappelé que dans le livre, l’auteur a déclaré : « Je demeurerai l’un des personnages les plus controversés de l’histoire du pays ». Mais s’il y a un mérite qu’il faut reconnaitre à cet ancien président, c’est « le refus de la violence ».

« Preuve de courage et d’audace »

Durant la dédicace, sept (07) acteurs de cette période historique ont fait des témoignages. Dans son adresse au président JBO, Jean de Dieu Somda (ministre au moment des faits) a déclaré : « Votre plus grand succès, c’est de nous avoir évité une guerre civile ».

Des figures politiques présents à la cérémonie

Quant au colonel Jean Claude Kamboulé (lieutenant au moment des faits), il a confessé publiquement que la chute du Conseil du salut du peuple (CSP) dirigé par JBO a été planifié chez lui. « Nous avons agi en tant que militaire sans aucune intention politique », a-t-il indiqué.

Selon le ministre de la Culture, Abdoul Karim Sango, par ailleurs patron de la cérémonie, l’auteur a fait « preuve de courage et d’audace », en parlant de Thomas Sankara de cette manière. Puisque « la vérité est source de la vérité », le ministre a rappelé que le livre n’expose pas seulement les actions négatives de Thomas Sankara.

Le ministre de la Culture, Abdoul Karim Sango

En attendant le Tome II des témoignages du président Jean-Baptiste, « Ma part de vérité » est vendue à 10.000 FCFA l’exemplaire.

De l’avis du préfacier de cet ouvrage, Jean Marc Palm Domba, « Ma part de vérité » est un mémoire donc « On n’est pas obligé de partager son point de vue », a-t-il conclu.

Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net

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