Après plus de quatre heures de débat passionnant autour du thème « Genre, déplacement involontaire et sécurité alimentaire : contribution des femmes à l’atteinte de la sécurité alimentaire dans les villages réinstallés par la SEMAFO dans la région de la Boucle du Mouhoun au Burkina Faso », Yacouba Tengueri a été élevé au rang de docteur en sociologie ce dimanche 29 décembre 2019. En effet, face à un jury composé de quatre membres, il a présenté son travail qui avait pour objectif d’analyser les effets du dédommagement monétaire des biens affectés sur l’accessibilité des femmes déplacées de force aux facteurs de production.

Et comme résultats, il ressort que la démarche dans le recensement, le dédommagement et la réinstallation des populations dans ces zones ont été discriminatoires et porteurs de germes de conflit. « Car le recensement des biens affectés de façon générale a été considéré comme une affaire des premières autorités coutumières et des hommes des villages concernés. Les minorités comme les femmes et les migrants peulh ont été mises à l’écart dans les consultations publiques et dans l’identification de leurs biens », a décrit le nouveau docteur, Yacouba Tengueri. Pourtant, selon lui, la femme a une part de contribution claire dans les ménages mais compte tenu du fait que les mesures palliatives prises ne sont pas suivies, cela empêche les femmes de participer comme on le souhaiterait à l’atteinte de la sécurité alimentaire dans ces zones. Pis, leur situation s’est aggravée.

Docteur Yacouba Tengueri

Comme solution, Yacouba Tengueri propose qu’au niveau des politiques publiques, les recensements faits dans le cadre du dédommagement des populations abritant les zones minières soient sensibles au genre. « C’est-à-dire, en prévoyant aussi des terres pour les femmes et que tous les projets initiés dans ce sens soient des projets structurants, tenant compte du contexte socio-culturel, etc. ».

A la fin de sa présentation, son thème a été jugé très pertinent et d’actualité par l’ensemble des membres du jury, vu le boom minier au Burkina Faso et ses conséquences. C’est d’ailleurs la toute première thèse que le Burkina Faso enregistre sur ce sujet, soulignent ses encadreurs (le Pr titulaire de sociologie à l’Université Joseph-Ki-Zerbo, Alkassoum Maïga, directeur de thèse ; et sa co-directrice, Valérie B. Ouédraogo, maître de conférences dans la même université). Outre cet aspect positif, les membres du jury ont été unanimes sur la qualité de son document, parce que le candidat a respecté, entre autres, la méthodologie de la rédaction de la thèse et fait un effort de synthèse.

Frères, amis et collègues venus pour soutenir l’impétrant.

Pour ces aspects positifs relevés, le jury, présidé par le Pr Issaka Koné, a jugé le travail acceptable et lui a décerné la mention « Très honorable ».

Yvette Zongo
Lefaso.net