LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Gestion des cimetières : Il faut légiférer sur nos dernières demeures

Par Boukaré Palingwendé KABORE

Publié le lundi 29 avril 2019 à 21h39min

PARTAGER :                          
Gestion des cimetières : Il faut légiférer sur nos dernières demeures

Le désordre qui règne dans nos cimetières, notamment à Ouagadougou, a suscité la réflexion ci-après du coach Boukaré Palingwendé Kaboré.

Tabtenga, Toudbwéogo, route de Saponé, Bargo, voilà des noms bien célèbres dont la seule prononciation renvoie aux cimetières. Et d’autres noms peuvent s’y ajouter sans qu’on ne finisse la liste des cimetières dans la ville de Ougadougou. On ne s’y rend que lorsqu’on accompagne un parent, ami ou connaissance, et on ne s’y rendra qu’à la prochaine occasion similaire. Très rarement, on s’y rend pour se recueillir sur la tombe d’un parent. Mais une fois qu’on y est, lorsqu’on fait le petit effort de penser qu’on y sera un jour, il y a lieu d’interpeller les vivants afin qu’ils mettent de l’ordre dans les cimetières, pas pour ceux qui y sont déjà, mais plutôt pour eux-mêmes qui y seront.

À regarder de très près, on a comme l’impression que les vivants y ont transporté leur désordre et il y est difficile de mettre un peu d’aménagement. Pourtant, il est un impérieux devoir pour les autorités à différents niveaux de se pencher sur la question si l’on veut trouver toujours de l’espace pour honorer nos morts. Lorsqu’il était maire de la commune de Ouagadougou, Simon Compaoré a voulu aborder la question dans une session du conseil municipal, mais il a été pris à partie et était obligé d’abandonner la question. Mais il faut vraiment légiférer sur la question et cela à plusieurs titres.

Tout d’abord, parce qu’on ne peut pas trouver toujours de l’espace à tout temps, alors il faut organiser la question. Chaque quartier doit-il avoir son cimetière ? Les premiers cimetières ont été rasés et remplacés à certains endroits par des infrastructures socioéconomiques, preuve que la question du foncier est préoccupante, mais ce n’est pas pour cela que l’on doit laisser la question sans l’aborder.

Autres raisons qui militent en faveur de la question, c’est « le désordre organisé » qui y sévit. Chacun arrive, choisit l’endroit qui lui convient et se met au travail. Pourtant, on devait canaliser les alignements suivant les dimensions de la tombe. En un mot, il faut faire des quartiers pour adultes ou enfants, ou suivant que l’enterrement sera fait avec un cercueil ou non ; cela permettra une utilisation rationnelle de l’espace. Quand on voit ce qui se passe dans nos cimetières, c’est un transfert de notre voracité foncière. Au cimetière de Tabtenga à Ouagadougou, un citoyen a construit un « cimetière à niveaux » (allez-y comprendre !), sans qu’aucune autorité ne lève le petit doigt ; peut-être pour la simple raison que la question est sensible et complexe.

On gagnerait plus en organisant les enterrements suivant l’espace disponible. La crainte qu’un jour on ouvre une tombe pour inhumer un autre corps n’est pas loin ; à se demander si cela n’est pas déjà arrivé une fois. Si la question est plus accrue pour la capitale, il n’en demeure pas moins qu’elle est aussi préoccupante dans les autres localités.

Mais certains, voulant atténuer la peine de leur famille, sollicitent dans leurs derniers vœux qu’ils soient enterrés dans leurs villages. On y a déplacé le problème, mais on ne l’a pas résolu. Comme le disait un humoriste, c’est vivre et mourir au-dessus de ses moyens. Vivre au-dessus de ses moyens, c’est acheter un véhicule et faire le tour des structures administratives publiques et privées pour solliciter le carburant. Et mourir au-dessus de ses moyens, c’est demander qu’on transfert son corps au village alors qu’on n’a pas réuni les moyens pour cela avant de partir.

Alors, il faut se pencher sur la question à tous les niveaux. Il nous est revenu que dans une localité, une confession religieuse a son propre cimetière et y interdit toute autre confession religieuse de procéder à des inhumations, sous peine d’exhumer les corps. Si de telles situations sont réelles, il faut craindre un jour le pire. Et pour que le pire ne survienne pas, c’est maintenant qu’il faut aborder la question et sans faux-fuyant.

Coach Boukaré Palingwendé KABORE
Doyen du CRYSPAD
Tél : 70 29 72 39

PARTAGER :                              

Vos réactions (14)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Dites Stop au Mal-être au travail