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Drame de Yirgou : Plus de 1000 enfants ne verront plus leurs pères

LEFASO.NET | Par M D

Publié le lundi 4 février 2019 à 22h38min

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Drame de Yirgou : Plus de 1000 enfants ne verront plus leurs pères

Le drame de Yirgou a fait 210 morts et plusieurs milliers de déplacés, selon le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) qui a organisé une conférence de presse, le 1er février 2019. Au nombre des déplacés, on y dénombre essentiellement des femmes et des enfants répartis sur quatre principaux sites que sont : Barsalogho, Kelbo, Arbinda et Djibo. Sur les sites de Barsalogho et Kelbo, on y dénombre plus de 1500 enfants dont 1000 orphelins. Les premiers responsables du Collectif étaient sur le terrain pour toucher du doigt les réalités des déplacés, les 26 et 27 janvier 2019.

déplacés Kelbo

Dès les premiers moments des massacres de Yirgou, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) s’est mobilisé pour assister les blessés et les déplacés du drame. Il a déployé ses équipes sur les différents sites malgré la situation sécuritaire fragile pour apporter les premiers secours. Puis, il a organisé des marches-meetings le 12 janvier 2019 à Ouagadougou et à Dori et le 19 janvier à Bobo-Dioulasso pour demander justice pour les victimes, une prise en charge adéquate pour les rescapés, mais aussi dire non à la stigmatisation des communautés. Ces différentes marches ont drainé des milliers de Burkinabè.

le CISC remettant des vêtements sur le site de déplacés de Foubé

Ensuite, les premiers responsables de ce regroupement qui compte une trentaine d’organisations ont jugé nécessaire de se rendre sur le terrain pour constater la réalité, encourager les autorités administratives et apporter du réconfort aux déplacés. L’équipe conduite par le porte-parole du CISC, Dr Daouda Diallo a même passé la nuit à Kelbo, avec les déplacés. Ce fut aussi l’occasion d’échanger avec ses ‘’éléments’’ sur le terrain et leur donner des conseils et instructions pour mener à bien la mission.

les membres du CISC et le maire de kelbo échangeant avec les déplacés

540 orphelins à Barsalogho et 512 à Kelbo

Au 26 janvier 2019, le site de déplacés de Barsalogho dans la province du Sanmatenga, à en croire les équipes du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), comptait 1650 personnes dont 677 enfants. Parmi ces enfants, on dénombrait 540 orphelins.

Dans la commune de Kelbo, dans la province du Soum, les déplacés sont sur deux sites. Il s’agit de Kelbo et de Bèlè dont le plus gros lot se trouve dans le deuxième village où la grande mosquée sert de logement pour la plupart. Sur ces deux sites où les déplacés manquaient encore du minimum. A la date du 26 janvier, 298 ménages de plus de 2030 personnes y étaient. Pour la prise en charge sanitaire, rien n’avait été fait jusque-là. L’installation des tentes sur le site identifié pour accueillir les déplacés se fait encore attendre.

Comme sur le site de Barsalogho, les enfants y sont très nombreux à Kelbo et Bèlè également. Ils étaient, à la date du 27 janvier, 877 dont 512 orphelins. Ainsi, sur ces deux sites, ils étaient 1052 enfants qui ne verront plus jamais leurs pères parce que fauchés dans cette boucherie humaine. Pire, certains ont assisté à l’exécution de leurs géniteurs. Certes, tous ces mômes ont besoin d’assurer leur pitance quotidienne, mais aussi et surtout d’un suivi psychologique. Sinon, ce sont des monstres qu’on est en train de fabriquer pour les années à venir.

quelques déplacés de Barsalogho

Une vingtaine de villages touchés

Les massacres de Yirgou ont touché une vingtaine de villages, faisant 210 morts, selon le CISC qui dit avoir procédé à un recensement rigoureux ménage par ménage (le nom, l’âge, le village, le ménage, le contact de référence du disparu). Les témoignages indiquent clairement que les bourreaux sont connus. Les noms des Koglwéogo sont cités avec précision (nom, surnom, village, famille…) par les rescapés, notamment les épouses des victimes.

Au 27 janvier, en termes de pertes en biens pour les réfugiés de la commune de Kelbo, il y avait : 48 bovins non encore retrouvés, 632 caprins, 1870 volailles, 109 ânes, 102 vélos, 773 maisons et 251 greniers, 70 sacs (100kg) de mil brûlés, mais aussi 55 motos et 77 charrettes brûlées, volées ou disparues.

Mais, il n’y a pas eu que des monstres au cours de ce drame. Le petit frère du chef (Mossi) d’un des villages touchés par la tuerie a sauvé la vie de plusieurs personnes d’ethnie peule en les cachant dans sa maison jusqu’au départ des Koglweogo afin de leur permettre de s’en fuir. Il s’agit d’un maître coranique, son frère et ses élèves qui ont échappé à la mort grâce à cet acte.

Dans son périple, les clameurs de justice pour les communautés sont descendues à Foubé, troisième site des réfugiés, venus la plupart de Gasseliki. Sur ce site, les occupants n’y sont pas du fait de la situation de Yirgou. Il faut signaler qu’à chaque passage, le collectif octroie des plis de vêtements aux déplacés.

M D
Lefaso.net

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