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Mariage d’enfants au Burkina : Il faut intensifier la lutte

LEFASO.NET | Par Nicole Ouédraogo

Publié le lundi 17 décembre 2018 à 00h47min

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Mariage d’enfants au Burkina : Il faut intensifier la lutte

Après une première réunion tenue en juillet dernier, la deuxième session de la Plateforme multisectorielle pour la prévention et le mariage d’enfants au Burkina Faso a eu lieu ce vendredi 14 décembre 2018. L’adoption du nouveau Plan d’action opérationnel (PAO) 2019-2021 de la stratégie nationale de prévention et d’élimination du mariage d’enfants, le bilan du PAO 2016-2021 sont entre autres les questions qui étaient au cœur des échanges.

En fin décembre, le premier Plan d’action opérationnel (2016-2018) de la Stratégie nationale de prévention et d’élimination du mariage d’enfants au Burkina Faso prendra fin. Et selon la secrétaire d’Etat chargé des affaires sociales du ministère de la Femme, de la Solidarité nationale et de la Famille, Yvette Dembélé, représentant la ministre Hélène Ilboudo/Marchall, ledit plan a engrangé des acquis.

A son actif, la sensibilisation de 395 171 personnes à la problématique du mariage d’enfants, la prise en charge de 5 830 filles et de 192 garçons victimes de mariages d’enfants, la mise en place de cellules de veille dans 740 villages ayant déclaré l’abandon de l’excision et du mariage d’enfants. On note aussi le maintien de 7 190 filles victimes ou à risque de mariage d’enfants dans le système scolaire et l’abandon du code pénal révisé qui prévoit des sanctions contre toute forme de mariage de mineurs au Burkina Faso.

« Il faut aller beaucoup plus loin »

« Les acquis sont là, mais il faut aller beaucoup plus loin. Il faut accélérer les interventions pour aller plus vite », estime Dr Anne Vincent, représentante de l’UNICEF, par ailleurs chef des partenaires techniques et financiers pour la protection de l’enfance. Dans les pays en développement, dit-elle, une femme sur trois âgée de 20 à 24 ans a été mariée de force alors qu’elle n’était qu’une enfant.

Aussi, le Burkina Faso, avec une fécondité des adolescents évaluée à 23,8% au niveau national (29,2% en milieu rural, 12,6% en milieu urbain) n’est pas un cas isolé. Cette fécondité, selon Anne Vincent, varie significativement selon le niveau d’instruction et serait cinq fois plus élevée chez les filles non-instruites (32,9%) que celles qui ont au moins le niveau d’éducation scolaire (6,1%), selon l’EDS 2010. Et si le taux de mariage d’enfants et passé de 53% en 2010 à 44% en 2018, la représentante de l’UNICEF, pour sa part, fonde son espoir sur l’adoption du nouveau code des personnes et de la famille.

« Le Code des personnes et de la famille, qui sera adopté, statue qu’il ne doit plus y avoir de mariage avant l’âge de 18 ans. Nous aurons un cadre légal qui nous soutiendra également dans notre action », a-t-elle noté. Puis de poursuivre : « C’est une question de droit et une question de donner la possibilité aux enfants, particulièrement aux filles, de continuer leur scolarité, de devenir des femmes qui participent au développement de l’économie de leur pays ».

A l’en croire, la pratique du mariage d’enfants est l’un des principaux contributeurs à la problématique de la démographie dans le monde, particulièrement de la démographie de l’Afrique subsaharienne. « Si une jeune femme se marie à 18 ans et qu’elle a son premier enfant à 19 ans, au lieu de 12, 13 ou 15 ans, elle fera moins d’enfants dans sa vie et elle contribuera davantage à stabiliser la croissance démographique qui est très encore très élevée (3,1) ».

En outre, Anne Vincent souligne qu’il est très important d’appréhender cette question dans un contexte économique globale. « Si les filles ne sont pas mariées trop tôt, elles vont continuer à aller à l’école et pourront contribuer à l’économie du pays », a-t-elle renchéri.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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