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Médias et bonne gouvernance : Un projet pour renforcer l’attelage

Publié le mercredi 25 avril 2018 à 01h26min

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Médias et bonne gouvernance : Un projet pour renforcer l’attelage

Est-il encore besoin de rappeler le lien consubstantiel entre médias et bonne gouvernance ? Dans les sociétés démocratiques, le couple est indissociable. Les acteurs des médias, les Organisations de la société civile, les structures étatiques de contrôle et de lutte contre la corruption étaient réunis ce 24 avril 2018 à Ouagadougou pour échanger sur leurs rôles dans la promotion de la participation du public et la redevabilité en matière de gouvernance. Le forum a été organisé par l’Organisation « Media fondation for west africa », en partenariat avec le Centre national de presse Norbert Zongo.

Le Forum sur le rôle des acteurs dans la promotion de la participation du public et la redevabilité en matière de gouvernance marque la première activité d’un projet. Intitulé « Renforcement de la participation du public et exigence de redevabilité dans la gouvernance à travers des plateformes effectives des médias et du dialogue sur la gouvernance », le projet a été lancé par le Cheriff Moumina Sy, haut représentant du chef de l’Etat.

Il est porté par la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest l’Organisation ( Media fondation for west africa ) dont le siège est à Accra au Ghana, en partenariat avec son relai local, le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) . Le président du Comité de pilotage du Centre a salué cette union tout en espérant que le projet sera l’opportunité pour les médias, les OSC, les acteurs institutionnels de travailler pour améliorer la transparence, et promouvoir la bonne gouvernance. Pour Boureima Ouédraogo, les médias sont le reflet de la société, aussi bien dans ses acquis que dans ses limites et insuffisances.

Quant au haut représentant du chef de l’Etat, il s’agit à travers ce projet, de faire des médias, un puissant moteur de redevabilité et d’imputabilité, en vue de construire une citoyenneté active et dynamique.

Toutefois, pour le journaliste Moumina Cheriff Sy, autant les médias sont des chiens de garde pour réclamer transparence et redevabilité aux acteurs publics, autant ils devraient aussi balayer chez eux. En ce sens, les médias eux-mêmes ont besoin d’être bien gouvernés. C’est à ce prix qu’ils pourront offrir la possibilité aux citoyens d’opposer une limite à tous les pouvoirs en faisant preuve d’esprit critique de la gouvernance parce que, a-t-il poursuivi, le pouvoir absolu corrompt absolument.
Il a donc souhaité que le projet offre l’occasion d’avoir des médias viables, éthiquement armé et déontologiquement aguerri.

A en croire, le chargé de la formation et des questions de liberté de la presse à « Media fondation for west africa », les vœux émis trouvent des réponses dans les objectifs même du projet qui s’étend sur deux ans. Il s’agit selon Muheeb Saeed, d’améliorer la participation du public et la responsabilité en matière de gouvernance grâce à des plateformes médiatique et de dialogue efficace.

Pendant les deux ans, « Media fondation for west africa » et le Centre national de presse Norbert Zongo, vont travailler entre autres à :

-  approfondir les compétences et connaissances des médias au Burkina, afin de les rendre plus efficaces à mener des reportages sur les questions de transparence, de responsabilité et de corruption,

-  approfondir les connaissances et compétences des OSC dévouées à la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption,

-  accompagner efficacement le monde des médias dans ses plaidoyers sur les questions de transparence, de responsabilité et de gouvernance en général,

-  soutenir financièrement des journalistes pour des reportages d’investigation qui suscitent des débats publics sur les questions de gouvernance au Burkina, tout en incitant les gouvernants et responsables publics à réagir de manière à améliorer les qualités de service public.

Un forum pour commencer

Le forum a été animé par Boureima Ouédraogo et le Dr Abdoul karim Saïdou. Le premier communicateur a présenté les résultats d’une étude référence réalisé sur le niveau de couverture médiatique des questions de transparence de redevebalité au Burkina Faso. Il en ressort en général que les médias offrent des interfaces crédibles pour que les citoyens expriment leurs volontés de gouvernance vertueuse, mais aussi d’interpellation des gouvernants.

Tout en saluant le courage des journalistes qui mènent un travail de veille malgré les conditions précaires de travail, le communicateur a toutefois regretté le manque de profondeur des articles traités qui se limitent souvent aux comptes rendus factuels.
Les textes ont été votés, notamment pendant la transition pour permettre aux journalistes d’avoir accès à l’information, mais les vieilles habitudes ayant la peau dure, les portent se ferment toujours devant les journalistes qui vont vers les services publiques pour collecter des données. Malgré les discours, a poursuivi Boureima Ouédraogo, la culture de la redevabilité n’est pas encore développée chez les gouvernants qui confondent cette valeur de bonne gouvernance à la communication.

A sa suite, le Dr Abdoul Karim Saïdou a développé le thème relatif au rôle des médias burkinabè dans la promotion de la transparence et de la responsabilité. Il a d’entrée noté que sans transparence, on ne pourrait parler de redevabilité. Comment demander des comptes aux gouvernants quand on ne sait pas comment les affaires publiques sont menées, s’est-il demandé. C’est en cela que le rôle du journaliste est primordial. Puisqu’il agit par délégation, au nom du public, c’est lui qui fouine pour donner les informations au public afin que celui-ci se forge une opinion sur la gouvernance de sa société.

Les communications ont donné lieu à des échanges entre journalistes, structures de contrôle et société civile. Les hommes de médias tout en déplorant le hiatus entre les textes et les quotidiennes dans la recherche de l’information, estiment que malgré tout quand ils arrivent à lever les lièvres (rendre public des cas d’entorse à la bonne gouvernance), aucune suite n’est donnée. Le découragement est ainsi vite arrivé.
La promotion de la gouvernance est un travail de chaine. Autant les journalistes sont des acteurs non négligeables, autant d’autres acteurs doivent prendre le relais dans la chaine.

Après le forum, ce 25 avril 2018, un atelier s’ouvre toujours sur les questions de gouvernance.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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