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Commerçants de Bobo : Nouveau site, nouveaux problèmes

Publié le mercredi 22 juin 2005 à 07h38min

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Le nouveau site prévu pour la réinsertion des commerçants du
marché de légumes de Bobo pose problème. La tension monte
du côté des occupants des lieux. Les forces de l’ordre sont
passées par là.

Mardi 14 juin 2005, quartier Souroukoukin, secteur 2 de Bobo
Dioulasso. Nous sommes au garage Tanou, situé derrière
l’hippodrome de Bobo. Des policiers, armés et visiblement
énervés nous interdisent le passage. Ils ont encerclé le côté
ouest de l’hippodrome, y compris le garage.

Que se passe-t-il ?
Le patron du garage, monsieur Tanou, explique : "Ce matin, je
suis arrivé comme d’habitude au garage. Dès l’entrée, j’ai été
bloqué par des policiers municipaux qui m’interdisaient l’entrée.
Je n’y ai rien compris.

Les policiers m’ont alors fait savoir qu’ils
avaient reçu l’ordre de faire évacuer l’espace qu’occupaient les
véhicules et camions que je devais réparer. Après quelques
échanges avec eux, je me suis retiré, pour éviter tout incident,
l’atmosphère devenant délétère."
Selon monsieur Tanou, les policiers auraient reçu l’ordre de
"faire évacuer les lieux", fût-il contre son gré. Toujours selon lui,
ils auraient reçu l’ordre de l’embarquer au cas où il s’opposerait.

Et de poursuivre : "Depuis 2000, j’ai des déboires avec le
maire central à propos de mes activités. J’étais de l’autre côté de
l’hippodrome (côté Est) dans une cour qui était trop petite.
Compte tenu de l’exiguïté de la cour, le maire de
l’arrondissement de Do m’a octroyé une parcelle (côté Ouest)
plus grande et que j’occupe présentement. Je me suis acquitté
de toutes les taxes et ai obtenu l’autorisation de construire.

Le
maire central n’a pas du tout apprécié l’occupation de l’espace
qui m’a, du reste, été cédé officiellement. Depuis quatre ans, je
n’ai pas la paix. Il vient chaque fois me harceler". Monsieur
Tanou dit n’avoir reçu des autorités municipales de Bobo ni une
lettre ni préavis l’invtant à quitter les lieux. Il ajoute que la mairie
ne lui a pas notifié un autre endroit où s’installer.

"A quel saint se vouer ?"

Le garage Tanou est situé au secteur 02, côté ouest de
l’hippodrome
(terrains d’entraînements des équipes de D1 de Bobo), en face
de la voie ferroviaire. Il emploie plus d’une centaine de
personnes, pour la plupart des jeunes. Le matériel qui s’y
trouve, de l’avis de son patron, est évalué à plusieurs millions de
francs CFA. monsieur Tanou avoue ne pas savoir ce qu’il fera de
tout cela à présent.

Et le moindre dommage sur ces véhicules
(qui ne lui sont confiés que pour réparation) lui serait
préjudiciable, ajoute-t-il.

Grâce à une gestion "communautaire", le garage a su créer une
certaine solidarité entre les employés. Avec cette mesure de
déguerpissement, beaucoup d’employés, pour la plupart des
chefs de familles, ne savent plus à quel saint se vouer.
Madi Ouédraogo est employé dans ce garage depuis 1986. Ce
père de six enfants, la quarantaine bien sonnée, nous confie
que le garage est sa raison de vivre. A son âge, il est très
difficile de trouver du boulot.

Pour Madi, le déguerpissement du
garage n’engendrera que des déboires à lui et à sa nombreuse
famille. A ce garage, Madi confesse tout devoir : parcelle, pitance
quotidienne...

Avant l’installation du garage, nous confie Salia Dembélé, un
autre employé, ce lieu battait des records en insécurité.
Personne n’osait s’y aventurer à certains moments de la
journée. Et de lâcher : "Cet endroit était le repère des bandits
et autres petits délinquants".

"Que deviendront ces jeunes ?"

Salia Dembélé nous confie en outre qu’il travaille dans ce
garage depuis son jeune âge. Beaucoup dans son entourage
vivent des revenus qu’il tire de son travail. Le déguerpissement
du garage est, semble-t-il, voulu par les autorités municipales
pour, dit-on, permettre l’installation prochaine du marché des
légumes communément appelé "léguéma logo".

En février
dernier, les vendeuses de légume installées dans ce marché
étaient descendues dans les rues de Bobo pour protester
contre leur éventuel déguerpissement de l’avenue du
gouverneur Binger, derrière le stade Wobi. Selon des sources
proches de la mairie de Bobo, le site choisi pour leur
réinstallation se trouve être l’espace occupé présentement par
le garage Tanou.

A l’heure où les autorités parlent de lutte pour la réduction de la
pauvreté et contre le chômage des jeunes, des habitants du
quartier que nous avons rencontrés nous avouent leur
incompréhension des mesures de délocalisation du garage.
Pour Salia Kassamba, quinquagénaire, habitant du quartier,
les autorités municipales devraient davantage faire preuve de
tolérance.

Pour monsieur Tanou qui se réjouit d’avoir formé par
le truchement de son garage près de 80% du personnel des
garages de la ville de Bobo, il ne sert à rien d’ engager un bras
de fer avec les autorités municipales. Il dit d’ailleurs être prêt à
déguerpir et donc, fermer son garage. Mais que deviendra la
centaine d’employés qui y travaille ? La question reste posée.

Par Fousséni KINDO
Le Pays

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