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Crise à l’hôtel Silmandé : L’Unité d’Action Syndicale aux côtés des agents licenciés de l’hôtel

LEFASO.NET | Par Tambi Serge Pacôme Zongo ( Stagiaire )

Publié le jeudi 7 septembre 2017 à 22h00min

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Crise à l’hôtel Silmandé : L’Unité d’Action Syndicale aux côtés des agents licenciés de l’hôtel

L’UAS (Unité d’action Syndicale) a convoqué ce jour, jeudi 07 Septembre 2017, à la bourse du travail, les travailleurs licenciés de l’hôtel Silmandé. Cette rencontre a eu pour objet, la crise qui prévaut à l’hôtel Sopatel Silmandé. Cette rencontre se tient le jour même où un sit-in a été programmé par les agents licenciés afin de montrer leur ras-le-bol vis- à-vis de la situation dont ils se disent victimes. Il s’est agi au cours de ladite rencontre de faire non seulement le point des actions menées en vue de la résolution du problème, mais aussi de se mettre au même niveau d’information.

C’est tout un ensemble de syndicats regroupés autour de l’Unité d’Action Syndicale qui dit être venu prêter main forte à ces agents licenciés afin de porter haut leur ras-le-bol et dans la mesure du possible trouver un terrain d’entente pour les parties en conflit. Au nombre de ces syndicats, il y a Moussa Nana, représentant du SG SCB ; Ouédraogo Salam, représentant FO/UNS ; Yamba Georges Koanda, SG USTB ; Kabore Paul, SG ONSL, Bassolma Bazié, SG CGTB ; Yaméogo François de Salle, SG SYNATEB ; SO Soulemane, SG SYNATEL ; Drame Siriki, SG SYNATIC ; Tapsoba Clément, SG SATEB.

La rencontre de ce jour s’inscrit dans un contexte de vives tensions entre agents licenciés de l’hôtel Sopatel Silmandé et l’administration dudit hôtel. Aussi, du fait de la non - réaction des plus hauts dirigeants face à ce problème qui perdure. En effet, il était prévu ce jour même, un sit-in du personnel licencié. Sit-in qui avait pour objectif de trouver une solution ou un accord probant et sûr sur la question de la réintégration des agents remerciés.

Et, à entendre les interventions des uns et des autres, tous étaient prêts à se jeter corps et âme dans cette ultime bataille car soutenant être lassé par toute cette situation et croupissant davantage dans la misère. "Je suis déçu quand je pense que M. Nassa et sa suite hypothèquent l’avenir de mes enfants ainsi que leur rentrée scolaire", s’est exprimé un intervenant. Et un autre d’ajouter :"cela fait quatre mois maintenant que cette situation perdure et il n’y a toujours pas eu de réponse favorable à nos différentes démarches(...)nous mourons de faim", a-t-il laissé entendre. "Depuis 34 ans d’existence, c’est seulement cette année que l’hôtel connaît ce genre de situation", a déploré un autre.

Bassolma Bazié, conférencier, a précisé que la rencontre de ce jour a pour intention première d’harmoniser le niveau de l’information. Aussi, il ajoute que l’Unité d’Action Syndicale, est prête à accompagner les brimés dans la lutte de revendication de leurs droits. Il soutient à cet effet :" s’il y a des gaz lacrymogènes à respirer, nous le respirons ensemble parce que la lutte a franchi une étape où nous ne pouvons plus nous asseoir",a-t-il martelé. Dans la même veine, Yamba Georges Koanda du USTB affirme :" le problème de Silmandé est le problème de tous".

Il est maintes fois revenu dans les interventions des participants, le questionnement sur les personnes ou l’autorité qui ont en charge la gérance réelle du pays. Les uns et les autres se demandent si c’est à l’Etat ou aux opérateurs économiques que revient cette responsabilité. Ces derniers s’insurgent contre le fait que des individus, de surcroît des étrangers, s’approprient un certain droit et profitent de cela pour s’attaquer à des travailleurs exerçant en toute légalité, et en leur imposant une marche à suivre qui ne sied pas. Et cela, pendant que les premières autorités du pays ne réagissent pas.

C’est dans un tel contexte que deux nouvelles correspondances vont être acheminées au niveau de la Présidence du Faso et du ministère de la fonction publique, foi des syndicalistes.

Tambi Serge Pacôme Zongo ( Stagiaire )
Lefaso.net


Les précisions de Bassolma Bazié :

"La crise a démarré depuis le mois de mai 2017. L’ UAS est intervenue dans la crise précisément depuis le mois de juin, pour trois raisons. La première raison est que suite au licenciement des travailleurs à Silmandé, il y a eu des rencontres qui ont été initiées par le ministre du tourisme qui a fini par prendre une correspondance le 29 mai demandant la réintégration de l’ensemble des travailleurs, au niveau du patron .

À l’endroit des travailleurs, il leur à demandé de surseoir à toutes revendications allant dans le sens d’exiger la démission de leur directeur général. Les travailleurs ont donc suivi ce qui leur a été demandé . A leur grande surprise, ils ont été mis devant le fait accompli que la direction a poursuivi les licenciements jusqu’à près de quatre-vingt (80) licenciements. Quand l’information nous est parvenue, et en voulant creuser pour mieux comprendre, il en est ressorti que la direction du travail a fait une rencontre, et avec les licenciés et avec la direction générale de l’hôtel Silmandé.

Une correspondance a été encore produite par une décision de lois par les inspecteurs du travail estimant que les licenciements étaient abusifs et par conséquent la direction devait reprendre l’ensemble des travailleurs quitte à poursuivre les procédures normales et respecter les procédures légales. La troisième raison de notre intervention dans cette situation fait suite aux propos inacceptables du DG de l’hôtel à l’endroit des travailleurs. Quand vous dites à des travailleurs que" vous n’êtes pas Burkinabè, vous n’avez pas de parent burkinabè, votre femme n’est pas burkinabè et que si vous faites des licenciements, vous connaissez le système judiciaire du Burkina et que l’affaire pourrait faire cinq ans dans les couloirs de la justice et d’ici là vous allez partir, ça ne vous engage pas" ; en tant qu’organisation responsable nous ne pouvons pas nous asseoir et laisser faire.

Quand on dit que force doit rester à la loi, et la loi doit être respectée, il faut être civique. Cela signifie que tous, que vous soyez ministre, travailleur ou directeur, vous devriez vous soumettre impérativement à l’ensemble des instructions judiciaires qui sont émises. L’hôtel Silmandé n’est pas une institution judiciaire à part entière où on produit des lois et on les applique en fonction de ses humeurs.

A l’issue de la rencontre avec les travailleurs, le 1er juin, l’UAS, a fait un déplacement pour les soutenir. Après cela, nous avons adressé une correspondance au Président du Faso pour attirer son attention d’autant que la décision qui a été prise par le ministre de tutelle a été piétinée, la direction du travail qui relève du ministère de la fonction publique a été piétinée. Le premier ministre a demandé à les rencontrer le 02, ils ont estimé qu’ils n’avaient pas le temps. Donc, nous ne pouvons pas nous adresser à autre autorité que le Président du Faso. C’est ainsi que nous avons adressé une correspondance ouverte au Président du Faso. Nous sommes allés à Genève, le 11 juin, à la rencontre de la délégation gouvernementale avec le ministre de la fonction publique en tête et nous avons évoqué cette question parmi tant d’autres points. Le ministre, a fait savoir ce jour, que "c’est inacceptable et dès qu’il rentrait, le prochain conseil des ministres, une solution allait être trouvée".

Ne voyant rien venir, nous avons adressé une autre correspondance à M. le ministre de la fonction publique pour exiger la convocation d’une rencontre tripartite. Elle a eu lieu le 26 juin. Les résultats, aux sorties de cette rencontre, étaient que tous les travailleurs devaient être repris d’autant qu’ils n’ont pas été licenciés conformément aux textes. Également, les travailleurs devaient surseoir à toutes revendications. Au vu des conclusions, nous avons accepté la décision arrêtée. La délégation de l’hôtel Silmandé, a fait savoir qu’elle allait rendre compte de la décision et a pris l’engagement de nous faire parvenir la réponse le 27 juin. Ce n’est rien qu’hier que nous avons reçu une correspondance que l’hôtel Silmandé a envoyée au ministre. Et de lui, nous avons reçu une copie.

De cette copie qui nous a été envoyée, il ressort que des travailleurs ont tenu des propos diffamatoires, des injures dans la presse ou des réseaux sociaux. Mention aussi est faite dans ladite correspondance, de l’incrimination de deux personnes dans une malversation. L’UAS ne peut admettre protéger un travailleur qui est plongé dans des malversations. Nous disons qu’il faut toujours utiliser les voies habilitées, légales, compétentes, pour indiquer les preuves et prendre des décisions qui siéent. Mais quand on doit soi - même, sans passer pas des voies reconnues, faire tomber des têtes parce que c’est nous qui décidons, ce n’est pas acceptable."

...du sit-in à l’organisation de la rencontre

Notre point de vue, les travailleurs n’ont pas encore été entendus par une structure compétente en la matière. Nous ne pouvons donc pas fermer les yeux et laisser continuer de biaiser, de piétiner. Et comme les travailleurs lassent d’attendre, la rentrée scolaire s’approche, ils ont décidé de tenir un sit-in ce matin. Connaissant donc les autorités et le milieu privé, l’UAS a, au vu du déroulement des choses, estimé qu’il y avait un piège. C’est ainsi que les travailleurs ont été invités à surseoir au sit-in et conviés à une rencontre à la bourse du travail ce matin. »

T.S.P.Z.

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