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Gestion du compte 49 de la police nationale : « On ne peut pas dire qu’il y a eu malversation », soutient Simon Compaoré

LEFASO.NET | Par Maxime Jean-Eudes Bambara (Stagiaire)

Publié le mardi 8 août 2017 à 23h52min

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Gestion du compte 49 de la police nationale : « On ne peut pas dire qu’il y a eu malversation », soutient Simon Compaoré

Sur instruction du ministre de la sécurité, des investigations ont été menées sur le compte 49 de la police nationale encore appelé fonds d’équipement. Les inspecteurs chargés des investigations ont, au cours d’une rencontre tenue ce mardi 08 août à Ouagadougou, restitué les résultats de leurs enquêtes qui ont concerné les années 2014, 2015, 2016. C’était en présence du ministre, de la hiérarchie policière et du syndicat de la police. De ces investigations, il ressort que l’entente directe est la procédure utilisée par la direction générale de la police nationale dans les différentes prestations de services. Mais pour Simon Compaoré il est trop tôt pour parler de malversation à l’état actuel.

« Ce qu’on peut retenir, c’est qu’il y a des problèmes de gestion à revoir pour améliorer la façon dont on gère ce compte 49. Mais au stade où nous en sommes aujourd’hui on ne peut pas dire qu’il y a eu malversation et ça, c’est un point important à souligner parce qu’il était question de dire qu’il y a des milliards qui ont été…, non. On n’a pas vu de milliards. Ça se chiffre en des centaines de millions mais ce n’est pas des milliards », a déclaré Simon Compaoré a la sortie de la rencontre de la restitution des investigations sur le compte 49 de la police nationale.

« Il n’y a pas eu non plus dissipation de fonds comme on pouvait le penser. Mais il y a des réglages à faire pour permettre que l’utilisation de ce fonds puisse être plus efficiente, plus efficace au bénéfice aussi bien des structures centrales que des structures déconcentrées de la police nationale », a-t-il poursuivi.

Le compte 49 encore appelé fonds d’équipement est un fonds d’appui à la dotation budgétaire annuelle de l’État allouée à la police nationale. Il a été créé le 27 juin 1979. Les investigations commanditées par le ministre en charge de la sécurité sur la gestion de ce fonds font suite aux récentes agitations observées au sein de la police nationale et visent à faire l’état des lieux sur la gestion de fonds d’équipement. Il était question à travers ces investigations de s’assurer que les normes relatives à l’orthodoxie budgétaire sont respectées.

Saïdou Zetiyenga inspecteur des services au ministère de la sécurité

Et des résultats de l’enquête présentés par l’inspecteur Saïdou Zetiyenga, on constate entre autre une faiblesse dans l’application des textes régissant les procédures de la commande publique, un déséquilibre dans la répartition des acquisitions sur le fonds d’équipement entre les services centraux et déconcentrés dans la police, une insuffisance de communication sur la gestion dudit fonds.

« Le constat général, c’est la disparité que l’on a constatée dans la répartition des ressources allouées à ce fonds d’équipement. La plus grande partie est consacrée aux directions centrales et une très faible partie, un peu moins de 15% seulement pour les services déconcentrés. Et Dieu seul sait qu’ils sont nombreux », a indiqué l’inspecteur Saïdou Zetiyenga pour qui il est souhaitable qu’il ait au moins d’équité à défaut d’avoir égalité étant donné que tous les services de la police contribuent à l’alimentation de ce fonds constitué d’amendes forfaitaires.

« Chaque fois qu’on verbalise quelqu’un, il y a une certaine somme qu’il paie. 80% vont dans le budget de l’État et 20% reviennent à la direction générale de la police. Il en est de même des taxes de péage. 1,5% des montants collectés sont justement destinés à l’alimentation de ce fonds », a expliqué l’inspecteur général des services du ministère de la sécurité.

Pour M. Zetiyenga, l’élimination de la disparité dans la gestion du compte 49 permettra à toutes les structures de la police de se sentir concernées dans la gestion de ce compte et participera également à la lutte contre l’incivisme « puisque quand on sait où va l’argent on est plus motivé. Mais, quand il n’y a pas de communication, on ne sait pas à combien cet argent s’élève et a quoi il sert ».

A en croire Simon Compaoré, cette restitution est un exercice de transparence et le rapport a été transmis au président du Faso, au Premier ministre, au président de l’Assemblée nationale et à l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE/LC). Selon lui, il revient donc à cette dernière institution d’envoyer les documents au procureur du Faso. « Nous l’avons également envoyé au ministre en charge des finances qui alimente ce compte 49 pour que ce ministère chargé de gérer toutes les finances du Burkina dise son mot, nous donne des orientations, des indications, des recommandations pour que nous puissions être performants dans la gestion du compte 49 au niveau de la direction générale de la police nationale », a-t-il indiqué.

Wakilou Sénou SG UNAPOL

Du coté de l’Union de la police nationale (UNAPOL), le rapport de l’enquête sur la gestion de ce compte est loin d’être satisfaisant. Le principal reproche est que ce rapport de 2014 à 2016 ne prend en compte que la gestion d’une seule personne alors que le fonds existe depuis 1979. L’UNAPOL veut donc voir clair dans la gestion de ce compte depuis sa création. « C’est largement insuffisant. Le compte 49 existe depuis 1979 et il a été rebaptisé en 2003 et actuellement nous sommes en 2017. De 1979 à 2017, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. La situation réelle, actuelle du compte 49, le montant qui existe dans le compte ne nous a pas été présenté et nous estimons que c’est un manque de transparence et il n’y a pas lieu de se jeter dans une autosatisfaction pour dire qu’il y a eu de la transparence », s’est désolé le secrétaire général du syndicat de la police, le commissaire Sénou Wakilou.

« La principale raison invoquée pour justifier la période d’investigations (2014-2016) est le problème d’archivage des documents au niveau de la direction générale de la police nationale où les investigations ont été menées ; problème qui ne concerne pas seulement que la direction de la police mais l’ensemble de l’administration burkinabè », a indiqué le ministre en charge de la sécurité.

Maxime Jean-Eudes BAMBARA (Stagiaire)
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