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Académie de Police : Les soutenances des premiers élèves commissaires ont commencé

Publié le mardi 13 juin 2017 à 22h25min

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Académie de Police : Les soutenances des premiers élèves commissaires ont commencé

C’est parti pour les soutenances publiques de la 1re promotion d’élèves commissaires de l’Académie de Police. Et c’est l’impétrant Tiendrébéogo Dakiswendé Sylvain Moïse qui a ouvert le bal avec son mémoire sur le thème « Intégrisme islamique et menaces terroristes au Burkina Faso ». C’était ce mardi 13 juin 2017 au sein de l’Académie, en présence du secrétaire général du ministère de la sécurité, Abdoulaye Ouédraogo, et de la hiérarchie policière.

C’est un rite de passage obligé. Pour être jugé digne du diplôme de l’Académie de Police, tout élève commissaire de Police doit valider son mémoire de fin de cycle qui constitue l’un des sept modules dispensés à l’Académie. Pour cette première cuvée, 45 impétrants seront appelés à la barre, du 13 au 16 juin 2017, pour défendre le fruit de deux années de dur labeur. Les thèmes qui seront abordés s’inscrivent, selon le directeur de l’Académie de Police, le Commissaire divisionnaire Hamadou Guigma, dans six grandes catégories de problématiques actuelles. Il s’agit du terrorisme et de l’extrémisme religieux violent, des groupes d’autodéfense ou Koglwéogo, des droits humains et des libertés publiques, de la sécurité publique, de la gestion des ressources humaines, et de l’administration de la police nationale. Pour la soutenance inaugurale, c’est le délégué général de la promotion, Tiendrébéogo D. S. Moïse qui s’est jeté à l’eau face à un jury présidé par Zango Roger, commissaire de Police à la retraite.

Les 45 élèves commissaires de l’Académie de Police

« Intégrisme islamique et menaces terroristes au Burkina Faso ». C’est le thème du mémoire présenté par l’impétrant. Pourquoi un tel thème ? « La cohabitation religieuse est une réalité au Burkina Faso et la famille aide à entretenir cette cohabitation. Mais, comment se fait-il qu’aujourd’hui, il y ait des signes d’intolérance, des discours religieux radicaux qui engendrent par moments des violences ? » Telle est la question que l’élève commissaire dit s’être posée avant de s’intéresser à un sujet aussi sensible que l’intégrisme islamique, même s’il reconnait que l’intégrisme existe dans toutes les religions.

Populations enquêtées

Tiendrébéogo Moise lors de la phase des questions

Faisant un bref rappel historique de l’attaque des deux tours jumelles, le 11 septembre 2001, de la réplique offensive des Occidentaux au Proche Orient, de la montée du terrorisme au Mali, de l’attaque du Cappuccino et de Splendid Hôtel qui a occasionné une trentaine de morts, le 15 janvier 2015, Tiendrébéogo Moïse s’interroge dans son mémoire sur l’ampleur de l’intégrisme religieux et des menaces terroristes au Burkina Faso. Et comme outils de collecte de données, l’impétrant a utilisé le questionnaire et l’entretien. Le questionnaire a porté sur un échantillon de 146 personnes constituées de fidèles musulmans, des forces de défense et de sécurité, des citoyens ordinaires. Quant à l’entretien, il a été réalisé avec trois leaders religieux, un islamologue et un responsable du Conseil supérieur de la Communication.

Perception du phénomène

Le Secrétaire général (3e à partir de la droite en Faso Dan fani) a présidé la cérémonie de lancement des soutenances

Selon les résultats de son enquête, 15,61% des fidèles musulmans enquêtés pensent que l’islam intransigeant est à l’origine de l’intégrisme islamique et du terrorisme tandis que 31,25% indexent l’islam radical et 23,43% accusent l’action des prêcheurs étrangers. Aussi, il ressort que 95% des citoyens ordinaires estiment qu’il existe de véritables signes d’intégrisme au Burkina Faso contre 5% qui pensent le contraire. Par contre, 50% des musulmans n’ont pas voulu se prononcer sur la question. Existe-t-il des lieux susceptibles de pratiques de discours intolérants ? A cette question, l’impétrant souligne que les fidèles musulmans et les citoyens ordinaires ont indexé les mosquées, les foyers coraniques, les rues, etc.

Recommandations

Pour lutter contre cet intégrisme islamique, l’impétrant recommande aux autorités de cartographier les différents lieux de culte et règlementer leur ouverture, de fichier tout prêcheur étranger qui vient prêcher au Burkina, de revisiter le dispositif sécuritaire ainsi que les attributions des différentes forces de sécurité et enfin de sensibiliser les populations à maintenir cette cohésion sociale et religieuse, marque du peuple burkinabè.

« Soutenance stressante, mais gratifiante »

Photo de famille

16/20 avec mention Très bien. C’est la note donnée par le jury à l’élève Commissaire Tiendrébéogo à l’issue de la soutenance que l’impétrant lui-même a qualifiée de stressante mais gratifiante. Un stress qui a également été présent lors de la rédaction du mémoire et des enquêtes. Des difficultés, l’impétrant confie en avoir rencontrées avec l’indisponibilité de certaines personnes ressources comme le directeur général des libertés publiques et des affaires politiques. Soit. Ce document après la prise en compte des remarques et suggestions des membres du jury viendra enrichir la bibliothèque de l’Académie de Police qui aspire à être, selon le secrétaire général du ministère de la sécurité, « un centre de référence nationale et internationale sur les questions de sécurité tant au plan de la formation qu’à celui de la recherche ».

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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