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Débat sur le franc CFA : Le front anti-CFA a mobilisé ses troupes à Ouagadougou

LEFASO.NET | Aïssata Laure G. SIDIBE

Publié le lundi 22 mai 2017 à 01h35min

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Débat sur le franc CFA :  Le front anti-CFA a mobilisé ses troupes à Ouagadougou

Kemi Seba le président de Urgences panafricanistes ne jure que pour la création d’une monnaie unitaire africaine. Ainsi, après le Tchad, le porte-parole du front anti-CFA a déposé son baluchon à Ouagadougou le 17 mai dernier. Dans le cadre de ses activités, il a animé une conférence débat, le samedi 20 mai 2017, sur la thématique du franc CFA. Selon le leader panafricaniste, aucun peuple ne peut décider de sa destinée tant qu’il ne maîtrise pas son économie. Dans cette dynamique, il s’est donné pour mission de sensibiliser la jeunesse africaine en premier lieu avant d’actionner le levier à travers « une résistance civique » contre les chefs d’Etat qui ne s’activeront pas pour une sortie du F CFA.

C’est dans une salle de conférence du CBC pleine à craquer que le principal porte-parole du Front anti CFA, Kemi Seba a animé sa conférence publique. Il était entouré entre autres de leaders d’Organisations de la société civile dont Hervé Ouattara.
Pendant plus de 2 heures, il a échangé avec l’assemblée, constituée de jeunes en majorité, sur le franc CFA, après avoir expliqué qu’il constitue l’un des derniers vestiges du colonialisme.

Parti du principe qu’aucun peuple ne peut décider de sa propre destinée tant qu’il ne maîtrise pas son économie, il a alors déploré le fait que l’économie africaine soit régulée par l’autorité française. Dans l’optique de faire « bouger les lignes », les leaders de la lutte ont décidé de sortir des thématiques jugées « élitistes » pour les mettre dans la rue, auprès du peuple de telle sorte que chacun puisse se les approprier.

« Lorsqu’on a lancé cet appel, nous ne pouvions pas imaginer que nous serions autant soutenu par différentes organisations et populations du continent africain, qui ont compris la nécessité de sortir aujourd’hui plus que jamais de cette paralysie monétaire », s’est-il réjoui. Cette lutte, à en croire le porte-parole du Front anti-CFA, va se matérialiser par la sensibilisation, la mobilisation, mais aussi le dialogue avec les autorités.

La visite au Burkina Faso s’inscrit dans cette dynamique mais surtout parce que « le Burkina Faso tout comme le Tchad, s’est positionné en tant qu’entité voulant sortir du F CFA. (…) ». Est-ce que les conditions sont réunies pour tourner le dos au franc CFA ? Répondant à cette préoccupation, Kemi Seba estime qu’« entre la stabilité de l’esclavage monétaire et l’instabilité de la liberté, nous devront être prêts pour tenter l’instabilité de la liberté pour par la suite pouvoir réguler notre situation et connaitre un équilibre réel économique comme toutes les autres nations ». Car, convaincu que les pays concernés par le F CFA ne seront jamais suffisamment prêts pour quitter la plantation. « Il faut tenter, il faut tomber pour être capable de se relever », insiste-t-il.

« La France n’a aucun intérêt à scier le banc sur lequel elle est assise »

L

a France ne s’est pas prononcée sur le F CFA pendant des années, selon Kemi Seba. « Mais lorsqu’elle a vu le degré de mobilisation de la zone franc pour se faire attendre, elle a compris que les africains risquent de se réveiller et de se rebeller », confesse-t-il. Dans une tentative d’apaisement, François Holland a affirmé « qu’il appartient aux africains de prendre la décision et non à la France ». Il s’agit d’une proposition « du renard », de l’avis du porte-parole du Front anti-CFA. Car, « ils n’ont aucun intérêt à scier le banc sur lequel ils sont assis ». Pires, « rien ne se fera en pensant que ces derniers vont nous aider à quitter une plantation qui leur fournit leur puissance et qui nous appauvrit ». Présent dans la capitale du cinéma africain, Kemi Seba dit ne pas tenir compte de « leur cinéma ».

Il recommande plutôt aux Africains d’écrire leur propre script pour « ne plus être des figurants dans leur propre film ».

Aussi, si rien n’est fait dans le sens de ses doléances, le Front anti-CFA entend engager une « résistance civique » dans les pays où les chefs d’Etat ne voudront pas s’activer sur la thématique. Ainsi, il sera mené une « campagne contre eux pour qu’ils ne puissent pas gagner les élections lorsqu’ils se représenteront ».

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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