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DABO Boukary : L’ANEB exige l’arrestation et le jugement des commanditaires et complices de son assassinat

Déclaration du comité exécutif de l’ANEB à l’occasion du 19 mai 2017

Publié le samedi 20 mai 2017 à 00h28min

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DABO Boukary : L’ANEB exige l’arrestation et le jugement des commanditaires et complices de son assassinat

Camarades étudiantes et étudiants,
Le 19 mai 2017 marque le 27ème anniversaire de l’assassinat odieux de notre camarade DABO Boukary. En rappel, DABO était étudiant en 7e année de médecine à l’Université de Ouagadougou lorsqu’il a trouvé la mort dans les locaux du tristement célèbre Conseil de l’Entente, caserne de l’ex Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP). Mais que s’est-il réellement passé en mai 1990 ?

L’année 1990 était marquée par une situation particulière. D’une part, le Burkina Faso était dirigé par un régime d’exception en l’occurrence la dictature militaire du front populaire. A l’université de Ouagadougou, les relais locaux du pouvoir dénommés Comités Révolutionnaires(CR), véritables milices, avaient confisqué les libertés syndicales. Ces comités étaient en réalité un véritable échelon administratif qui pouvait accorder et interdire à leur guise les activités des organisations démocratiques des étudiants notamment l’ANEB.

D’autre part, les assises nationales sur le Programme d’ajustement structurel (PAS) se sont tenues en mars de la même année. Ses premières mesures se faisaient déjà sentir à l’université de Ouagadougou, notamment à l’Institut des Sciences de la Nature/ Institut de Développement Rural (ISN/IDR), actuel UFR/SVT où la situation était caractérisée par un système d’examen ultra sélectif et des échecs académiques massifs.

C’est dans un tel contexte que sur invitation de leur corporation, les étudiants de l’ISN/IDR se retrouvèrent en Assemblées Générales (AG) le 03 mai puis le 15 mai 1990 pour discuter de leurs conditions d’études malgré les manœuvres de l’administration pour empêcher leur tenue. Ce succès a suscité le courroux du Directeur de l’ISN/IDR à l’époque, le Pr Alfred S TRAORE, ex député du Congrès pour la Démocratie et du Progrès (CDP) à l’Assemblée Nationale, qui multiplia mensonges et provocations à l’endroit de la corporation.

Le soir du 15 mai une vaste campagne mensongère accusant la corporation ANEB d’agression d’enseignants, de perturbation de cours, d’occupation illégale de salle etc. fut orchestrée à la télévision et à la radio nationale par les sieurs BAMBA Mamadou, à l’époque secrétaire du bureau des Comités Révolutionnaires/UO, devenu porte-parole des putschistes du défunt Conseil National de la Démocratie(CND) en septembre 2015, Nindawa Alain SAWADOGO, à l’époque recteur de l’UO et Mouhoussine NACRO, à l’époque Ministre des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique. Cette campagne sera couronnée par l’exclusion du bureau de la corporation de l’ISN/IDR, du comité exécutif de l’ANEB et de deux militants de base ; suscitant promptement dès le 16 mai 1990 une marche de protestation en direction du Rectorat actuelle présidence de l’UO.

Cette marche fut réprimée par un commando militaire sur ordre du sieur Salifou DIALLO, actuel Président de l’Assemblée Nationale, à l’époque conseiller à la Présidence du Faso, aidé par le recteur Alain Nindawa SAWADOGO en treillis militaire, pistolet au poing et les CR dont les figures de proue étaient : BAMBA Mamadou, BANCE Soumaila, TAO Yandekoye, HIEN Lin etc.

Il s’en suivit une avalanche de courses-poursuites, bastonnades à sang, perquisitions illégales à domiciles, arrestations et détentions arbitraires, tortures dans des centres de détention, enrôlement de force dans l’armée, coupure de bourses, exclusion de l’UO etc. Le sieur Salifou Diallo a d’ailleurs reconnu dans la presse avoir été sous un arbre au moment de la répression à l’université. Mais que faisait un conseiller du Président du Faso à l’université dans ces circonstances précises ? L’on s’interroge ! C’est dans un tel contexte de répression inouïe que DABO sera enlevé le 19 mai 1990, conduit dans les locaux du Conseil de l’Entente et torturé à mort.

Camarades étudiantes et étudiants,
Un quart de siècle après ce crime odieux et malgré les longues années de lutte de notre peuple et sa jeunesse estudiantine, les régimes Compaoré et de la Transition n’ont véritablement rien fait pour la manifestation de la vérité dans le dossier DABO. Le pouvoir du MPP n’a pas non plus la volonté ferme d’élucider les circonstances de ce crime. En témoigne l’actualité nationale qui est marquée par des manœuvres politico-médiatiques en vue d’une réconciliation nationale entre les différentes fractions de la bourgeoisie aux dépens des intérêts du peuple. Pourtant le pouvoir MPP annonçait le début des jugements des dossiers Norbert Zongo, Dabo Boukary, Thomas Sankara, mais que nenni.

Mais rien d’étonnant à ce fait, car l’on se rend compte que nombre d’acteurs du régime RSS ont été des animateurs de premier plan du régime mafieux de Compaoré qui a torturé, tué et brulé des démocrates et patriotes de notre pays dans l’optique de conserver leur pouvoir et leurs privilèges. Mieux, ils espèrent échapper à la justice grâce aux privilèges et immunités du pouvoir d’Etat auquel ils entendent s’accrocher jusqu’à leur mort. Mais notre peuple et sa jeunesse estudiantine ne sont pas dupes, les pardons et réconciliations sur le dos du peuple ne passeront pas, les criminels répondront de leurs actes tôt ou tard.

C’est pourquoi en cette 27è journée de l’Etudiant Burkinabè, l’ANEB :
 Exige du pouvoir et de la justice l’arrestation, le jugement et le châtiment des commanditaires et complices de cet assassinat ;
- Appelle l’ensemble des étudiants à se démarquer des manœuvres politiques actuelles qui visent à consacrer l’impunité et à sacrifier la vérité sur l’autel des intérêts des classes dirigeantes ;
 Appelle à poursuivre la lutte pour le jugement du dossier DABO et des autres crimes de sang.

Par ailleurs l’ANEB appelle les étudiants à participer massivement aux activités commémoratives du 19 mai 2017 :
 Grève générale de 48H les 19 et 20 mai 2017 ;
- Grand forum sur l’impunité à la maison du peuple le 19 mai 2017 de 8H à 12H ponctuée de la prestation de la chorale de l’UGEB ;
 Marche-Meeting à la maison du peuple le 20 mai 2017 : rassemblement des étudiants au terrain DABO BOUKARY à 7H et marche à la maison du peuple à 8H pour le meeting ;
 Exposition photos et commentaires des archives sur les luttes historiques de notre peuple et la jeunesse estudiantine le 20 mai 2017 à partir de 8H à la maison du peuple ;
 Tournoi DABO le 20 mai 2017(Nuit Maracaña) de 16H à l’aube ;
 Prestation du club taekwondo et de la troupe théâtrale de l’UGEB au terrain sport de l’UFR SVT le 20 mai 2017 à 16H.

Mobilisons-nous pour le succès de la journée de l’Etudiant Burkinabè !

Vérité et justice pour DABO Boukary et toutes les victimes des crimes de sang !

Ni sommeil ni impunité pour les commanditaires, complices et assassins de DABO !

Pain et Liberté pour le Peuple !

Ouagadougou le 17 mai 2017

Le Comité Exécutif

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