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Equilibre et pluralisme de l’information dans les médias publics : Tout est pour le mieux, selon le CSI

Publié le jeudi 2 juin 2005 à 07h44min

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Le président du Conseil supérieur de l’Information (CSI), accompagné de Joseph Kahoun de l’Information, a animé une conférence de presse sur l’équilibre et le pluralisme de l’information (politique) dans les médias. C’était le 31 mai en présence des journalistes et des responsables de médias publics.

"Le Conseil supérieur de l’information se trouve une fois de plus interpellé par des partis politiques et même par une certaine opinion publique qui jugent la couverture médiatique des activités politiques disproportionnée...Le CSI a été saisi par une coalition de partis de l’opposition qui s’estime lésée au bénéfice de la mouvance présidentielle dont les activités organisées en faveur de leur candidat seraient largement couvertes par les médias publics...".

C’est donc pour recadrer le débat sur la question que l’instance de régulation a invité la presse pour y livrer son approche qu’elle estime fondée sur la pédagogie et la concertation. Déjà en avril 2004, l’ensemble des médias publics et privés avaient été conviés à une rencontre de concertation qui"avait pour but de les exhorter à tout mettre en œuvre afin que l’équilibre de l’information soit assuré dans leurs organes".

Pour le président du CSI, toute régulation inscrit son action dans le droit où aucun acteur, groupe social ou politique ne doit être exclu.

Le CSI qui travaille à rassurer l’ensemble de la classe politique burkinabè de sa neutralité, ne peut fixer en période hors électorale, des quotas pour chaque groupe. Dans cette période hors électorale, l’institution de Luc Adolphe Tiao, chaque fois qu’elle a été saisie par des partis politiques n’ayant pas eu droit à des couvertures médiatiques, a toujours pris l’initiative d’approcher les médias indexés afin que le tort soit réparé. Nous ne sommes pas en période de campagne électorale, mais cette conférence de presse situera les uns et les autres pour une utilisation équilibrée et efficiente de la presse en toutes périodes surtout électorales.

Fernando GUETABAMBA


Synthèse des temps d’antenne et de parole par acteur

Période : avril 2005

Organe : RNB

ActeursTemps d’antenne Temps de parole
Mouvance présidentielle valeur valeur
ABC 37’25" 05’55"
MNSCBC 03’21" 28’15"
CDP 58’08" valeur
valeur valeur valeur
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Déclaration du président du CSI, M. Luc Adolphe TIAO

Monsieur le ministre de l’Information

Messieurs les directeurs des organes de la presse écrite et audiovisuelle

Mesdames et messieurs les journalistes

Luc Adolphe Tiao, président du CSI Le Conseil supérieur de l’information se trouve une fois de plus interpellé par des partis politiques et même par une certaine opinion publique qui jugent la couverture médiatique des activités politiques disproportionnée. Il s’agit notamment des manifestations liées au prochain scrutin présidentiel.

En effet, le CSI a été saisi par une coalition de partis de l’opposition qui s’estime lésée au bénéfice de la mouvance présidentielle dont les activités organisées en faveur de leur candidat, seraient largement couvertes par les médias publics.

Constatant les risques de déséquilibre qui pourraient survenir dans le traitement de l’information au cours des futures échéances électorales, le Conseil avait déjà convié, le 14 avril 2005, l’ensemble des directeurs des médias publics et privés à une rencontre de concertation qui avait pour but, de les exhorter à tout mettre en œuvre afin que l’équilibre de l’information soit assurée dans leurs organes.

Le Conseil supérieur de l’information, constant dans son approche fondée sur la pédagogie et la concertation, vous a invités une fois de plus parce qu’il a estimé nécessaire de recadrer le débat sur la question.

Toute régulation, faut-il le rappeler, inscrit obligatoirement son action dans le droit. Aucune instance, aussi indépendante soit-elle, ne saurait agir en dehors de la légalité. C’est dire que l’institution s’appuie notamment sur la Constitution, le code de l’information, la loi 020- 2000/AN portant création, composition, attributions et fonctionnement du CSI pour veiller à l’application de la législation et de la réglementation relative à l’information au Burkina Faso.

S’agissant particulièrement de la gestion de l’information en période électorale, l’alinéa 8 de l’article 17 de la loi 020 stipule que le CSI “ fixe les règles concernant les conditions de production, de programmation, de diffusion des émissions et des articles relatifs aux campagnes électorales par les sociétés et entreprises des organes de presse écrite et de la radiodiffusion sonore et télévisuelle d’Etat en conformité avec les dispositions du code électoral ”. Les articles 138 à 144 du code électoral traitent de cette question en ce qui concerne la présidentielle.

Maintenant en période hors électorale, la loi donne deux compétences essentielles au Conseil supérieur de l’information. Il s’agit de :

- l’article 19 qui stipule que : “ le Conseil Supérieur de l’Information veille par ses recommandations, au respect du pluralisme et de l’équilibre de l’information dans les programmes des sociétés et entreprises publiques et privées des organes de presse écrite et de la radiodiffusion sonore et télévisuelle ” ;

- l’article 21 qui stipule que : “ le CSI garantit l’égalité d’accès des partis politiques, des associations professionnelles, des syndicats et des composantes de la société civile à la presse écrite et aux médias audiovisuels publics ”.

Au regard de ce qui précède, le Conseil a joué le rôle qui est le sien, en interpellant les médias sur ces questions importantes. Aussi, à chaque fois que nous avons été saisis par des partis politiques qui s’estiment lésés, parce que n’ayant pas eu droit à la couverture médiatique de leurs activités, notre institution a toujours pris ses responsabilités en approchant les médias indexés afin que le tort soit réparé. Nous tenons ici à le réaffirmer : pour nous, aucun acteur, aucun groupe politique ou social ne doit être exclu des médias publics en raison de ses idées.

Aussi, face aux récriminations actuelles, le CSI estime qu’il est injuste de le tenir pour responsable des discriminations faites à certains acteurs dans les médias publics.

En effet, la question de l’équilibre de l’information surtout en période hors électorale, est très complexe dans notre contexte. Peut-on ou doit-on la concevoir en termes mathématiques ?

L’équilibre véritable n’est possible que dans un environnement social où les actions et activités des différentes forces en présence s’équilibrent plus ou moins. Or, nous constatons que sur le plan strictement politique, les activités des partis politiques sont très contrastées. A cet effet, il est important de noter que les précédents rapports publics et certains rapports mensuels d’observation des médias ont montré que le déséquilibre de l’information était souvent en faveur des partis de l’opposition.

Sur ce plan, les statistiques du mois d’avril et probablement ceux du mois de mai laissent en effet, entrevoir que la couverture des activités de la majorité au pouvoir dépasse largement ceux de l’opposition, toutes tendances confondues.

Tout en comprenant cette situation, les médias ne doivent pas se laisser guider uniquement par la forte demande des plus nantis financièrement ou des plus entreprenants. Ils ont l’obligation d’assurer le pluralisme et l’équilibre de l’information en développant eux-mêmes des initiatives courageuses en vue de prendre en compte les différentes composantes politiques de la société.

Car en l’absence des cahiers de charges et de missions des médias publics, le CSI ne peut fixer en période hors électorale des quotas précis pour chaque groupe d’acteurs dans une période précise ; ceci en vue de respecter les principes de pluralisme et de l’équilibre de l’information tels qu’énoncés dans la loi.

Par ailleurs, je me dois de rappeler que nous ne sommes pas encore en période de campagne électorale telle que fixée par la loi où l’institution peut et doit faire valoir ses prérogatives en fixant les règles du jeu pour tout le monde. Si la propagande politique pour les élections s’est annoncée plus tôt, en projetant les citoyens dans une ambiance de campagne électorale, il est de la responsabilité des acteurs politiques de tous les bords qui ont mobilisé leurs militants et focalisé leurs luttes politiques sur l’élection présidentielle depuis plusieurs mois déjà.

Quoiqu’il en soit, le Conseil supérieur de l’information, sur la base de ses compétences, continuera à en appeler vivement au sens de responsabilité de tous les directeurs des médias afin qu’ils veillent au pluralisme et à l’équilibre de l’information. Cet équilibre doit se faire dans l’équité. En tout état de cause, on ne saurait interdire la couverture des activités d’une partie de la classe politique sous le prétexte qu’elles constituent des activités de campagne.

Le faire, c’est brimer tout autant une partie du peuple dans son droit à l’information et à la libre expression. De même, on ne peut pas non plus censurer des activités en invoquant le fait qu’elles viendraient de l’opposition. La Constitution de notre pays reconnaît à tous et à chacun les mêmes droits et particulièrement, le droit à la libre expression dans le strict respect de la loi.

Nous souhaitons donc que chacun comprenne son rôle et sa responsabilité en cette période charnière. Le Conseil supérieur de l’information, pour sa part, voudrait rassurer l’ensemble de la classe politique de sa parfaite neutralité. Il agit et continuera d’agir conformément à la loi et aux textes en vigueur.

Nous avons noté depuis notre appel du 14 avril dernier que des efforts ont été faits par les responsables des médias publics pour corriger les déséquilibres. Nous les exhortons une fois de plus à poursuivre dans ce sens en s’imposant des mécanismes d’autorégulation.

Je voudrais, dans ce sens, suggérer aux médias publics et même, privés, de s’inspirer de l’exemple de Sidwaya pour faire recours au service d’un médiateur indépendant pour les amener à travailler dans l’intérêt de leur public et également dans le sens du service public.

Avant de clore mon propos, je tiens à saluer la présence du ministre de l’Information dont je suis certain, partage nos préoccupations. Je le félicite d’autant plus qu’en excellent professionnel, il a pris des initiatives courageuses tendant à garantir la liberté de la presse et à faire respecter les recommandations du CSI sur l’égalité d’accès, le pluralisme et l’équilibre de l’information dans les médias publics.

Je vous remercie !

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