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Roch Audacien Damiba, Conseiller conjugal : "Je ne me rappelle plus le nom de mon parti politique"

Publié le samedi 14 mai 2005 à 08h52min

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Roch Audacien Damiba est conseiller conjugal avant de s’installer à Niamey (Niger), où il dirige une radio locale, il a occupé plusieurs fonctions dans son pays, le Burkina. Dans cet entretien à bâtons rompus, M. Damiba parle de ses activités à Niamey et de ses projets.

Sidwaya Plus (S.P.) : Pourquoi avez-vous préféré partir du Burkina Faso pour vous établir au Niger ?

Roch Audacien Damiba (R.A.D) : Ce sont les motivations qui m’ont conduit à choisir le Niger. C’est un pays que je connais très bien. Niamey est une ville que je connais. Ma femme est une Nigerienne. Je me sentais plus à l’aise de m’y installer car j’y ai beaucoup de relations. Donc je pouvais m’intégrer plus facilement dans la société nigérienne.

S.P : L’ouverture d’une radio nécessite de l’argent et du matériel. Alors comment avez-vous procédé ?

R.A.D : Officiellement, la "Radio Espoir" appartient à une ONG. Il a fallu passer par cette étape pour pouvoir mettre la radio en place. L’ONG que nous avons créée s’appelle MEDEV (Média Développement). Nous ne voulons pas nous arrêter en si bon chemin parce que dans les projets du MEDEV, nous avons prévu non seulement la radio (qui est déjà effective), mais aussi la création d’un journal qui va s’appeler "Espoir" et une station de télévision. Ce sont des ambitions et des vœux. Il est toujours permis de rêver. Dieu voulant, nous pensons que d’ici là, nous allons créer la "boutique Espoir’’, pour vendre surtout du matériel informatique. Ce projet devrait voir le jour dans 2 ou 3 mois.

S.P. : Il y a déjà une dizaine de radios au Niger. Comment faites-vous pour vous en sortir ?

R.A.D. : En matière de radio, les possibilités d’affaires ne manquent pas. Il faut être créatif. On peut toujours avoir sa place même quand il y a une multitude de radios. Nous sommes la plus jeune radio qui vient de s’installer. Nous existons officiellement depuis le 27 novembre 2004, date de l’inauguration. Nous n’avons pas craint de nous installer parce qu’il y avait déjà plus d’une dizaine de radios sur la place.

Après quelques mois d’existence, nous voyons que nous avons notre raison d’être. Nous avons acquis nos lettres de noblesses.Ce n’est pas trop nous vanter car les échos que nous avons montrent bien que si la radio "Espoir" n’existait pas, il fallait la créer. Nous avons un très grand auditoire, nous couvrons pratiquement 60 à 70 km autour de Niamey et nos programmes sont très appréciés des auditeurs. On ne craint pas. Il faut se battre, d’autant plus qu’il n’y a rien de définitivement acquis pour une radio commerciale.

S.P. : Vous êtes installé à Niamey et pourtant vous menez toujours des activités à Ouaga. Comment faites-vous pour maintenir votre présence sur ces deux fronts ?

R.A.D : Depuis que je suis là, pratiquement tous les mois je vais à Ouaga pour 48 h, les lecteurs de "Sidwaya Plus’’ se rendent compte que le conseiller conjugal que je suis continue d’écrire. J’ai toujours des articles qui paraissent dans "Sidwaya Plus’’ et dans "Sidwaya Magazine’’. C’est vrai que l’on ne me voit pas à la télévision comme auparavant, mais par mes écrits je suis toujours présent au Burkina Faso. Et, quand j’ouvre mon email, je me rends compte qu’il y a beaucoup de personnes qui lisent mes articles. Il y a beaucoup de réactions à la suite des articles. En plus, Niamey - Ouaga, ce n’est pas de l’autre côté de la mer. En moins d’une journée, la distance est parcourue. Je suis fréquent au Burkina Faso et mes activités continuent dans ce pays.

S.P. : Connaissez-vous des Burkinabè qui exercent dans le même domaine que vous au Niger ?

R.A.D : A Niamey, il est vrai qu’il y a des Burkinabè. Ils sont pour la plupart dans le secteur informel. Mais il y a aussi des fonctionnaires internationaux qui travaillent dans les organismes. Dans le domaine de la communication en tant que tel, je n’en connais pas beaucoup. Ceux que j’ai rencontrés, qui travaillent dans la presse se sont naturalisés et évoluent le plus souvent dans la presse publique.

S.P. : Comment feriez-vous l’environnement médiatique, la liberté d’expression au Niger ?

R.A.D. : Concernant la liberté d’expression, je dois dire qu’à notre installation, nous nous sommes tout de suite affiliés à certaines associations de la place, notamment l’association des promoteurs de télé et de radios du Niger. Jusque là, nous n’avons jamais été inquiété sur quoi que ce soit dans l’exercice de notre fonction. Je peux dire que de façon globale la situation au Niger est satisfaisante.

S.P. : Le métier de conseiller conjugal ne nourrit-il pas son homme au point que vous vous tournez vers la radio "Espoir" ?

R.A.D : C’est une très belle question. Je dois dire qu’au Burkina j’avais ouvert mon cabinet. D’ailleurs, je compte l’ouvrir à Niamey. Les démarches sont bien engagées.

Il y a deux difficultés majeures. Le conseiller conjugal est sollicité par beaucoup de gens parce que les problèmes de foyer, il y en a toujours. Mais malheureusement, contrairement aux pays anglophones, et même aux pays occidentaux en général, l’activité n’est pas bien vue encore, en ce sens que les gens ont tendance à voir au conseiller conjugal un marabout ou encore un féticheur. Ils viennent exposer leurs problèmes et tout de suite ils veulent une solution miracle. Or, moi en tant que sociologue, je fais des investigations. J’ai besoin d’avoir un certain nombre d’éléments. Cela prend beaucoup de temps. Souvent les gens ne sont pas patients. Ils sont trop pressés. Quand les gens viennent à moi, je ne leur dis jamais que je vais résoudre leurs problèmes, parce que des fois, les problèmes sont très complexes. De deux, dès lors que vous dites : "ouvrez un dossier avec telle somme" (il faut ouvrir un dossier pour que nous puissions commencer les travaux. Je dois par exemple téléphoner ou envoyer des gens faire des enquêtes, ce qui demande des frais). Ils disent qu’ils partent et qu’ils reviennent prochainement. Mais soyez sûr qu’ils ne reviendront pas. Après l’ouverture du dossier, généralement à la clôture du dossier nous leurs indiquons le reste des frais à payer. Et là, ils ne sont pas nombreux ceux qui reviennent, dès que leurs problèmes sont résolus. Pour répondre directement à votre question, je dis que c’est très difficile de pouvoir fonctionner parce que je dois faire face à un certain nombre de dépenses. Et au rythme auquel on allait, j’avais eu peur à un certain moment de perdre de ma crédibilité. Parce que je crains que les gens disent que j’ai pris leur argent, mais que je n’ai pas résolu leur problème. Cependant, je n’ai pas de solution miracle, je fais ce que je peux. Souvent, des gens viennent vers moi déjà avec des aprioris. Ils viennent plutôt pour demander au conseiller d’être de leur bord pour condamner l’autre partie. Tel n’est pas notre rôle ! Je ne suis pas juge ! Mon objectif est de réconcilier les gens. Bien qu’établi au Niger, je n’ai pas du tout abandonner le métier de conseiller conjugal. Ici j’ai pris contact avec un notaire qui est en train de travailler sur le dossier. Incessamment, je vais ouvrir mon cabinet ici à Niamey.

S.P. : Au Burkina Faso vous étiez également engagé dans la politique. Le fait de vous installer au Niger signifie-t-il que la politique c’est du passé.

R.A.D. : (Rires). Je vais vous répondre en me référant à la même question qui m’avait été posée en son temps par Mme Mafarma Sanogo lors d’une émission. Je lui disais que je ne me rappelais même pas le nom du parti auquel j’ai appartenu. J’ai mis un terme à cette affaire.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
Sidwaya

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