LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Bobo-Dioulasso : Le syndicat burkinabè des magistrats plaide pour une justice indépendante

Publié le lundi 27 juin 2016 à 00h23min

PARTAGER :                          
Bobo-Dioulasso : Le syndicat burkinabè des magistrats plaide pour une justice indépendante

« La justice post-insurrectionnelle au Burkina Faso : enjeux, défis et perspectives » est le thème de la 15ème assemblée générale du Syndicat burkinabè des magistrats (SBM). La cérémonie d’ouverture des travaux a eu lieu, samedi 25 juin 2016 à Bobo-Dioulasso en présence d’autres représentants des syndicats de magistrats et des auxiliaires de justice.

Cette 15ème assemblée générale a pour ambition de soumettre à l’appréciation des militants le bilan du conseil syndical depuis son élection le 28 février 2015. Il intervient, explique Moriba Traoré, secrétaire général du SBM, dans un contexte particulier à savoir celui de l’après insurrection populaire d’octobre 2014. « Dans la mesure où la justice faisait partie du box des accusés, il nous faut, si nous voulons faire comprendre que la voix de l’insurrection a été audible pour nous, oser, non seulement la réflexion sincère, mais également, l’accompagner d’actions courageuses », a laissé entendre le SG. Ce qui justifie aisément le choix du thème suscité.

Au cours donc des échanges, il s’agira, à en croire Moriba Traoré, de se pencher sur la vaste gamme des éléments dont la prise en compte s’avère nécessaire pour tenir compte de l’esprit insurrectionnel. « Que n’a-t-on pas dit sur la justice burkinabè ? » se demande le SG. Justice « politisée », « instrumentalisée », « corrompue », « opaque », sont entre autres déterminants qui ont été parfois utilisés sur la justice burkinabè. Alors, poursuit M. Traoré, la notion de justice politisée ou instrumentalisée pose la problématique de l’indépendance de la justice.

D’énormes progrès ont toutefois été faits avec la Transition à travers, par exemple,
  la déconnexion du Conseil supérieur de la magistrature de l’exécutif,
  la suppression de l’intervention du ministre de la justice dans la notation des magistrats et de son autorité même sur les magistrats du parquet.

Sauf que des précisions s’avèrent importantes pour permettre à cette indépendance de produire entièrement ses effets. Par exemple, la déconnexion du Conseil supérieur de la magistrature ne produira des effets que si elle est soutenue par une autonomie financière. En clair, le pouvoir exécutif ne devra point financer les sessions que lorsque l’ordre du jour est conforme à ses attentes, qui malheureusement sont souvent éloignées des exigences de l’indépendance de la justice. A cela s’ajoute la nécessité pour chaque magistrat d’assumer parfaitement n’ayant pour seule autorité que celle de la loi, etc. L’indépendance de la justice, selon Moriba Traoré doit aujourd’hui être plus qu’une réalité.

Les koglwéogo ne doivent pas avoir droit de cité

Groupe d’autodéfense qui défie parfois l’autorité, la question des koglwéogo a été abordée lors des échanges de la 15ème session de l’AG de la SBM. Pour Pascal Minougou, secrétaire chargé des relations extérieures du syndicat autonome de la magistrature Burkinabè (SAMAB), la position des magistrats est claire : « Il n’est pas concevable qu’au Burkina, de tels groupes puissent avoir droit de cité. Le Burkina, ajoute Moriba Traoré est un Etat démocrate où existent des textes de lois, lesquels doivent être appliqués pour la sécurisation du pays. Et Pascal Minoungou de déclarer tout simplement que le phénomène des koglwéogo est une spéculation des politiciens. Personne, poursuit M. Traoré ne conteste que la justice et la sécurité restent perfectibles.

Mais, soutient-il : « les réponses apportées à ces problèmes ne doivent pas en créer d’autres. Le politique dès le départ a fait des calculs électoralistes parce que ce n’est pas qu’il ignorait la pertinence de notre position ». La situation actuelle de la justice se présente comme un bateau en mouvement et il revient à tous d’agir pour l’amener à bon port, selon le SG du syndicat des greffiers. D’où l’importance du travail en synergie, le tout dans l’intérêt de tous. »

Bassératou KINDO
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos réactions (5)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique