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Ives Edgard Bonkoungou, du rêve de policier à la vie de réalisateur

Publié le lundi 13 juin 2016 à 00h16min

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Ives Edgard Bonkoungou, du rêve de policier à la vie de réalisateur

Autodidacte, il se considère comme un « petit » réalisateur qui continue d’apprendre à faire des vidéos depuis ses 18 ans. Généralement à cet âge, les jeunes obtiennent leur premier diplôme universitaire. Lui, il a décroché de l’école, faute de moyens financiers mais aussi par passion pour le cinéma. Il n’était qu’en classe de Terminale D. Curieux et créatif, Ives Edgard Bonkoungou a aujourd’hui une centaine de clips vidéo, trois courts-métrages et un long métrage à son actif. Portrait !

« Au début, mes parents ne voulaient pas que je fasse de la vidéo. Ma mère voulait coûte que coûte que je passe des concours car pour elle, tout homme qui veut réussir doit passer par la fonction publique. Mais moi, je voulais autre chose. J’étais carrément envahi par la passion du cinéma même si tout petit, mon rêve était de devenir policier et de faire partie du cortège présidentiel. Pour faire plaisir à la maman, j’ai passé le concours de la gendarmerie, mais sans succès. J’ai refusé de recommencer malgré son insistance (…) Lorsque j’ai touché mon premier bon salaire qui était de 500 000 F CFA par mois à la télévision Africable, ma mère a compris qu’il fallait me laisser continuer dans l’audiovisuel ».

Premier élève de Gaston Kaboré à l’Institut IMAGINE

Bien avant d’émerger dans ce domaine, Yves Edgard a eu pour mentor Gaston Kaboré. Sa rencontre avec le célèbre réalisateur burkinabè eut lieu en 2003 après le FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou).« Dans un article de presse, j’ai vu qu’il venait d’ouvrir une école de cinéastes. J’ai téléphoné au secrétariat et l’on m’a dit que Monsieur Gaston était en voyage. Cinq jours après, j’ai encore appelé mais Gaston Kaboré n’était toujours pas rentré de son voyage.

Une semaine après, c’était toujours la même réponse venant de la secrétaire. Deux jours après, j’ai rappelé et devinez quoi ? Je suis tombé sur Gaston Kabore en personne. Pour moi, c’était vraiment un miracle. Je me suis présenté, j’ai exposé mon problème, et le lendemain il m’a demandé de venir au bureau. C’est ainsi que j’ai été le premier élève de Gaston Kabore, le premier élève de l’Institut IMAGINE ».

Une centaine de vidéos à son actif

Dans cette école, le jeune Ives passera cinq longues années. Longues, parce que le surmenage s’installa à un moment. Mais, cela n’empêcha pas le jeune homme de toucher à tout et de côtoyer du monde. « J’ai beaucoup bénéficié de IMAGINE et cela m’a véritablement forgé ». Avec une centaine de clips vidéo réalisés depuis 2013, Ives ne monte pas pour autant sur ses grands chevaux. « Dingue Dingue » de Dez Altino et son featuring avec l’Ivoirien Serges Beynaud baptisé « Parkili Dance » ; le titre « Dossier » de l’artiste Youmali sont entre autres les chefs-d’œuvre du jeune réalisateur.

Parmi ses trois courts-métrages figure le drame « Wam peega » (Morceau de calebasse en langue mooré) sélectionné en 2013 au FESPACO. Le long métrage « Ma belle-sœur à tout prix », sorti en février 2016, a eu un écho favorable auprès des cinéphiles.

S’inspirer d’autres œuvres

Quel est ton secret ? « Je n’en ai pas vraiment. Ce qui me plait dans ce métier, ce sont les jeux et la créativité qu’il y a, car en même temps que tu t’amuses, tu crées. Et ce qui en ressort plait aux gens. Je suis beaucoup de clips vidéo et je m’en inspire au quotidien. Je n’hésite pas à crier [Waouh !!!] lorsque c’est vraiment bien fait. Et c’est pareil pour les films. J’essaie de suivre des œuvres qui me font un effet et qui m’inspirent en tant que cinéphile et non en tant que technicien », nous a-t-il laissé entendre.

Compter sur soi

La réalisation d’un film coûte cher, les mécènes se laissent difficilement convaincre par le 7e art et les quelques soutiens dont bénéficient les cinéastes sont assez maigres. Alors pour financer ses films, Ives ne peut compter que sur les recettes des clips vidéo, des reportages, des documentaires institutionnels et des spots publicitaires qu’il réalise. « Ives Edgard n’est pas riche, mais il vit vraiment de son métier. Je ne fais pas autre chose à part l’audiovisuel, c’est pourquoi je fais vraiment tout pour exceller dans ce métier. Car c’est lui qui me permet de me nourrir et de nourrir ma famille. Je rends grâce à Dieu ».

Herman Frédéric BASSOLE
Vestine Sanou (Stagiaire)
Lefaso.net
Crédit image : Ives Edgar Bonkoungou

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Vos commentaires

  • Le 13 juin 2016 à 07:32, par Ilboudo W A Rosine En réponse à : Ives Edgard Bonkoungou, du rêve de policier à la vie de réalisateur

    Felicitations ! Des portraits comme ça ,la jeunesse en a besoin pour être plus motiver à poursuivre son rêve. Peur du risque on préfère tous être fonctionnaire à la fonction publique et résultat on devient de mauvais employés de l’état par ce qu’on aime pas ce qu’on fait. Quelqu’un disait " faites ce que vous aimez,et vous n’aurai pas à travailler un seul jour de votre vie."

  • Le 13 juin 2016 à 08:34, par Wendlasida En réponse à : Ives Edgard Bonkoungou, du rêve de policier à la vie de réalisateur

    Bon courage mon frère et que DIEU te protège pour que tu puisse réaliser plus de longs métrages comme ton professeur (Gaston KABORE) qui nous a beaucoup émerveillé à travers ses films.

  • Le 13 juin 2016 à 12:03, par Ouedraogo Justin En réponse à : Ives Edgard Bonkoungou, du rêve de policier à la vie de réalisateur

    Bon courage frero. On est tous derrière toi. le meilleur reste a venir

  • Le 13 juin 2016 à 20:20, par Njcarmel En réponse à : Ives Edgard Bonkoungou, du rêve de policier à la vie de réalisateur

    Un bel exemple. Je l’ ai côtoyé en 72heures de réalisation du clip "ya ka la dunia" de Sarof. Et ce j’ai vu est réellement le reflet de ce qu’il dit. Bon vent. Le travail paie.

  • Le 15 juin 2016 à 05:35, par lagitateur En réponse à : Ives Edgard Bonkoungou, du rêve de policier à la vie de réalisateur

    Du courage et que Dieu soit à ton secours. En tout cas, tu es un exemple pour notre jeunesse. Chacun doit savoir d’abord ce qu’il veut, s’armer de courage et savoir choisir la chance quuand elle se présente car beaucoup échouent parce qu’ils n’ont pas su saisir les choses an bon moment. Je suggère à Lefaso.net de trouver un exemple comme celui-là par semaine. Cela pourrait donner des repères à la jeunesse.

  • Le 15 juin 2016 à 07:54, par pousga En réponse à : Ives Edgard Bonkoungou, du rêve de policier à la vie de réalisateur

    Slt Edgard, tu es vraiment un battant. Ton exemple et ton parcours est encourageant et nantie d’espoir bon vent mon frère et que Dieu te guide dans ton parcours !!

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