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Engagements sociaux : Le Collectif syndical CGT-B invite le gouvernement à l’action

Publié le vendredi 1er avril 2016 à 16h29min

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Engagements sociaux : Le Collectif syndical CGT-B invite le gouvernement à l’action

Le Collectif syndical CGT-B a organisé ce jeudi 31 mars 2016 à Ouagadougou, une conférence de presse pour se pencher sur la mise en œuvre des engagements du gouvernement, d’où il ressort selon les responsables de l’organisation syndicale, un « dilatoire » de la part des décideurs. Outre cet aspect, le Collectif dénonce une violation des textes par le gouvernement, lui-même. Face à cette situation, et surtout sur la mise en œuvre des engagements suscités qui concernent principalement l’application de la loi 081, le syndicat menace d’aller en grève, si rien n’est fait dans un délai d’une semaine.

Sur le premier point relatif à l’application de la loi 081, le porte-parole du Collectif syndical CGT-B, Bassolma Bazié, déplore que son traitement laisse apparaître un dialogue de sourds. Pourtant, dit-il, l’Unité d’Action Syndicale (UAS) avait bien indiqué qu’elle est disposée au dialogue, à condition que ce dialogue soit franc, un dialogue de vérité et de transparence. D’autant que les autorités elles-mêmes parlent de « gouvernance vertueuse », relève-t-il. « Et quand on utilise le terme dialogue social à l’endroit des acteurs, on doit respecter les termes que nous arrêtons ensemble. Cela suppose déjà que le mensonge ne doit pas avoir droit de cité. Si vous prenez l’impact d’une loi qui est de 39 milliards, et vous dites que ça fait 40 milliards et vous insistez là-dessus, c’est une façon de jeter les agents publics en pâture à la population. C’est une façon de leur dire : vous revendiquez trop, vous seulement, c’est 40 milliards… », s’est insurgé M. Bazié. De l’avis du porte-parole, un dialogue, pour être franc et constructif, doit être débarrassé du mensonge. De même, il doit être basé sur le respect de la parole donnée et de l’engagement pris.

« Nous avons rencontré le Premier ministre le 23 février et le ministre de la Fonction publique le 25 février. Nous avons fait des recadrages, il a lui-même (le ministre de la fonction publique) reconnu que ce n’est pas 40 milliards et a même promis de nous envoyer une correspondance sur la mise en œuvre de l’ensemble des engagements. Les délais inscrits dans le communiqué final sont totalement dépassés … », a retracé Bassolma Bazié pour qui le ministre aurait pu, même en cas de contraintes à son niveau, aviser du pourquoi les engagements (délais) ne pourraient plus être respectés. « Mais, quand on reste dans le silence…, on s’interroge ; parce qu’au-delà du fait que nous soyons des premiers responsables des organisations, nous sommes des porte-paroles et nous sommes interpellés par les militants à la base. Nous leur disons quoi ? Et le troisième aspect qui indique que le dialogue social qui est prôné est creux, est qu’il n’y a pas de raison qu’on fasse une rencontre le 25 février pour faire des recadrages et après un Conseil des ministres portant sur la loi rectificative du budget de finances 2016, le ministre chargé de l’économie et des finances sorte et dise que c’est 15 milliards qui ont été budgétisés et insiste encore sur l’impact des 40 milliards », dénonce le porte-parole du Collectif syndical CGT-B, s’interrogeant sur la place du « dialogue social de transparence » et de« gouvernance vertueuse » prônés par le gouvernement. Il a également déploré l’option de communication du gouvernement ; les responsables syndicats n’apprenant certaines informations sur ces sujets que via les médias.

« On dit qu’on a budgétisé 15 milliards pour prendre en charge des arriérés…. De quels arriérés parle-t-on ? Puisque les avancements cumulés en retard au niveau du gouvernement, c’est autour de 18 milliards. Mais, ces 15 milliards, c’est pour éponger quel arriéré ? », interroge-t-il.
Sur cette question du dialogue social, l’organisation syndicale dit opposer un refus catégorique d’accompagner le gouvernement dans ce qu’elle qualifie de « léthargie », « dans la dénégation de ses engagements pris » et « dans le dilatoire ».

« Ce n’est pas l’argent qui manque dans ce pays ! »

‘’Ce n’est pas l’argent qui manque dans ce pays ! Qui a dit que l’argent manque ? Allez-y demander à l’Assemblée nationale…, n’ont-ils pas touché ? Les ministres ne touchent-ils pas ? Qui a mis un temps avant de passer à la caisse depuis son installation ? L’argent ne manque pas. Quand ils circulent, ce n’est pas avec des V8 ? Même quand un seul ministre se déplace, il y a combien de véhicules ? Donc, il y a l’argent. Et si ce n’était pas le cas, ce qui pouvait nous convaincre qu’il n’y a pas d’argent dans le pays, c’est d’engager des poursuites véritables pour arrêter tous ceux qui ont volé et pillé. C’est de nous dire, de façon claire : voilà le résultat des audits, voilà ceux qui ont pillé, qu’on les passe devant la justice et on récupère les biens. Là, on allait comprendre avec le gouvernement que nous parlons de la même voix. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas de moyens au moment où certains délinquants amenés à la MACO sont insidieusement libérés ! Ou d’autres qui sont entachés de malversations foncières sont nommés à des postes. Mais, comment peut-on nous convaincre qu’il n’y a pas d’argent dans le pays ? On ne peut pas se laisser berner dans ce sens. Donc, nous allons prendre nos responsabilités et sur cette base, il n’y a pas à lésiner là-dessus. Nous avons obligation de rendre compte à nos bases qui nous ont élus et c’est à elles de décider’’, a exposé le porte-parole, Bassolma Bazié.

De la violation des textes par le gouvernement lui-même

‘’Sur la question des 2iE, ce qui peut expliquer cela, c’est ce que nous condamnons en termes de violation des textes par nos autorités. Et quand nous disons que le dialogue social tant chanté n’est pas vrai, c’est cela aussi. Des correspondances ont été envoyées depuis le mois de février, à toutes les autorités pour dire que ce qui est en train de se passer au 2iE est grave. L’inspection du travail qui est une entité du ministère de la fonction publique a rencontré les parties, donné des orientations sur la base de la loi et indiqué des pistes de solutionnement. Mais le directeur général s’en va et il en fait à sa tête, il piétine la décision. Comment allez-vous organiser des élections des délégués du personnel, en y faisant venir la gendarmerie pour sécuriser ? Qui a envoyé la gendarmerie ? Si ce n’est pas le ministre de la sécurité, c’est grave. Si c’est quelqu’un qui est en-dessous de lui aussi, il doit répondre. Puisque le gouvernement est informé de ce qui se passe. Et un démembrement du ministère dit que c’est une action illégale et un autre ministère envoie les Forces de l’ordre pour aller maintenir les gens dans l’illégalité’’, a exposé M. Bazié. Pour lui, cette situation à 2iE trouve aussi sa source dans la loi 028 portant Code du travail que le syndicat combat. « Quand vous prenez l’article 52 du Code du travail, il est permis au patron de renouveler le contrat à durée déterminée N fois, à souhaits. Et dans notre cité, nous rencontrons des contrats à durée déterminée de sept mois, six mois, voire même moins. Ça veut dire que le jour où le patron se lève, votre tête ne lui plaît pas, parce que vous lui aurez dit la vérité, à la fin du contrat, il ne renouvèle pas. Ou bien s’il veut même, il vous licencie et il vous dit que ce n’est même pas la peine d’aller à la justice parce que les articles 74 à 76 de la même loi permettent de plafonner les dommages et intérêts de licenciement abusif à tout au plus 18 mois », étaye-t-il. Voilà pourquoi, certifie-t-il, le mouvement syndical exige la relecture de cette loi. « Ce qui s’est passé au 2iE est dû au fait que des contrats à durée indéterminée ont été métamorphosés en contrats à durée déterminée. Nous comprenons les travailleurs, parce que quand vous voyez la misère…, ce n’est pas simple. Et quand tu sais que ton contrat reste deux à trois mois, et qu’un DG parte sortir une note pour te dire d’aller voter, mais tu vas réfléchir par deux fois et il faut vraiment être fort dans la tête pour ne pas le faire. Donc, de ce point de vue, on ne peut pas condamner les travailleurs d’être partis aux urnes. Mais dans tous les cas, une loi a été violée. Nos autorités doivent se rappeler qu’elles-mêmes, elles ont été installées, suite à un soulèvement populaire qui était contre la violation d’une loi (tripatouillage constitutionnel). Elles doivent se rappeler que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il faut avoir le courage de le dire : les mêmes causes produisent les mêmes effets », avertit-il.

Ouvrant une parenthèse sur le recrutement des 4 200 enseignants lancés, M. Bazié a souligné qu’en indiquant que le contrat est renouvelable à concurrence de trois ans, le gouvernement lui-même dit publiquement qu’il y a possibilité de renouveler le contrat N fois. « On est dans quelle République donc ? », s’insurge-t-il avant de déclarer que c’est une violation des textes qui implique également qu’on peut piétiner et rendre esclave le travailleur. Pour le leader syndical, quand on conditionne la jeunesse dans des conditions où elle est obligée de s’accrocher à du tout pour survivre, on ne lui donne pas le choix. De son avis, cette situation est en même temps une violation du préambule de la Constitution de juin 1991 qui stipule que tous les Burkinabè doivent être traités sur un pied d’égalité. Et à son article 19, poursuit-il, la Constitution dit que le travail doit être garanti et sécurisé pour tous. ‘’Mais, parler de sécurité pour tous alors qu’on donne 100 mille FCFA à quelqu’un et qui ne cotise pas, c’est dire qu’il est laissé à lui-même ; c’est une violation de la Constitution’’, regrette le porte-parole.

« Nous, nous n’allons pas dire aux jeunes de ne pas y aller, mais devant l’histoire, devant notre responsabilité, il faut dire ce qui est. Voilà pourquoi, nous formulions les vœux que les autorités aient un minimum de courage, un minimum de patriotisme et un minimum d’exemplarité. Nous savons de quoi nous parlons. On peut ne pas nous comprendre à l’instant T, mais il faut qu’on s’assume devant l’histoire », conclut Bassolma Bazié, annonçant un préavis de grève si, dans une semaine, rien n’est fait dans l’engagement concernant la loi 081.
Le Collectif syndical CGT-B avait à ses côtés, des responsables de ‘’syndicats spécifiques’’ dont ceux du SAMAB (magistrature), du SYNACIT (ministère de la Fonction publique) et duSYNAFI (ministère des finances).

Oumar L. OUEDRAOGO
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net

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