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Gestion de la Transition : Le CED charge Zida et ‘’ses OSC partenaires ’’

Publié le samedi 19 mars 2016 à 09h37min

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Gestion de la Transition : Le CED charge Zida et ‘’ses OSC partenaires ’’

« Deal de parcelles », « soupçons de blanchiment d’argent », « versement de centaines de millions de bonus aux dirigeants de la Transition », « silence de la CENI sur certaines inquiétudes ». Ce sont là, les principaux points qui ont été auscultés par les leaders du Cadre d’Expression Démocratique (CED). C’était au cours d’une conférence de presse animée ce vendredi 18 mars 2016, au Centre national de presse Norbert Zongo.

Face aux journalistes, les deux leaders de cette organisation, Abraham Badolo et Pascal Zaïda, convaincus que l‘esprit de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre a été trahi au regard des révélations qui ont cours ces derniers temps, s’indignent que des gens soient venus sur le sacrifice des martyrs pour s’enrichir et piller le peuple.

Sur ce qu’ils ont convenu d’appeler « Deal de parcelles », les responsables requièrent la publication de la liste des 18 bénéficiaires, l’annulation de l’attribution des parcelles, et que soient situées les responsabilités sur cette violation constitutionnelle en vue d’une poursuite judiciaire. Ils prennent appui sur l’article 73 de la Constitution : « Pendant la durée de leurs fonctions, les membres du gouvernement ne peuvent directement ou indirectement acheter ou prendre part à bail tout ce qui appartient à l’Etat. La loi prévoit les cas où il peut être dérogé à cette disposition. Ils ne peuvent prendre part aux marchés et aux adjudications passés par l’administration ou par les institutions relevant de l’Etat ou soumises à son contrôle ».
Sur les « soupçons de blanchiment d’argent », Abraham Badolo et Pascal Zaïda demandent que soit rendue publique, la liste de tous ceux qui sont impliqués ainsi que le relevé de compte du cabinet militaire, et que des moyens soient mis à la disposition de l’ASCE/LC et de la justice pour poursuivre tous ceux qui ont pris « un centime de franc ou un centimètre carré de domaine public ».

Ils se félicitent du traitement réservé au décret « fantôme » de nomination de l’ancien Premier ministre Zida comme ambassadeur aux USA, et le limogeage du directeur général de la SONATUR. Ils encouragent le maintien de ce cap, tant au niveau du gouvernement que de la justice.

Fort de cela, les leaders du CED estiment que le ministre actuel de la justice, René Bagoro (ministre de l’habitat sous la Transition) ne doit plus, logiquement, occuper ce département qui doit connaître des ‘’gaffes’’ commises par la Transition. Celui-ci étant perçu par eux comme ‘’juge et partie’’ dans sa posture actuelle.

De leur avis, le général Diendéré doit pouvoir fournir des informations notamment, sur les raisons pour lesquelles, ce sont les ministres René Bagoro et Augustin Loada qui ont été pris en otage (lors du coup d’Etat de septembre) tandis que les autres sont laissés libres ? « Pourquoi on a laissé partir les autres et ce sont eux qu’on prend en otage ? C’est qu’il y a un problème qu’il faut chercher à comprendre », pose Abraham Badolo pour qui, tous ceux qui ont « volé » doivent payer ; sous la Transition comme sous le régime Compaoré.

« On doit rester fidèle en amitié »

Brossant le « versement de centaines de millions de bonus aux dirigeants de la Transition », les interlocuteurs ont indexé le compte-rendu du Conseil des ministres du 9 mars 2016. Pour eux, des centaines de millions ont été versés aux dirigeants de la Transition et ce, dans un contexte d’austérité et sous la couverture d’une Charte de la Transition fondée sur la rigueur et la sobriété.

Cette conférence de presse a été une occasion pour les responsables de la CED de s’interroger : « Où sont passées les organisations de la société civile (OSC) qui sortaient pour acclamer Zida en héros ? (…). Que ces OSC sortent … ! », a défié Pascal Zaïda avant de ‘’moraliser’’ : « On doit rester fidèle en amitié ». Selon lui, ceux qui défendaient hier Zida ne le faisaient pas avec conviction et sincérité, « ils poursuivaient leur intérêt ». D’où sa conclusion d’ailleurs que, la Transition a permis de révéler le visage de certaines OSC.

Le Président de la CENI, Me Barthélémy Kéré, sous les projecteurs !

En ce qui concerne la CENI (Commission électorale nationale indépendante), les conférenciers exigent la transparence « dans tous les domaines » de sa mission. ‘’Il nous a été donné de lire que dans certaines localités, certains partis politiques n’ont pas pu déposer de listes de candidature dans le délai requis et sont allés déposer après le délai. Me Barthélémy Kéré doit avoir le courage de sortir dire ce qui s’est passé. Nous ne voulons pas que ce soit à partir de ces élections qu’on va vivre des failles à la CENI (même s’il y en a eu de par le passé). Il me semble que le PAREN, l’UPC ou l’ex-majorité ont même écrit au président de la CENI pour dire qu’ils ne veulent pas de ce qui se passe avec la commune de Saaba. Après le 13 mars à minuit, aucun autre parti politique ne peut venir déposer encore sa liste, donc nous attendons…’’, interpelle Pascal Zaïda.

Réagissant sur des préoccupations de journalistes, les leaders du CED se sont prononcés sur le déploiement du GIGN français au Burkina au sujet duquel, ils se sont montrés ‘’hostiles’’. Pour eux, la solution n‘est pas la présence de ces Forces sur le sol burkinabè, ils préconisent plutôt un envoi des éléments des Forces burkinabè en France pour formation aux fins de pouvoir répondre aux mêmes techniques que les unités GIGN.

Sur les groupes d’auto-défense, « Koglwéogo », les leaders du CED pensent que le remède ne se trouve pas dans cette ‘’milicisation’’, « il faut doter les Forces de défense et de sécurité de moyens. Si eux (dirigeants, ndlr) n’ont pas confiance en elles, nous, nous avons confiance à nos frères des Forces de défense et de sécurité. Nous ne voulons pas de ces milices. Boko Haram a commencé comme les Koglweogo, la rébellion en Côte d’ivoire a commencé comme les Koglweogo et aujourd’hui, vous voulez les expérimenter ici. Je demande aux dirigeants de prendre leurs responsabilités ».

Ils soulignent cependant qu’ils ne sont pas contre les groupes d’autodéfense mais plutôt leur manière de fonctionner qui pose problème.

Oumar L. OUEDRAOGO
(oumarpro226@gmail.com)
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