LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Bobo-Dioulasso : Une partie du personnel du Centre Muraz s’oppose au licenciement d’un agent

Publié le vendredi 4 mars 2016 à 00h42min

PARTAGER :                          
Bobo-Dioulasso : Une partie du personnel du Centre Muraz s’oppose au licenciement d’un agent

En sit-in depuis mercredi 2 mars, une partie du personnel, exige la levée d’un préavis de licenciement adressé à Cédric Ouattara, documentaliste au Centre Muraz pour « insuffisance professionnelle et indiscipline caractérisée », selon l’administration. Ces motifs ne constituant pas de raisons suffisantes pour aboutir à un licenciement, selon le personnel, celui- ci menace d’observer une grève de 48heures (les 18 et 19 mars) et d’autres moyens de lutte pour se faire entendre.

L’administration du Centre Muraz de Bobo-Dioulasso, dirigée par Docteur Nicolas Méda, a, en février dernier, adressé un préavis de licenciement au sieur Cédric Ouattara, pour insuffisance professionnelle et indiscipline caractérisée. Il est en effet, explique clairement le directeur général, fait à M. Ouattara, les deux griefs essentiels ci-dessus cités.

Recruté en mars 2014, Cédric Ouattara, à en croire le directeur général Nicolas Méda n’a, en deux ans, jamais pu fournir de résultats satisfaisants. Le centre Muraz étant un centre de recherche, il y a essentiellement trois besoins dans la documentation pour accompagner la recherche scientifique et qui est bien notifié dans les critères de recrutement. Il s’agit notamment :
  D’informer les équipes de recherches tous les mois à travers une revue de presse de ce qui est sorti comme information pertinente sur leur domaine de recherche dans le monde ;
  D’accompagner les équipes de recherches avec des livres de référence sur leur thématique, d’abonner chaque équipe à des journaux de leur spécialité ;
  De réaliser un dépôt institutionnel car le Centre Muraz produit des résultats scientifiques sous forme d’articles, de communications, de rapports, et qui doit servir de base de données pour être un outil de visibilité, de mesure de performances face aux obligations vis-à-vis de la tutelle et de la communauté scientifique.

En deux ans, Cédric Ouattara n’aurait fourni aucun résultat. En outre, quelques temps après son recrutement et face à son « incapacité notoire de rendement », selon le DG, l’administration a décidé de l’inscrire à une formation académique de perfectionnement. Une bourse de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) lui a été trouvée et une inscription à l’université de Bordeaux (France) pour un diplôme en sources d’informations et en recherche bibliographique, via internet.

« Il a brillé par une absence inexplicable »

La formation, via internet, a été de l’avis du DG, simplement boycottée par le documentaliste, car pour lui : « pour montrer qu’on est assidu à la formation, il faut se connecter, télécharger les cours, discuter dans les foras, et la moyenne de connexion était de 200 fois. Cédric ne s’est connecté que moins de 10 fois. L’enseignant de Bordeaux a alerté l’administration sur la situation, qui a attiré son attention. A la fin de l’année, le même enseignant a encore alerté disant que le mémoire soumis est une catastrophe académique. Deux coaches lui sont commis pour l’accompagner dans la rédaction de son mémoire. Mais il s’en est désintéressé royalement. Et le résultat a été naturellement l’échec ». Cédric Ouattara, à entendre le DG, a brillé par une absence inexplicable à cette formation payée aux frais de l’administration.

« 100 % à Bobo et 100% à Ouaga »

L’absence répétée de l’agent de son poste a amené l’administration à comprendre davantage en menant une enquête dont les résultats ont montré que l’employé est aussi un étudiant à temps plein à l’université de Ouagadougou, semble-t-il, en Droit. Il est donc, indique le DG : « 100% à Bobo et 100% à Ouaga. Pire l’administration ne sait quelle étude il fait dans la capitale ». Cédric Ouattara, de l’avis du DG, semble plus préoccupé par ses études que le travail du Centre Muraz, d’où il obtenait des autorisations d’absence par ses supérieurs hiérarchiques. Et Nicolas Méda de déplorer la faillite collective et le laxisme de cette hiérarchie. Interpellé verbalement à plusieurs reprises et convoqué en juin 2015, une lettre de mise en demeure lui a été adressée. Aussi, il lui a été indiqué de fournir un rapport au plus tard le 31 décembre 2015, chose qu’il n’a faite qu’en janvier, et ce, en deux pages accusant « toute la planète des chercheurs d’être incapables de répondre à ses attentes à lui ». Voici aussi, regrette le DG, « un employé qui arrive à 9heures au bureau pour repartir avant midi ».

Le bilan annuel de l’agent est satisfaisant

Les raisons avancées par l’administration, ne constituent pas, selon Mamadou Ouédraogo, délégué de personnel, un fond suffisant pour adresser un préavis de licenciement à un agent. Si rien est fait, c’est certainement le licenciement qui va s’en suivre, d’où les raisons du sit-in débuté le mercredi 2 mars. Le bilan de Cédric qui est consacré par l’évaluation annuelle, ajoute-t-il, est satisfaisant. Le personnel relève également le non-respect de la procédure, alors que l’administration confie avoir informé le comité de dialogue.
En effet, indique le DG : « L’administration a été accusée d’avoir conduit tout ce processus sans associer ses partenaires sociaux. Pourtant un comité de dialogue social est mis en place ». Et d’ajouter d’ailleurs que : « ceux qui sont en sit-in se reconnaissent dans les motifs de licenciement de Cédric Ouattara. C’est dire alors que la lutte, à mon avis, est une lutte de survie individuelle. Peut-être que ces travailleurs sous l’arbre se reconnaissent dans les motifs d’incompétence et croient qu’après le cas de Cédric, ce serait sans doute leur tour ».

Car, poursuit le DG : « il y a des gens au Centre Muraz qui ont épuisé tout le répertoire de motifs d’absences. Ils sont même en phase d’innovations et je pense que l’ENAM sera inspirée de prendre contact avec eux pour créer des modules sur l’absentéisme au travail ». Alors que le Centre Muraz s’inscrit dans la politique du gouvernement qui est de : « Bâtir au Burkina une administration crédible et performante, comment pourrait-il le faire si l’on doit faire 24 mois sans aucun résultat probant, et pire, qui utilise les ressources de l’Etat pour une formation privée », se demande Nicolas Méda.

En attendant, le fil du dialogue est toujours maintenu pour trouver une solution satisfaisante. Sauf que, prévient le personnel, si le préavis n’est pas levé, une grève de 48 heures sera observée, et informe Mamadou Ouédraogo : « si nous n’avons toujours pas gain de cause, nous allons nous donner les moyens pour d’autres formes de lutte pour nous faire entendre ».

Bassératou KINDO
Lefaso.net

Portfolio

PARTAGER :                              

Vos réactions (9)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique