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La chefferie Bobo-mandarè encore en deuil : Le Kôlôvô Amoro Sanou repose désormais à Panamasso

Publié le lundi 18 avril 2005 à 07h22min

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Un mois seulement après le décès de leur chef de canton survenu le 12 mars 2005, les Bobo-mandarè pleurent la mort d’un autre chef, le Kôlôvô, chef de Dagasso Amoro Mari Sanou. Le Kôlôvô, c’est le chef suprême au plan coutumier et dans la pure tradition bobo. Il est décédé le 12 avril 2005 à l’âge de 87 ans.

Le chef suprême des Bobo-mandarè encore appelé Kôlôvô, Amoro Sanou s’est éteint mardi 12 avril 2004 à son domicile à Dagasso au cœur du secteur 4 (Koko) de Bobo-Dioulasso. L’illustre disparu âgé de 87 ans, on se souvient, aura marqué l’histoire récente de la communauté Bobo-mandarè de Sya. A notre arrivée sur les lieux ce vendredi (jour de l’inhumation) le premier fait remarquable, c’était la grande mobilisation de la population.

Dehors sous les tentes dressées à l’occasion, des personnes devisaient en groupe attendant la levée de la dépouille mortelle à 14 heures. Celle-ci devait être suivie de l’enterrement à Panamasso, village situé à quelque 30 kilomètres, en retrait, sur l’axe Bobo-Dédougou.

Devant le portail d’entrée de la famille royale, trônait un couple de tambours sacrés tandis qu’à quelques pas de là des femmes et des jeunes se trémoussaient au rythme des tam-tams et des flûtes. Ils étaient souvent brutalement interrompus dans leur élan par des coups de fusil des chasseurs dozos. L’événement est majeur et ainsi le veut la tradition.

A l’intérieur de la concession c’est le recueillement autour de la dépouille mortelle. Un jeune aux allures guerrières bien en muscle, debout au-dessus du cercueil, la lance très pointue à la verticale, veille. Plus près de lui une dizaine de chefs de village bobo mandarè coiffés de bonnet rouge aux traits noirs rendent un dernier hommage au Kôlôvô. Et comme cela se doit à la disparition d’une grande figure de la communauté Bobo-mandarè, la présence des masques étaient très perceptibles. Entre deux pas de danse, un masque se fraie un passage au milieu de la foule, s’arrête, se dresse magistralement et d’un coup de fouet sème la panique. Malgré la canicule du mois d’avril, on semblait se moquer du temps. Peu après 11 heures, le cortège des autorités arrivait. Le gouverneur de la région des Hauts-Bassins en tournée dans la province du Kénédougou a délégué son secrétaire général accompagné par le premier adjoint au maire de Bobo et d’autres autorités administratives et militaires pour rendre un dernier hommage à l’illustre disparu.

A 14 h 30 mn est intervenu le transfert de la dépouille mortelle à Panamasso son village natal où l’inhumation a eu lieu aux environs de 16 h 30. Amoro Sanou régnait sur dix villages (Sya, Kuinima, Kua, Dogona, Pala, Tounouma, Bindougousso, Sakabi, Kiri et Samagan).

Frédéric OUEDRAOGO


Qui était Amoro Sanou ?

Une page de l’histoire de la chefferie Bobo mandarè vient ainsi d’être tournée avec la disparition de Amoro Sanou. Celui-ci avait marqué l’histoire récente de la communauté Bobo-mandarè. L’évocation de son nom rappelle en effet la fronde d’une partie des Bobo-mandarè contre le chef de canton Ali Kollo Sanou en 2001.

Au nom du rétablissement "de l’ordre normal" de la chefferie, ce dernier sera destitué et remplacé par Amoro Mari Sanou qui avait acquis à sa cause presque l’ensemble des villages bobo. Et beaucoup de personnes se souviennent toujours de son intronisation en pompes le 13 mai 2001 dans la cour de l’école Centre de Bobo-Dioulasso. En fait l’élection du maire Célestin Koussoubé à la mairie de Bobo-Dioulasso a été le détonateur de la fronde.

Il était reproché à Ali Kollo Sanou, ses accointances avec le nouveau maire élu et de n’avoir pas su créer l’union sacrée autour de la réélection du maire sortant Alfred Sanou. Dès lors, la communauté bobo-mandarè s’était retrouvée avec deux chefs. Ali Kollo Sanou symbole du pouvoir colonial à Dioulassoba et Amoro Sanou qui incarnait la chefferie coutumière bobo.

F.O.

Sidwaya

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