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Justice : Les greffiers montent encore au créneau et dénoncent la trahison du gouvernement

Publié le mercredi 18 novembre 2015 à 22h06min

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Justice : Les greffiers montent encore au créneau et dénoncent la trahison du gouvernement

Les greffiers du Burkina donnent encore de la voix. Depuis le 10 novembre, les juridictions du pays sont une fois de plus bloquées par un mouvement d’humeur. Les greffiers dénoncent « une trahison et un mépris de la part des autorités » et les invitent à reconsidérer les décrets en prenant en compte le consensus qui avait été obtenu, mais mis de côté. C’était au cours d’une conférence de presse animée ce 18 novembre 2015 à Ouagadougou.

Les greffiers du Burkina ne comprennent plus rien. Ils ont l’impression que le gouvernement affiche du mépris vis-à-vis de leurs revendications. Même les acquis récents sont en train d’être remis en cause par le même gouvernement qui renie de ce fait, ses propres engagements. C’est du moins ce que les responsables syndicaux des greffiers ont laissé entendre en substance lors du point de presse.

Tout est parti des luttes pour l’adoption des décrets d’application de la loi 054 portant statut du personnel du corps des greffiers, votée depuis le 18 décembre 2012. Les syndicats des greffiers ont alors depuis, engagé une longue lutte.

En réponse aux doléances des travailleurs, des commissions d’examens ont été mises en place. La dernière a vu le jour sur instruction du premier ministre Yacouba Isaac Ziga avec pour mission de trouver « une solution définitive et consensuelle à ce problème qui dure depuis 2012 ». Alors, faisant suite à cette injonction, un comité pluridisciplinaire est mis en place par arrêté et de façon consensuelle, a élaboré des projets de textes qui ont été transmis au Ministère de l’économie et des finances(MEF). C’était le 25 juin 2015.

« Malgré le caractère consensuel de ces projets de textes, le ministère des finances par lettre en date du 17 aout 2015, est revenu sur des points qui avaient été arrêtés par le comité qui d’ailleurs était constitué en grand nombre d’agents dudit ministère. Prétextant de la situation économique difficile que traverse notre pays, le MEF nous faisait par la même occasion des propositions qui selon lui, sont supportables par le gouvernement et nous promettait la transmission immédiate du dossier en conseil des ministres si nous acceptons faire des consensus », a laissé entendre Paul Tapsoba, le secrétaire général du syndicat des greffiers du Burkina.

Malgré tout, selon le secrétaire général, « par esprit de patriotisme » et dans la logique de « syndicat responsable », lui et ses camarades ont donné leur accord pour l’adoption et l’application des décrets avec des amendements qui se dérobent du consensus.
Alors que ces derniers croyaient enfin voir le bout du tunnel, c’est le 21 octobre 2015 que les textes ont été adoptés, « pire, avec des modifications autres que ce qui nous avait été proposé par la lettre signée du ministère de l’économie et des finances. Ainsi la date de prise d’effets arrêtée de commun accord pour janvier 2013 et ramenée à janvier 2015 sur proposition du MEF, a été finalement été reportée à janvier 2016 ; aussi, d’autres indemnités prévues par la loi ont été de façon unilatérale soit renommées soit supprimées par ces décrets pris en conseil des ministres », a regretté Paul Tapsoba.

Des démarches infructueuses

Ne comprenant plus rien, le syndicat dit avoir tenté sans succès des démarches auprès des autorités pour s’imprégner de la situation et surtout demander le respect du consensus. Mais jusque-là, aucune autorité ne l’a reçu. Les greffiers, appuyés par le syndicat national des agents de la justice , « se sentant trahis et dans l’impossibilité d’avoir des informations à travers leurs syndicats ont alors entrepris d’exprimer leur ras le bol face à ce que l’on pourrait considérer comme une trahison et un mépris de la part des autorités », a poursuivi Paul Tapsoba qui était entouré de Thierry Martial Somé, représentant du secrétaire général du syndicat national des agents de justice et de Aziz Kafando, membre du bureau du syndicat des greffiers du Burkina.

Depuis le 10 novembre donc, toutes les juridictions du pays roulent au ralenti et les greffiers sont déterminés à ne pas brader les acquis qu’ils ont chèrement acquis. « Les greffiers n’accepteront jamais un sabotage des décrets d’application de leur statut acquis au prix de longues lutte et même de révocation de certains collègues », ont-ils dit. La grève initiée par les agents en dehors d’un mot d’ordre du syndicat pourrait donc se durcir si celui-ci s’implique. Mais les responsables espèrent que le gouvernement daignera les écouter et prendre en compte leurs préoccupations, avant.

Tiga Cheick Sawadogo(tigacheick@hotmail.fr)
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