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Burkina Faso : Pour une réhabilitation d’urgence de l’engagement politique

Publié le mardi 20 octobre 2015 à 22h26min

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Burkina Faso : Pour une réhabilitation d’urgence de l’engagement politique

S’il est un passif de l’ancien régime que le Burkina Faso aura certainement du mal à éponger, c’est le clientélisme politique. Que l’on ne s’y trompe pas, l’ancien président n’a pas entrainé dans sa chute le système qu’il avait soigneusement mis en place et qui lui avait permis de se maintenir au pouvoir pendant 27 longues années. Le clientélisme sous Blaise Compaoré a eu pour effet de multiplier de façon injustifiée le nombre de partis politiques dévoyant par la même occasion l’engagement politique. Les années passant, tout le corps social a fini par en être contaminé. Pour s’en convaincre, il suffit de voir le nombre incalculable d’organisations de la société civile qui sont pour la plupart disons le franchement inutiles, voire nuisibles.
A force, l’engagement politique est devenu dans notre pays le fait de deux espèces d’individus qui ont pour trait commun le peu d’égard pour l’intérêt général et le bien commun.
1. C’est d’abord le fait des oisifs ou pour faire simple des gens qui n’ont rien à faire parce que n’ayant aucune compétence professionnelle. Ces personnes voient en l’engagement politique une manière comme une autre de chercher à « manger ». Elles se caractérisent donc par une absence totale de conviction politique et vont de parti en parti toujours en quête de leur bouffe. Que l’on songe pour s’en convaincre à tous ces gens qui par pure opportunisme ont quitté du jour au lendemain le CDP exsangue soit pour créer un nouveau parti soit pour rejoindre un autre déjà existant. La plupart des militants du MPP s’y reconnaitront. Je n’ai aucune espèce de sympathie pour le CDP, je constate simplement les faits. Les exemples de ce type sont légions ; tous les citer serait une perte de temps.
2. L’engagement politique est ensuite et surtout le fait d’intellectuels, de gros diplômés pour être exact qui n’ont d’intellectuels que le titre. Ils sont nombreux ces politiciens de cette espèce qui plombent notre pays depuis de bien nombreuses années, empêchent la classe politique de se renouveler et profitent tels des escrocs de la faiblesse intellectuelle des populations. Conséquence, le débat politique au Burkina est sclérosé ; il est tout sauf stimulant, tout sauf porteur d’un espoir de changement. La preuve, à quelques semaines des élections, au lieu de nous dire comment ils entendent développer l’économie, valoriser la force de travail de la jeunesse, investir massivement dans les secteurs productifs, moderniser l’agriculture et l’élevage, améliorer la santé et faciliter l’accès aux soins, révolutionner l’éducation, lutter vigoureusement contre la corruption et redonner confiance en la justice et en l’Etat, nos responsables politiques se vautrent dans la médiocrité avec des querelles de personnes et des promesses démagogiques.
De cette situation fort regrettable, il est normal que l’engagement politique en ressorte rabaissé, avili aux yeux du citoyen tant et si bien que plus personne ne croit en la politique.
On dit souvent que les peuples ont les hommes politiques qu’ils méritent. Par conséquent, le peuple burkinabè devenu icône de lutte pour la démocratie doit assainir au plus vite la classe politique pour que celle ci soit en phase avec son aspiration au changement. Cette opération de salubrité publique est une nécessité pour donner sens à l’insurrection populaire de 2014, à la résistance citoyenne de 2015. A cette fin, tout citoyen doit savoir ce qu’est la politique, et donc ce qu’elle n’est pas.
1. La politique, ce n’est pas seulement des discours, c’est aussi et surtout des actions
2. La politique n’est pas un gagne-pain, c’est un don de soi à la collectivité publique
3. La politique n’est pas une activité de magouille, c’est une activité de transparence
4. La politique n’est pas un passe temps, c’est un engagement au service de son pays
5. La politique n’est pas faite pour les opportunistes, elle est faite pour les convaincus
6. La politique n’est pas une occupation pour oisifs, c’est une charge pour compétents
7. La politique n’est pas un terrain de jeu et de légèreté, c’est un terrain de responsabilité
8. La politique n’est pas une course à l’enrichissement, c’est une lutte pour l’intérêt général
9. La politique n’est pas un combat de personnes, c’est un débat d’idées pour le bien commun
10. La politique n’est pas un lieu d’intolérance, c’est un lieu de compréhension et de compromis

Daouda OUEDRAOGO
daou-ouedraogo@outlook.com

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