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Tu es pour Roch ou pour Zeph ? Ni l’un, ni l’autre. Juste pour une nouvelle génération d’hommes politiques

Publié le vendredi 16 octobre 2015 à 14h44min

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Tu es pour Roch ou pour Zeph ? Ni l’un, ni l’autre. Juste pour une nouvelle génération d’hommes politiques

Si tout se passe comme prévu, le Burkina Faso élira dans quelques semaines de nouveaux dirigeants et mettra ainsi fin à la transition politique mise en place après l’insurrection de 2014.

Ils sont nombreux ceux qui à tort ou à raison espèrent que le nouveau régime issu des prochaines élections saura incarner le désir de changement que le peuple a courageusement manifesté ces derniers mois. Je ne veux pas être un prophète de mauvaise augure mais observant la vie politique nationale depuis un moment déjà, je peux affirmer qu’aucun des hommes politiques, en tout cas ceux en mesure de remporter les élections ne fera l’affaire.

Je souhaite me tromper mais faisant preuve de lucidité et de clairvoyance, je demeure perplexe. Pourquoi ? Essayons de passer rapidement les deux hommes/partis favoris au crible et l’on comprendra.

1. Le MPP et Rock Marc Christian Kaboré : Un parti suspect qui n’a ni les hommes, ni les idées pour incarner le changement

Disons-le tout net, ce parti crée en deux temps trois mouvements et de façon opportuniste par des anciens ténors du CDP a de quoi éveiller des soupçons, que dis-je de la méfiance. Voici en effet des gens qui ont dirigé médiocrement le Burkina pendant plus d’un quart de siècle, qui sont donc forcément comptables de la situation qui a amené le peuple à s’insurger et qui se présentent à nous aujourd’hui comme les mieux à même d’incarner le changement.

Je veux bien croire en la rédemption et en la capacité de l’homme à changer mais en si peu de temps, ça relève de l’impossible. Pour moi, croire au projet de société du MPP si tant est qu’il a vraiment un projet de société, c’est croire qu’une catin peut se transformer en vierge. En clair, ces gens-là ont un passif qui dit tout d’eux et il faut être terriblement naïf pour leur faire confiance.

En terme de positionnement politique, le MPP dit être un parti de gauche se réclamant de la social-démocratie, une idéologie dans l’air du temps. Sans entrer dans les détails, je doute que la social-démocratie soit en mesure de répondre aux aspirations du peuple insurgé et il ne faut pas chercher bien loin pour s’en convaincre ; il suffit simplement de voir le bilan du CDP qui s’en réclame aussi.

2. L’UPC et Zéphirin Diabré : Un parti à la stratégie politique floue, donc peut-être louche.

Personnellement, j’éprouve une petite sympathie pour Zéphirin Diabré qui a le mérite d’avoir revitaliser l’opposition politique au Burkina Faso. Rien que pour cela, il serait peut-être intéressant que le peuple lui donne l’opportunité de gouverner pour qu’on puisse enfin le juger sur pièce. Cela dit, plus le temps passe, plus la stratégie politique de l’UPC me semble devenir illisible, peut-être même louche et certaines de ses propositions me sont apparues du coup suspectes.

La preuve par l’exemple, Zéphirin Diabré, ancien cadre d’AREVA, on a souvent tendance à l’oublier, n’exclut pas de recourir à l’énergie nucléaire pour améliorer l’accès à l’électricité. Sa bonne volonté et son zèle sont admirables mais à mon humble avis, l’énergie solaire qui n’a pas les risques du nucléaire et dont le Burkina regorge saura faire l’affaire. Il suffira simplement d’y investir massivement pour régler le problème énergétique.

Sur le plan idéologique, de ce que l’on en dit, Zéphirin Diabré se réclame du libéralisme, du néo libéralisme même soutiennent certains. Si cela n’est guère surprenant vu son profil, c’est en tout cas inquiétant pour le Burkina Faso si l’on pense aux ravages de la doctrine libérale qui a saigné bien de peuples dans le monde. La plupart des Etats d’Amérique latine qui ont été dans le passé des laboratoires d’expérimentation des théories néo libérales peuvent en témoigner.

Conclusion : On l’aura donc compris, je n’ai pas confiance à l’UPC, encore moins au MPP ; simplement parce que j’estime, sur la base d’éléments connus de tous que ces partis et les hommes qui les dirigent ne proposent hélas aucune alternative sérieuse aux populations, laquelle se résume pourtant en de choses simples : redonner corps à l’intégrité dont on aime tant se vanter, investir massivement dans l’éducation, développer l’agriculture et l’élevage, améliorer l’accès aux soins de santé et donner enfin une réelle espérance aux populations qui ont tant souffert.

Pour ma part, je souhaite vivement que dans les toutes prochaines années, une nouvelle génération d’hommes politiques émerge des évènements difficiles que nous avons récemment connus pour concrétiser nos aspirations à un Burkina Faso meilleur.

Daouda OUEDRAOGO
daou-ouedraogo@outlook.com

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