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Kénédougou :Intronisation du "Taar"

Publié le mercredi 13 avril 2005 à 07h17min

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Lundi 4 avril 2005, Orodara, capitale fruitière du Burkina était dans une ambiance de fête à l’occasion de la cérémonie d’intronisation du "Taar". Une cérémonie coutumière qui a lieu tous les quarante (40) ans.

Tout Orodara était en effervescence ce jour-là. Hommes, femmes et enfants, très tôt le matin, ont pris d’assaut le secteur n° 6 où est située la concession du nouveau maître du "Taar". Devant cette concession, un groupe de griots jouait au balafon et l’on chantait et dansait en cercle au son du balafon. Les autorités administratives locales invitées ont effectué le déplacement sur le lieu de la cérémonie. Mais qu’est-ce donc le "Taar " ?

Dans la société traditionnelle Siamou de Orodara, le "Taar" désigne un fétiche incarné qui existe depuis la nuit des temps. Il appartient à certaines familles Siamou regroupées en cinq concessions qui sont : Taarno, Komôton, Somônton, Daandogossé et Hloulômon (au quartier Soro). Jadis, le "Taar" résidait à la périphérie du village plus précisément au bord de la grande rivière Selmon qui traverse la ville de Orodara et était considéré comme un envoyé de Dieu, car il avait à la fois un grand pouvoir et des dons surnaturels.

La cérémonie d’intronisation du "Taar " a lieu tous les 40 ans et constitue un événement majeur pour la communauté Siamou de Orodara.

La cérémonie proprement dite

A la veille, au petit matin, le Taar va se "cacher" dans la brousse derrière la rivière Selmon. Ce lieu est considéré comme son ancienne résidence. En ce moment, les concessions "Taar ", s’organisent et prennent toutes les dispositions pour que toutes les conditions soient réunies avant d’aller le chercher pour le ramener au village. Ainsi, pour le retrouver, les chercheurs suivent un chemin matérialisé par des plumes de poulets jetées par endroits. Avant d’y parvenir, il y a trois barrières matérialisées par de la cendre sur le chemin à franchir. Pour réussir cette dure épreuve, il faut donc être "propre" c’est-à-dire exempt de tout péché. A la première barrière s’arrêtent les étrangers et les femmes. A la deuxième barrière, ce sont les griots qui marquent un arrêt ainsi que tous ceux qui ont fricoté avec une femme griotte ou qui ont commis l’inceste. Enfin, la troisième barrière n’est franchie que par ceux qui ne se reprochent rien. Une fois que le "Taar" est retrouvé, on tire un coup de fusil pour annoncer la bonne nouvelle aux populations. Ce coup de fusil signifie la victoire. A partir de cet instant, le nouveau maître du "Taar" (appelé Kouan-Taar en siamou) doit assumer sa mission mystique pour les hommes. Il ne doit pas marcher pour rejoindre le village. Il est porté jusqu’à son domicile par des jeunes hommes de la famille des Taar. A chaque arrêt pour raison de fatigue et pour remplacer les porteurs, le "Taar" est déposé à terre et un poulet est immolé avant qu’il ne poursuive son chemin. Le cortège officiel a à sa tête un protocole du "Taar", (qui est devant et ouvre la voie), le "Taar" lui-même suit, la fiancée du Taar (un homme joue ce rôle), et l’immolateur de poulets.

Une fois arrivé à Taarno (au domicile de "Taar"), après une brève cérémonie d’accueil, le Taar reprend la route pour les visites de courtoisie dans les concessions concernées par ce fétiche.

Comme toute cérémonie coutumière, le "Taar" a aussi des interdits. Ainsi, il convient ici de souligner qu’une fois intronisé le maître "Taar" ne traverse plus la rivière Selmon. Il ne doit plus voyager ni travailler la terre. Il est vêtu d’une chéchia rouge, d’un boubou et d’une culotte en cotonnade et d’une peau de mouton attachée à la ceinture et qui lui sert de siège.

Les besoins alimentaires du Taar sont satisfaits par les dons de la communauté et le paiement des services rendus. L’actuel élu "Kouan-Taar" est né vers 1928 à Orodara.

Appolinaire KABORE
Orodara

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