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Situation nationale : Des acteurs politiques apprécient

Publié le lundi 6 juillet 2015 à 22h23min

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Situation nationale : Des acteurs politiques apprécient

Face à la dégradation de la situation nationale caractérisée ces derniers jours, par entre autres, le regain de tension entre le Premier ministre Yacouba Zida et le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui exige sa démission, faisant craindre le pire pour la poursuite de la transition et obligeant le Président du Faso Michel Kanfando à entamer des consultations avec les différents acteurs du processus ; nous avons recueilli les réactions de quelques politiques.

Me Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste : « Le RSP peut être dissout et démantelé pour l’unité de l’armée’’

La situation nationale est inquiétante et même très préoccupante, vu d’une part le regain de tension au sein du Régiment de sécurité présidentielle et d’autre part l’embuscade tendue par AQMI aux soldats burkinabè de la MINUSMA faisant au moins six (06) morts au Mali. La concomitance du mouvement d’humeur et cette attaque me laisse perplexe et m’amène à croire que le Burkina Faso est peut-être victime d’un complot, voire d’une tentative de déstabilisation car l’insurrection populaire qui donne une légitime fierté aux peuples africains n’est pas du goût de tout le monde. Cela me rappelle d’ailleurs l’assassinat perpétré le 15 octobre 1987 contre Thomas Sankara avec l’appui des forces de néodomination. Aujourd’hui le succès de la Transition suppose que le Burkina Faso donnera désormais la voie à suivre à tous les pays où la dictature est encore de mise puisque la jeunesse africaine aura compris qu’elle doit prendre partout en Afrique son destin en main. Toutefois, celui qui n’a pas gagné l’autre rive ne doit pas se moquer de celui qui se noie, dit-on. Les soubresauts ces derniers temps dans notre pays sont la preuve que le régime Compaoré a encore pignon sur rue si on se rappelle qu’un certain mouvement avait osé appeler au retour de Blaise Compaoré. C’est dire qu’il y a de fortes velléités de reprise en main de la situation par les hommes du régime déchu de Blaise Compaoré. Ils sont très actifs et ne lésinent pas sur les moyens, y compris ceux militaires. Or, le Premier ministre Zida semble échapper désormais au contrôle de Blaise Compaoré.
Le fait pour le Premier Ministre Zida d’avoir accepté donner l’ordre de poursuite dans l’affaire Thomas Sankara inquiète l’entourage de Blaise Compaoré qui instrumentalise une partie du Régiment de sécurité présidentielle contre Zida devenu l’homme à abattre. En effet, l’attitude du Premier ministre pourrait être perçue comme une trahison du corps dont la hiérarchie est toujours loyale et fidèle à l’ancien Président Blaise Compaoré. Malgré les professions de foi et les renonciations publiques faites par Yacouba Isaac Zida de ne pas toucher le RSP, il n’arrive pas à convaincre ses frères d’armes. D’où la grande méfiance, les sautes d’humeurs, les diverses manœuvres ou manipulations, etc.
Le problème, c’est que le peuple burkinabé paie les frais au plus fort et notre démocratie prend un sérieux coup alors que le Régiment de Sécurité Présidentielle peut être dissout et démantelé dans le seul but de l’unité de l’armée. Des militaires qui composent ce régiment ont certes des talents et des compétences. Ces militaires pourront être redéployés dans d’autres unités de l’armée qui doit être une et indivisible et au service de la nation toute entière. Il ne doit pas y avoir une armée dans l’armée. Cela est inadmissible et inacceptable dans un pays démocratique où la place de l’armée républicaine, c’est la caserne et le mutisme comme on l’appelle la grande muette.

Tahirou Barry, président du Parti de la renaissance nationale : « Le peuple a droit à la vérité sur l’affaire RSP- Zida »

Sur la situation actuelle que traverse notre pays, il faut regretter que ce soit plus de 72 heures après que le gouvernement réagisse à travers un communiqué qui est loin d’avoir dissipé les grosses interrogations des Burkinabè sur cette ténébreuse affaire. Qu’est ce qui s’est passé entre le RSP et le premier ministre ? Le mystère reste entier ! Le peuple a droit à la vérité et nos premiers responsables du pays ne doivent pas s’en dérober. En tout état de cause, après ce qu’on a connu dans notre Faso, toutes manœuvres, toutes manigances ou tentatives de déstabilisations pour prendre en otage notre avenir et celui de nos enfants ne passeront plus.
Notre positon sur le RSP a toujours été constante. Le RSP doit être au service de la nation, du peuple et non à celui d’un homme, fut-il chef d’Etat. Au regard des fortes présomptions de crimes de sang qui pèsent sur lui, il est disqualifié pour rester au cœur de l’institution présidentielle. Il ne doit pas être une institution dans une institution. Il ne doit pas être contre le peuple dans sa mission aveugle de protection d’un homme mais être dans et pour le peuple. Il faut que le RSP soit revu dans sa dénomination, sa localisation et surtout ses missions. Dans un contexte sécuritaire national et sous régional très préoccupant, sa raison d’être doit être confinée dans des missions de lutte contre la criminalité transfrontalière, le terrorisme et le grand banditisme. La protection du chef de l’Etat et des institutions doit relever des prérogatives de la gendarmerie et de la police.

Rabi Yaméogo, porte-parole de l’Union pour le progrès et le changement dans un communiqué officiel : « Nous restons attachés au chronogramme des élections »

A travers Le Service d’information du Gouvernement, L’UPC a appris que sous la présidence de Son Excellence Monsieur le Président du Faso, avec la participation active du Gouvernement et du commandement militaire des concertations ont été initiées en vue de ramener le calme et la sérénité dans les rangs du RSP. Ignorant les vraies raisons de ces évènements faute d’explication claire des autorités de la transition et ne participant pas aux soit disant concertations en cours, l’UPC ne peut à l’heure actuelle faire une appréciation objective de la situation.
Néanmoins, l’UPC invite les protagonistes à cultiver l’esprit de paix, de rassemblement et de la cohésion chers aux Burkinabè.
L’UPC reste attaché aux respects scrupuleux du chronogramme des élections convenues de manière consensuelle et invite les autorités à prendre toutes les dispositions nécessaires afin que celles-ci se déroulement dans la sécurité et la sérénité.

Adama Kanazoé, président de l’Alliance des Jeunes pour l’Indépendance et la République : « Il faut éviter l’exacerbation des positions et les mélanges du genre »

Dans cette affaire, il faut éviter deux choses. D’une part La passion et l’exacerbation des positions, d’autre part les mélanges du genre. Il faut poser les problèmes l’un après l’autre.
Pour ce qui est du conflit entre le premier ministre Zida et ses frères d’arme, il faut un règlement interne à la composante forces de défense et sécurité. Zida ne représentant pas lui tout seul une composante, il est issue de la composante FDS (Forces de défense et sécurité , ndlr) et c’est à cette dernière de convoquer tous les corps et décider de leur avenir dans la gestion de la transition et par la même l’avenir du Premier ministre
Quant à la question du RSP, il reviendra au président Kafando de prendre ses responsabilités et décider. C’est un décret présidentiel qui a créé cette unité et le parallélisme des formes veut que ce soit un décret qui l’abroge.
En tout état de cause, nous tenons au respect strict du calendrier électoral et nous ne pensons pas que le processus sera affecté par cette crise interne à la composante FDS de notre transition.

Roch Marc Christian Kaboré, président du Mouvement du Peuple pour le Progrès dans son discours d’investiture : « Les élections doivent se tenir impérativement le 11 octobre 2015, quels ques soient les agendas cachés »

En dépit des difficultés d’une Transition dont la mise en place a été faite dans la douleur, le navire Burkina Faso se dirige vers des élections couplées présidentielle et législatives destinées à mettre un terme à la Transition en rétablissant le retour effectif à une vie constitutionnelle normale. C’est pourquoi les élections présidentielles et législatives doivent se tenir impérativement le 11 octobre 2015, quels ques soient les agendas cachés et autres manœuvres inavouables.

Victorien Tougouma, président du Mouvement Africain des Peuples : « Le président Kafando doit parler et taper du poing sur la table pour mettre fin à la recréation »

C’est un grand chagrin. On vit dans un pays où il y a beaucoup de misère et de pauvreté et qu’on se réveille tous les jours avec la peur au ventre. C’est triste. C’est justement cette insécurité et cette instabilité qui font que les pays africains notamment le Burkina Faso n’arrivent pas à se développer. Malheureusement, les leaders politiques n’ont pas compris. On s’était dit qu’avec les évènements des 30 et 31 octobre les gens allaient tirer leçon. Arrêter de penser à eux-mêmes et penser aux populations. Comment voulez-vous qu’on fasse le développement si nous sommes dans un pays aussi instable. Si vous regardez un peu les évènements de ces derniers temps, quel investisseur aura envie de venir au Burkina Faso ? Personne ! Même les Burkinabè, dans ces conditions, ne peuvent même pas avoir l’esprit tranquille pour créer des affaires, développer leur pays. Nous, nous souhaitons, en tant que leader politique, appeler les acteurs de la transition à beaucoup de responsabilité. S’ils sont là, c’est pour servir le peuple, ce n’est pas pour une guerre de positionnement entre le RSP et le gouvernement. Mais c’est de faire en sorte que nous puissions avoir des élections justes, transparentes et équitables et le nouveau président du Burkina Faso. Je pense que c’est cela la priorité et chacun ne devrait pas oublier cela.Sinon le jugement du peuple sera plus sévère qu’il ne l’a été avec Blaise Compaoré.
Moi je demande au président Kafando qui est le chef suprême des armées, le président du Burkina Faso et avec l’âge qu’il a, de savoir taper du point sur la table et mettre fin à la recréation, comme dirait un ancien président. Cette guéguerre entre le RSP et Zida qui est issu de ce même RSP commence à créer des problèmes à la transition. Nous sommes dans un pays qui est habitué aux coups d’Etat. Il suffit d’une petite étincelle pour que ça s’enflamme. Donc il est temps que le président du Faso puisse, comme il avait commencé, communiquer avec la nation. Expliquer clairement ce qu’il se passe parce que nous avons le droit de savoir. Il n’a pas le droit de se taire, il doit dire à la nation quelles sont les difficultés et taper du poing sur la table pour que, en fonction des responsabilités, chacun puisse rentrer dans les rangs. Le Burkina Faso appartient d’abord au peuple avant d’appartenir à quelques groupuscules.
C’est le président Kafando qui peut arbitrer cela parce que le problème du RSP et Zida n’est plus un problème d’institution mais un problème de personnes. Quand on arrive à des problèmes de personnes, il faut savoir trancher.
Moi je ne peux pas trancher parce que je ne connais pas le fond du problème. Vous savez que chacun tire la couverture de son côté. Il semblerait que le RSP a tenté un coup de force, il semblerait que c’est un vrai faux coup d’Etat. La réalité aujourd’hui, c’est que la transition doit aller à son terme et que des élections doivent être organisées. Nous nous pensons qu’il serait prématuré et même risquant aujourd’hui de débarquer le premier ministre et tous les ministres militaires du gouvernement parce que cela va ajouter de la crise à la crise. L’élection doit se tenir dans trois mois. Mais le président aussi ne doit pas laisser croire que c’est Zida qui est le chef de l’Etat. Zida aussi ne doit pas oublier que s’il est premier ministre c’est parce qu’il est issu du RSP. Sinon il n’aurait Pas pu s’imposer facilement contre Honoré Traoré.
C’est pour tout cela que nous appelons à la responsabilité des uns et des autres qui est l’intérêt suprême du peuple. Ils doivent comprendre que si le peuple est sorti pour faire partir Blaise Compaoré, ce n’est pas pour que des gens viennent le prendre en otage et sacrifier son avenir. Depuis l’insurrection, on ne fait que baisser dans plus de misère et d’instabilité politique. Ce n’est pas normal. L’objectif c’était justement d’aller au développement. Donc moi je n’ai pas tous les éléments pour trancher mais je dis que c’est le président Kafando qui peut le faire et il a cette légitimité. Quand on a la légitimité, on ne peut pas hésiter et surtout qu’il communique. Il avait promis qu’il allait communiquer régulièrement avec le peuple. Je crois que cette situation mérite qu’i dise voilà ce qui est sur la table, voici les réalités. Aujourd’hui, même vous qui êtes des journalistes, encore moins l’opinion ne sait réellement ce qu’il se passe. On n’a pas la vérité de la situation.
Je voudrais lancer un appel à toute la classe politique. Nous nous venons en politique pour essayer de contribuer pour le meilleur de nos populations. Le plus important, ce ne sont pas les postes. Le Burkina Faso est dans une situation de tension et de crise. Je pense qu’il faut jouer à l’apaisement et resserrer les rangs. Je voudrais dire à la société civile d’être responsable aussi. Le rôle d’une société civile n’est pas de se faire manipuler ou instrumentaliser par des politiciens. Leur rôle c’est justement de défendre la société civile notamment les plus démunis. Actuellement on sent que la société civile est en train de glisser dangereusement notamment à travers l’action de certains activistes pour ne pas dire de certains agitateurs qui sont en train de mettre de l’huile sur le feu. Donc moi j’aimerais que des anciens de la société civile comme le MBDHP, le GERDDES , le REN-LAC et bien d’autres qui ont une grande légitimité en matière de lutte pour la démocratie dans ce pays, puissent aussi donner de la voix pour demander de la responsabilité et de l’apaisement dans les rangs de la société civile.

Propos rassemblés par Jacques Théodore Balima, Grégoire B. Bazié et Fulbert Paré
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