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Migrants burkinabè expulsés du Gabon : 186 d’entre eux sont arrivés à Ouagadougou

Publié le lundi 29 juin 2015 à 01h24min

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Migrants burkinabè expulsés du Gabon : 186 d’entre eux sont arrivés à Ouagadougou

Ils sont pour la plupart de jeunes adolescents partis de façon clandestine au Gabon. Interpellés par la police, ils ont été expulsés le 18 juin. Au nombre de 186, ils ont été accueillis par la ministre de l’Action sociale et de la solidarité nationale à leur retour ce samedi 27 juin à Ouagadougou.

Que d’émotions à l’arrivée des migrants burkinabé expulsés du Gabon. De la tristesse surtout ! Habits délabrés ou encore sales, malades, l’air fatigué, déçus…chacun d’eux couvait sa douleur. Un a un, ils descendaient du car qui les a transportés depuis Cotonou au Bénin, aux frais du Président Michel Kafando, nous dit- on. Si certains étaient allés au Gabon pour faire des études, d’autres y sont allés pour un mieux-être. C’est le cas du plus jeune âgé de 12 ans. Il était accompagné de sa grande-sœur de 15 ans du nom de Ramatou Guinko. Ils ont tous les deux été interceptés alors qu’ils rejoignaient leur père en pirogue. Abdoul Béogo blessé au pied par la pirogue est aussi un jeune qui a quitté son village dans la province du Koulpelgo depuis 1 mois. « Je vais retourner cultiver au village », disait-il à sa descente du car.

Nicole Zan, ministre de l’Action sociale et de la solidarité tente de retenir ses larmes mais la voix reste cassée. « Soyez les bienvenus chez vous. Soyez les bienvenus dans votre chère patrie », dit-elle en substance. Difficilement les migrants applaudissent malgré tout. Ils semblent toutefois heureux de retrouver leurs proches.

Tous n’étaient pas des clandestins

Le 18 juin lorsque les migrants sont arrivés au bord d’une pirogue, ils ont été interceptés par la police. « Ils étaient très nombreux » confie Assami Zouré un expulsé, qui a été pris pour défaut de carte de séjour, alors qu’il rentrait chez lui en taxi. A l’en croire, la police a profité de l’arrivé des migrants pour engager une opération de rafle le même jour. Et c’est dans ces circonstances que beaucoup d’autres burkinabè en situation plus ou moins irrégulière ont été arrêtés. Selon Assami, lorsqu’on les a arrêtés, ils ont été conduits à la police où il y avait

beaucoup d’autres nationalités et sans procéder à une vérification, ils ont tous été expulsés du Gabon. Heureux de rentrer au pays, Assami ne pense plus retourner d’où il est venu. « J’étais électricien ici. Au Gabon, c’est le même travail que je faisais également. C’est parce que j’ai vu que rien ne prospérait par ici que je suis parti. Malheureusement les choses n’ont pas été comme je l’ai souhaité », laisse-t-il entendre.

Que faire pour réduire le fléau ?

Selon Lambert Ouédraogo du conseil supérieur des burkinabé de l’étranger, la migration clandestine est plus qu’un fléau. Des propos soutenus par Assami Zouré qui espère que le gouvernement lui trouvera des solutions car dit-il : « des burkinabè continuent de souffrir au Gabon ». Il s’est par ailleurs réjouit d’être de retour au pays sans être emprisonné parce que beaucoup d’autres passent par cette étape pendant 3 à 6 mois dans des conditions inhumaines avant de regagner leurs patries. Touché par ce témoignage, la ministre de l’Action sociale a rassuré les « migrants » sur les possibilités d’offre d’emploi avec certainement la politique socioéconomique d’urgence mise en place par le gouvernement de la Transition.

« Il y a du travail. Et il y aura du travail pour vous. Nous allons garder les contacts. Il faut rester au pays car votre avenir y est. Et nous allons ensemble contribuer à l’édification de notre Nation », leur a-t- elle dit. Il est encore difficile, selon Lambert Ouédraogo d’avoir de vrais chiffres sur le nombre de burkinabè vivant au Gabon, encore moins dans les autres pays. « Nous ne faisons que des estimations car les burkinabè ne s’enregistrent pas dans les ambassades et les consulats », confie-t-il avant de révéler que : « le 26 mars, nous avons accueilli 67 burkinabè venu de Malabo. Mais dès le lendemain, beaucoup disaient qu’ils repartiraient encore. Ils sont refoulés mais ils tiennent à repartir toujours ».

Bassératou KINDO
Lefaso.net

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