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Prix de la Francophonie économique 2005 : Des lauriers pour le coton burkinabè

Publié le vendredi 25 mars 2005 à 09h15min

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La Société des fibres textiles du Burkina (SOFITEX), représentée par son directeur général, Célestin Tiendrébéogo, et deux autres sociétés de l’espace francophone ont reçu le dimanche 20 mars 2005 au palais royal de Rabat (Maroc) le prix de la Francophonie économique. C’était des mains de son altesse royale (SAR) le prince Moulay Rachid.

On croyait que la ponctualité était la politesse des rois, ce n’est vraisemblablement pas le cas partout. Le prix de la Francophonie économique devait être remis par le roi Mohamed VI, c’est finalement son jeune frère, Son Altesse royale le prince Moulay Rachid, qui a présidé la cérémonie à la maison des hôtes du palais royal de Rabat.

Le souverain était en effet absent du pays, ce qui n’a pas manqué d’agacer certains participants qui ont trouvé, à raison , que la fête était quelque peu dévaluée. Car malgré tout le respect qu’on lui doit, le prince, ce n’est pas le roi. "Ça manque maintenant de piment", lâche, un peu dépité, un de nos voisins quand il apprend que Mohamed VI ne devrait pas être de la partie.

A ce sentiment est venu se greffer ce goût d’improvisation ou de cafouillage dans l’organisation qu’ont pu avoir quelques personnalités. Initialement prévu pour 12 heures en cette journée internationale de la Francophonie, c’est finalement à 14h 45 minutes que les choses sérieuses ont commencé avec l’arrivée du prince.

15 minutes chromo

Du coup, certains des participants, qui avaient leur avion dans l’après-midi, parfois à Casablanca (90 km plus loin) ont dû renoncer au cérémonial primaire pour ne pas rater leur vol. Et certains d’oser la comparaison. "En 2004, à Paris, ce n’était pas comme cela quand Jacques Chirac devait remettre le prix. Tout était alors réglé comme du papier à musique". Mais ne dit-on pas que les Occidentaux ont la montre, et nous, fût-on roi ou prince, avons le temps ?

"Quand le prince va entrer, on se lève et on regarde dans sa direction", lance à l’endroit des quelques dizaines d’invités triés sur le volet qui donnaient dos à l’entrée principale, Moulay Abdelamalek Alaoui, le président national du Forum francophone des affaires (FFA-Maroc). Le M.C de luxe avait à peine terminé sa phrase que son Altesse fit son entrée, accompagné de Driss Jettou, le premier ministre marocain. Les choses vont alors aller très rapidement et en 15 minutes chrono, l’affaire était pliée.

Stève gentili, le président international du FFA, dans une brève allocution, loue d’abord la consolidation de l’Etat de droit et des libertés et les grands chantiers de réformes entreprises dans différents domaines (transports, télécoms, énergie, tourisme, législation du travail, droit des affaires...) par les autorités marocaines pour attirer les investisseurs étrangers et accélérer l’intégration du royaume dans la mondialisation.

Puis il fait remettre au prince Moulay Rachid, le trophée de l’homme de l’année économique 2005 décerné à Mohamed VI, l’omniprésent absent du jour. Enfin, Célestin Tiendrébéogo (SOFITEX), Laurent Goutard (Komercni banka, Tchèquie) et Chandareth Phetsiriseng (Exotissimo travel, Laos) reçoivent tour à tour de SAR, le prix de la Francophonie économique (un diplôme et une médaille) qui "récompense les performances exemplaires d’une entreprise francophone qui, outre le développement de son activité, s’attache à travailler et à promouvoir des relations commerciales en français".

Une récompense méritée

Pour Léonce Koné, D.G de la Banque agricole et commerciale du Burkina (BACB), par ailleurs président national du FFA, cette récompense est tout à fait méritée et il y voit "le travail accompli par Célestin Tiendrébéogo depuis une dizaine d’années pour que la SOFITEX enregistre des progrès spectaculaires. J’en veux pour preuve juste un indice : durant cette période, il est parvenu par sa gestion à multiplier par dix les revenus nets que les producteurs de coton perçoivent de leur activité".

Quant à la production, elle a été multipliée par 4 sur les onze dernières campagnes (pour atteindre 600 000 tonnes de coton graine aujourd’hui) et le Burkina, qui, en 1995, ne figurait même pas dans les dix premiers pays africains producteurs d’or blanc est désormais régulièrement placé dans le tiercé gagnant... en attendant la première place. Et en dépit des vicissitudes des cours de la fibre, souligne-t-on à la SOFITEX, la société n’a eu besoin d’aucun concours pour équilibrer son exploitation. Mieux, avec l’appui d’un pool bancaire national et international, la SOFITEX a pu financer un ambitieux programme d’investissement. Ainsi, le parc industriel a été modernisé et a plus que doublé, aux sept usines qui existaient s’étant rajoutées 9 autres, entraînant la création de milliers d’emplois.

C’est tout cela qui vaut à la locomotive de notre économie les présents lauriers et TTC s’est dit heureux et fier de recevoir cette distinction qui honore non seulement la SOFITEX mais tout le Burkina, à commencer par les autres maillons de la chaîne cotonnière, particulièrement les cotonculteurs.

Pour la nationale des fibres textiles, ce prix aura pour conséquence un surcroît de crédit et de confiance. "C’est comme un passeport qui va nous ouvrir de nouvelles portes et nous faciliter l’accès de nombreuses enceintes", estime le D.G de la SOFITEX, en exhibant fièrement son trophée qui n’a visiblement rien à voir avec cette foultitude de prix, souvent achetés par les primés et dans lesquels nombre de personnes excellent de nos jours.

Créé par le Forum francophone des affaires (lui-même mis sur pied en 1987), la couronne que vient de recevoir la SOFITEX et ses deux colauréats est en effet, selon Stève Gentili, président international du FFA, un prix constitutionnel reconnu au plan mondial et qui peut offrir de nouvelles perspectives aux sociétés distinguées.

Ousséni Ilboudo

Rabat/Ouaga


Objectifs : 10 millions de touristes d’ici 2010

La remise du prix de la Francophonie économique le 20 mars 2005 à Rabat a été précédé la veille, dans la salle Ahmed Balafrej du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, des rencontres de la Francophonie économique sous le thème : "Investir au Maroc".

L’ouverture officielle a été ponctuée par deux interventions : le discours d’ouverture de Driss Jettou, chef du gouvernement marocain et l’allocution de Christian Jacob, ministre français des PME, du Commerce, de l’Artisanat, des Professions libérales et de la Consommation. Les deux intervenants ont axé leur laïus sur les réformes économiques entreprises par le royaume en vue de la relance de l’investissement et du Maroc dans la globalisation : les accords de libre échange.

Deux tables rondes ont ensuite permis à une brochette de ministres de sa majesté (Economie et Finances, Commerce et Industrie, Tourisme, etc.) et de nombreux patrons et investisseurs marocains et étrangers d’échanger sur "les créneaux porteurs de l’investissement étranger au Maroc" ainsi que des analyses et témoignages sur le même sujet.

La mise à niveau de l’économie marocaine, les grands chantiers structurants, le Plan Azur et le développement des provinces du Nord ont ainsi été débattus.

Pour ne parler que du tourisme par exemple, très développé comme chacun le sait dans le royaume chérifien, le Plan Azur, en plus des infrastructures déjà existantes, prévoit entre autres investissements l’aménagement de 6 stations balnéaires de dernière génération et la construction de 120 000 lits. Objectif avoué : 10 millions de touristes à l’horizon 2010.

Entre deux programmes officiels, nous avons du reste, dans cette ville où la couleur dominante est le blanc, fait une escapade du côté de la Tour (ocre) Hassan, une ancienne mosquée du XIIe siècle dont la construction n’a jamais été terminée à cause du tremblement de terre (aujourd’hui on parlerait de tsunami) de 1755. Les colonnades sont toujours là fièrement dressées vers le ciel et rappellent, dans une dimension moindre toutefois, le fameux Temple de Balbeck qui surplomble la plaine de la Beka’a au Liban. A chaque entrée de la Tour Hassan, deux cavaliers dans leur tenue d’applombe, sabre au clair, montent la garde et la relève intervient toutes les deux heures.

Sur un côté, le mausolée Mohamed V qui, en plus de ce souverain, abrite le corps de Hassan II et de son frère Moulaye. "Du marbre d’Italie, du plâtre de Marrakech, du bronze et de l’or "raconte d’une tirade presque inaudible le fremdenführer de service.

Dans un coin du mausolée, un homme en djelabo blanche et chechia rouge, sage comme une icône est assis, le Coran ouvert devant lui. Il en est ainsi tous les jours où 6 personnes se relayent de 6 heures à 22 heures pour lire le livre saint de l’Islam devant les catafalques des illustres disparus qui est un haut lieu du tourisme de la capitale marocaine.

O.I.


La délégation burkinabè lors de la remise du prix de la Francophonie économique était composée ainsi qu’il suit :

• Léonce Koné, DG de la BACB et président national du Forum francophone des affaires ; • Célestin Tiendrébéogo, DG de ma SOFITEX et madame ; • Mamady Sanou, coordonnateur du groupe IPS au Burkina. • Mohamed H. Bâ, Directeur de l’Administration et des ressources humaines de la SOFITEX et conseiller technique du D.G ; • Joël Tankoano, directeur de l’approvisionnement et du Transit de la SOFITEX ; • Issaka Langani, UPF-Burkina ; • Zoumana Traoré, journaliste TNB ; • Issa Kafando, caméraman TNB ; • Ousséni Ilboudo, journaliste l’Observateur paalga.

O.I


A l’issue de la remise du prix de la Francophonie économique, le lauréat burkinabè, Célestin Tiendrébéogo et d’autres personnalités nous ont dit leurs sentiments.

Célestin Tiendrébéogo, DG de la SOFITEX, lauréat 2005 du prix de la Francophonie économique

"Un passeport qui va nous ouvrir de nouvelles portes"

C’est un sentiment de joie et de fierté qui m’anime, pour le Burkina d’abord, qui, au-delà de la SOFITEX, est ainsi distingué parmi les 66 pays et organisations de l’espace francophone. C’est un honneur légitime que nous éprouvons et cela nous incite à aller toujours vers l’excellence, pour gagner le combat contre la pauvreté et le sous-développement.

C’est un prix que je dédie au président du Faso qui, vous vous rappelez, alors que notre pays se classait au 13e rang africain dans le domaine, a pris son bâton de pèlerin pour parcourir tout le Burkina, particulièrement la zone cotonnière, pour inviter les paysans à produire davantage. C’est à la suite de cela que le plan de relance de notre filière cotonnière a été mis en œuvre dès 1996, et de 13e pays producteur, nous sommes devenu le 2e pays africain, avec 600 000 tonnes attendues pour cette campagne. Ce prix récompense donc, pour reprendre l’expression utilisée, les performances exemplaires d’une entreprise.

Nous ne pouvons également qu’avoir une pensée pour la paysannerie du Burkina, principalement les producteurs de coton et leurs structures, qui doivent se sentir honorés par cette distinction, ainsi que pour tous les travailleurs de la SOFITEX. C’est un encouragement à aller de l’avant.

Cette distinction intervient au moment où les nouvelles du marché mondial ne sont pas bonnes. Comment la SOFITEX traverse-t-elle cette mauvaise passe ?

• Effectivement , nous recevons ce prix à un moment de crise sur le marché international et ici et là s’élèvent des voix pour dire que le coton ne vaut plus rien et qu’il ne faut plus produire. Pourtant, lors des dernières assises de l’Association cotonnière africaine (ACA) tenues à Ouagadougou, il a été question d’une remontée du cours pour la campagne à venir. Ce n’est pas moi qui l’ai dit, c’est le comité consultatif du coton.

La vérité est que le coton, à l’image de toutes les autres matières, connaît des fluctuations. Il en est ainsi du café, du cacao, de l’or, du diamant... du pétrole qui, de 20 dollars le baril, est passé à 30 avant de caracoler aujourd’hui à 50 dollars et rien ne dit qu’il ne va pas redescendre à 20 dollars, voire en dessous. Quelle est cette matière première, qu’elle soit agricole ou non-agricole, qui ne connaît pas ces fluctuations ? Même le sorgho ou le maïs, à un échelon local, n’y échappent pas. L’année passée par exemple, le prix d’achat au producteur tournait autour de 3 000 FCFA ; cette année, ils arrivent à le vendre à 7 000 francs.

Il faut donc rester calme et ne pas, toutes les fois qu’il y a une crise du marché cotonnier, paniquer et tenir des discours démobilisateurs. Il ne faut donc pas paniquer, cela d’autant plus qu’au Burkina nous maîtriserons mieux la crise ; et ce n’est pas parce qu’on a dit que les filières cotonnières africaines enregistrent un déficit de 200 milliards qu’il faut baisser les bras. Nous aussi à la SOFITEX, nous allons connaître un déficit de l’ordre d’une vingtaine de milliards, mais nous avons un fonds de soutien et nos réserves, de sorte que si la situation est critique, nous sommes loin de déposer le bilan.

Quel impact le prix que vous venez de recevoir va-t-il avoir sur vos activités ?

• Il y a d’abord que cette récompense va inspirer à nos partenaires une plus grande confiance à la SOFITEX et elle peut amener certains à s’engager davantage. C’est comme un passeport qui va nous ouvrir de nouvelles portes et nous faciliter l’accès de beaucoup d’autres. Avec ce prix, le logo de la SOFITEX sera dans les différents forums et instances et il sera de ce fait plus connu sur le marché du coton. Nous avons un produit de qualité qui va donc s’affirmer encore plus et tout cela est la résultante de la gestion qui a été faite. Je crois que nous devons nous débarrasser de notre complexe, car nous avons beaucoup d’idées, beaucoup d’initiatives au niveau des cadres de notre nation, et si nous nous départissons de ce complexe qui nous colle à la peau, d’ici une décennie, le Burkina sera un pays envié et respecté.

Ce prix aura-t-il une incidence quelconque sur le petit producteur ?

• Comme je vous le disais tantôt, au-delà de la SOFITEX, c’est le petit producteur, pour reprendre votre terme, qui a été honoré et ça devrait être un vecteur de galvanisation pour lui. Il doit savoir que le travail qu’il abat tous les jours est reconnu et apprécié comme tel.

Stève Gentili, président international du FFA

"Un prix reconnu au plan mondial"

Quels critères ont présidé au choix des 3 lauréats ?

• Ces critères sont définis par le jury et reposent sur une charte éthique que notre organisation a mise en place depuis une dizaine d’années ; une charte éthique qui concerne aussi bien la gouvernance, l’économique que le social. Le jury, pour l’exercice 2005, était présidé par le ministre français des Petites et Moyennes entreprise, du commerce, de l’artisanat, des professions libérales et de la consommation, et composé de 20 personnalités économiques venant de 20 pays différents de la Francophonie.

Et comment avez-vous fonctionné ?

• C’est très simple ; les comités nationaux du Forum francophone des affaires (FFA) proposent des entreprises qui sont analysées par le jury international, présidé par M. Christian Jacob, qui décerne les 3 prix que vous avez vus.

Quelles portes cette distinction ouvre-t-elle à ses lauréats ?

• Ça ouvre déjà les portes du palais royal de Rabat (rires) et cette récompense, qui fait partie des grands prix internationaux, est toujours remise par une personnalité éminente. Avant son Altesse royale, le prince Moulaye Rachid, il y a eu Jacques Chirac, Boutros Boutros Ghali, Edith Cresson, etc. Et le fait n’est pas négligeable que les sociétés primées puissent se servir dans leur logo, leurs communications commerciales, d’un prix institutionnel reconnu au plan international.

Léonce Koné, DG de la BACB, président national du FFA

"Le choix de la SOFITEX s’imposait"

Vous êtes Burkinabè, président national du FFA et partenaire privilégié de la SOFITEX ; quel effet ça vous fait à ce triple titre d’assister à la remise de ce prix ?

• A ce triple titre, j’éprouve une très grande fierté pour mon compatriote Célestin Tiendrébéogo, beaucoup de satisfaction également parce que j’y vois la récompense tout à fait méritée du travail qu’il a accompli depuis une dizaine d’années pour que la société enregistre des progrès spectaculaires. J’en veux pour preuve juste un indice : durant ces dix dernières années, il est parvenu par sa gestion à multiplier par dix les revenus nets que les producteurs de coton perçoivent de leur activité. De mon point de vue, c’est le but principal de ce type de production : apporter des ressources à l’Etat, mais aussi permettre à ceux qui travaillent dans ce secteur d’y gagner leur vie et de progresser sur le plan socio-économique. Pour toutes ces raisons, j’adresse mes très vives félicitations à Célestin Tiendrébéogo. Et je le fais d’autant plus volontiers que, comme vous l’avez relevé, nous sommes, à la BACB, l’un des principaux partenaires financiers de la SOFITEX.

Comment en fait s’est opéré le choix porté sur la SOFITEX ?

• Le choix au niveau international, je ne sais pas, car je n’étais pas membre du jury. Mais à l’échelle du Burkina, je sais qu’au niveau du comité national du FFA, nous avons, de manière très transparente, tenu une réunion au cours de laquelle nous avons animé les entreprises burkinabè qui, à notre avis, pouvaient être présentées comme candidates à ce prix. Et notre choix s’est assez rapidement porté sur la SOFITEX pour de multiples raisons. C’est l’entreprise la plus importante du Burkina, qui opère dans un secteur clé, stratégique même pour notre pays et où il y a des résultats tangibles de bonne gestion. Et c’est un secteur à travers lequel nous sommes au cœur du combat que mène notre pays pour un commerce équitable. Pour toutes ces raisons-là, la SOFITEX était toute désignée et j’ai soumis au bureau du FFA la candidature de Célestin Tiendrébéogo. C’est vrai que quand on postule comme cela, on attend de voir ce qui va être décidé, mais par les contacts que j’avais pris, j’ai pu me rendre compte que c’était une très bonne candidature et je suis heureux qu’elle ait été retenue.

Mamady Sanoh, coordonnateur du groupe IPS au Burkina

"C’est l’âme de notre pays qui a été primée"

J’avoue que je suis très ému de voir une société burkinabè distinguée, cela d’autant plus qu’il s’agit de la SOFITEX, dont je suis issu, dont je suis un pur produit. Quand j’ai vu mon ami Célestin se lever et aller prendre des mains du prince Moulay Rachid ce diplôme et cette médaille, j’ai eu un sentiment de fierté qui me conforte dans l’idée que le Burkina, malgré la modestie de ses moyens, est un grand pays.

Nous n’avons certes pas beaucoup de ressources, mais nous sommes un pays qui est mondialement reconnu par la qualité de ses hommes, ce qui est dû au travail qui est fait en amont par le président du Faso et au fait que les Burkinabè sont des gens travailleurs, humbles ; et l’humilité est la meilleure des choses que Dieu puisse donner à un homme.

Pour toutes ces raisons, je suis très heureux de voir aujourd’hui la SOFITEX primée, car c’est l’âme de notre pays et ce sont ces hommes et femmes dans les campagnes, ces ouvriers dans les usines, ces cadres dans les bureaux qui sont tous honorés à travers Célestin Tiendrébéogo. Et j’en suis fier.

Boni Yayi, président de la BOAD

"Un tel prix, ça se mérite"

Comme vous le savez, ce prix repose sur l’idée de partenariat entre secteurs privés de tout l’espace francophone ; et qui dit secteur privé dit accroissement de la richesse nationale ou régionale pour lutter efficacement contre la pauvreté. De ce point de vue, cette cérémonie placée sous le signe de ce partenariat au sein même de la Francophonie s’inscrit parfaitement dans la stratégie d’éradication de la pauvreté mise en place par l’ensemble de nos Etats.

Et en tant que président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), par ailleurs lauréat de ce même prix, il y a deux ans quand il a été remis par le président Jacques Chirac, je ne puis que me féliciter du fait que la SOFITEX soit primée. Je crois que ce n’est que justice compte tenu des performances de cette institution.

Vous qui êtes un ancien lauréat, quels dividendes, pour parler en termes bancaires, en avez-vous tirés ?

• D’abord, il faut travailler pour le mériter, ce n’est pas gratuit. Donc, j’ai déjà cette satisfaction du travail bien fait. En plus, cela a accru la crédibilité de mon institution et depuis ce temps, nous avons réussi à avoir d’autres partenaires qui ont cherché à nous connaître davantage. Et je dois vous dire qu’aujourd’hui, la Chine populaire est devenue actionnaire, l’Inde aussi... Vous me direz que ce ne sont pas des pays francophones, mais ce sont des acteurs qui cherchent à accroître la performance des économies africaines dans un contexte marqué par une certaine instabilité politique dans notre sous-région.

Mais nous avons malgré tout la stabilité monétaire au sein de l’espace francophone, nous avons la stabilité des institutions financières telles que la BCEAO, la BOAD. Pour me résumer, notre distinction d’il y a deux ans a accru la crédibilité, la notoriété, l’image de la BOAD, qui a franchi nos frontières. Actuellement, nous sommes en train de discuter avec le Canada, le Japon, l’Italie et d’autres pays non régionaux qui ont une signature reconnue sur les places financières internationales. Ce qui permettra à la BOAD de mettre plus de ressources à la disposition de nos Etats et de nos économies à des fins de financement du développement de notre sous-région.

Propos recueillis par Ousséni Ilboudo

Observateur Paalga

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