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Transition politique : l’Amicale des communicateurs propose un tribunal spécial à l’image des TPR

Publié le dimanche 12 avril 2015 à 23h58min

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Transition politique : l’Amicale des communicateurs propose un tribunal spécial à l’image des TPR

Dans sa dynamique d’accompagnement du processus de transition, l’Amicale des communicateurs de la Cité universitaire de la Patte d’Oie a animé une conférence de presse dans la matinée de vendredi, 10 avril 2015 à la Cité universitaire de la Patte d’Oie. Arrestations de personnalités, Code électoral, mouvements sociaux ont été les principaux points auscultés par les conférenciers.

D’entrée de jeu, le président de l’Amicale des communicateurs de la Cité universitaire de la Patte d’Oie, Issaka Ouédraogo, a fait savoir que son organisation ne pouvait rester silencieuse, face aux derniers développements de la situation politique nationale. « D’emblée, nous saluons respectueusement le Conseil national de la transition et le gouvernement pour le courage, le dévouement et la clairvoyance dont ils ont fait preuve, à travers l’adoption d’un nouveau code électoral », s’est-il réjoui. Pour le président, le 8 avril 2015 (date d’adoption du code, ndlr) restera « désormais » « inscrite en lettre d’or dans le livre des plus grands évènements qui auront marqué l’histoire politique du pays des hommes intègres ». Pour les conférenciers, l’adoption de cet instrument juridique est un signal fort et vient confirmer l’expression selon laquelle « plus rien ne sera comme avant ». Issaka Ouédraogo et ses « camarades » soutiennent que les autorités de la transition avaient, dans le « tâtonnement » et le « louvoiement », cautionné une certaine injustice en laissant le droit d’aller et de venir à ceux qui ont été responsables de ces évènements qui, affirment-ils, allaient plonger le pays dans une situation de règlements de comptes. « Heureusement que le gouvernement vient de voir clair. A notre connaissance, ce serait pour la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’à la survenue d’une insurrection ou révolution, des personnes ne soient pas arrêtées et traduites en justice », s’est étonné M. Ouédraogo, affirmant plus loin que les barons de l’ancien régime tentent de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement de la transition. « C’est le lieu, ici et maintenant, pour les autorités de la transition de prendre leurs responsabilités en main et ne tolérer aucun comportement tendant à saper les bases du processus de la transition. Tout contrevenant aux valeurs démocratiques devrait être sanctionné à la hauteur de son forfait de sorte à servir d’exemple à ceux qui nourrissaient de telles attitudes », ont-ils soutenu.

Consolider la loi en créant des Comités d’éveil anticorruption électoral

Sur le point précis des arrestations en cours, l’organisation estime qu’elles sont salutaires, bien qu’ayant tardé. « Cependant, pour aboutir au vaste chantier de la réconciliation, un tribunal spécial à l’image des TPR (Tribunaux populaires de la Révolution, ndlr) ou des TPIR au Rwanda doit être mis en place pour se saisir sérieusement de ces dossiers », ont proposé les responsables de l’Amicale qui demandent, par ailleurs, que les investigations se poursuivent pour « dénicher », « traquer », et « traduire » devant les juridictions compétentes, tous ceux qui ont été responsables de crime de sang, économique etc. Ils interpellent également le gouvernement à ester en justice contre les auteurs des biens mal acquis et de procéder à leur nationalisation au profit du peuple.
Sur l’adoption du Code électoral, l’Amicale des communicateurs de la Cité universitaire de la Patte d’Oie dit manifester son satisfécit car, estime-t-elle que ce pas de franchi montre la volonté du gouvernement de rompre avec les « velléités » et « autres formes de pourritures sociales ». Cependant, elle y voit des failles, notamment en ce qui concerne les dispositions relatives aux gadgets qui, selon Issaka Ouédraogo, pourrait être contournée. D’où la proposition de l’Amicale de consolider cette loi en créant des « Comités d’éveil anticorruption électoral (CE/ ACE) » sur l’ensemble du territoire avec pour principale mission de dénoncer toute tentative de fraude.


Une application effective de la loi pour préserver la quiétude sociale

En ce qui concerne la caution aux candidatures des scrutins, l’Amicale estime que « c’est bon mais, ce n’est pas arrivé ». Pour cette organisation, pour assurer plus de sérénité dans le jeu politique, notamment en ce qui concerne la conquête de la Présidence du Faso, et afin de promouvoir des candidatures « sérieuses », de prévoir dans le nouveau code, des durcissements dans la création des partis politiques au Burkina. « Cela permettrait d’éviter la myriade de partis politiques sans âmes qui pullulent dans nos sociétés, qui, le plus souvent sont sans assises fondamentales, ni siège et se donnant à la politique de ventre et de politique belliqueuse de commerce », argumentent les conférenciers. Toujours sur la même dynamique, l’Amicale aurait souhaité voir dans ce code, une disposition portant suspension pour le mandat prochain, de tous ceux qui, à l’issue d’un scrutin présidentiel, n’a pas obtenu au moins 2% des suffrages exprimés et qu’ils soient également condamnés à rembourser la moitié de la subvention allouée pour la campagne. Et ce, que ce soit un parti, une formation politique ou d’un candidat indépendant. Toujours sur ce point, l’organisation préconise que tout candidat à la présidentielle, pour être recevable, devrait fournir une pétition dûment remplie et paraphée d’au moins 50 000 signatures par des citoyens jouissant de leurs droits civiques et politiques. Des propositions que l’Amicale aurait pu faire avant l’adoption de la loi si leur audience, disent les responsables, auprès de la Présidence du Conseil national de la transition avait été accordée.

Face à ce qu’ils ont qualifié de « fortes dégradations du climat social par des manifestations parfois abusives et ne respectant pas les réglementations en vigueur relatives au droit de manifestation et de grève », les conférenciers ont appelé le gouvernement à une application effective de la loi pour préserver la quiétude sociale.
C’est dans cette optique qu’ils ont lancé un « appel patriotique » à toute la jeunesse burkinabè à se démarquer et à se départir des « marches claniques », de « règlements de comptes », de « provocations » et de « déstabilisations organisées » par des individus mal intentionnés dans le but de compromettre la transition et de plonger le pays dans « un chaos honteux ».
Créée en 2013, l’Amicale des communicateurs de la Cité universitaire de la Patte d’Oie regroupe des étudiants en communication et d’autres UFR (Unité de formation et de recherche). Elle s’est donnée pour entre autres missions de former la jeunesse et éveiller les consciences.
L’Amicale prévoit, les jours à venir, une journée de salubrité à la RTB/Radio et un panel-débat sur la transition, à Koudougou, en fin mai.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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