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Transition : M. le Président, revenez et agissez dans l’esprit de l’insurrection d’octobre 2014

Publié le lundi 16 mars 2015 à 19h02min

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Transition : M. le Président, revenez et agissez dans l’esprit de l’insurrection d’octobre 2014

Avant de rentrer dans le vif du sujet, permettez-moi de vous interpeller sur le sort de mes jeunes frères du « Balai citoyen » et de « Y’en a marre », pris dans les toiles de la dictature de la RDC. Ces jeunes militants des causes justes, infatigables combattants de la liberté, méritent toute l’attention de la République, dont vous êtes aujourd’hui le premier responsable : agissez à temps, parce que l’histoire récente de ce pays nous enseigne que les pratiques des forces de l’ordre sont d’un autre temps, comme celui de Blaise. Rien ne doit arriver à nos frères combattants de la liberté.

M. Le Président de la transition,
L’objet de mon propos n’est pas nouveau. Il s’agit de trouver les réponses adéquates à la question essentielle suivante : Comment réussir la Transition dans l’esprit de l’insurrection d’Octobre 2014 ?

L’objet de mon propos, vous l’avez déjà entendu certainement, venant des partis politiques, des organisations de la Société Civile, des chefs coutumiers, des leaders religieux, des syndicats, des journalistes, et peut-être même des militaires.

Mais cette fois-ci c’est le simple citoyen qui vous interpelle.

Dès lors, vous comprendrez que je n’utilise pas le langage ambivalent du politicien, soucieux de son électorat, je n’en ai pas.
Vous comprendrez aussi que je n’utilise pas le langage de sagesse des chefs coutumiers, soucieux de la référence qu’ils sont auprès de leurs sujets, bien qu’étant moi-même fils de chef, je n’en ai pas encore la charge.
Vous comprendrez donc que je n’utilise pas le langage confessionnel des leaders religieux, ils assument le très lourd et noble Ministère de Dieu, auquel je ne saurai prétendre. Dieu m’en voudrait si je jouais à cette imposture-là.
Vous comprendrez par ailleurs que je n’utilise pas le langage du syndicaliste, soucieux des intérêts de sa corporation, je n’ai pas de corporation à défendre.
Vous comprendrez aussi naturellement et très simplement que je n’utilise pas le langage du militaire, convaincu que la seule force se trouve au bout du canon, je reste convaincu de la force des arguments et du débat intellectuel.
Je n’utiliserai pas non plus le langage subtil des « experts en communication », empreint de circonvolutions que seuls les initiés peuvent décoder. Je ne saurai en avoir la prétention, moi le citoyen lambda.
Mon langage s’apparente à celui de la société civile, dont je me sens le plus proche, mais vous comprendrez là aussi, que je n’utilise pas non plus son langage de contre-pouvoir, même si je demeure que, « De l’esprit des lois », « Il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».

Comprenez-donc, M. Le Président, que je vous parle le langage ordinaire du citoyen indigné, en français facile.

M. Le président de la Transition,
Je le sais, nul n’a le monopole du patriotisme, et surtout pas moi, dont la vie a été celle d’un damné de la dictature du Front Populaire, de l’ODP/MT, de Blaise et des hommes forts d’alors.

Mais je ne suis pas non plus un imposteur, puisque je ressens encore cette douleur vive propre à ceux qui ont perdu des camarades, dans la caserne-torture du « Conseil de l’Entente », dont je me demande aujourd’hui, ce qu’elle devient dans la gestion de notre patrimoine commun.

Oui, M. Le Président, je ne suis pas un imposteur, car moi aussi j’ai payé ma part de martyr. Mais je suis loin, très loin de ceux qui sont morts, fauchés par les balles, morts sous les affres de la torture de certains, qui continuent de croire que la République est leur propriété, même après le 31 octobre 2014.

Oui, M. Le Président, je ne suis pas un imposteur, car j’ai vécu et je vis encore cette souffrance du damné du Front Populaire, de l’ODP/MT, de Blaise et de ses tous puissants conseillers d’alors.

Mais M. Le Président,
Un Homme n’a pas le droit de pleurnicher sur son sort. Le combat est préférable. C’est pourquoi, je me bats depuis des décennies, pour influencer le cours de l’Histoire. C’est ainsi qu’avec tant d’autres millions de Burkinabè, les mains nues, mais très déterminés, nous avons réussi à faire fuir Blaise, celui-là qui se prenait pour un homme fort, pendant que vous étiez dans votre ferme.

M. Le Président,
Après ces préalables, allons dans le vif du sujet. Mais pour commencer, je voudrais préciser que je m’adresse ici au Président de la Transition et non à votre personne : Je suis Burkinabè, comme vous, M. Le Président. Ainsi, il se trouve que vous et moi avons en commun ce pays, le Burkina Faso : son passé, son présent et son devenir. Je dis bien son devenir et non son futur.

Je suis un simple citoyen qui n’appartient à aucune chapelle politique, mais qui s’inquiète de la tournure que prend la Transition, et dont vous êtes le premier responsable, institutionnellement parlant, en tous cas.

Aussi, permettez-moi, M. Le Président de la Transition, de vous interpeller si tant est que la situation est inquiétante, très inquiétante même, au point de me faire peur.

Oui, M. le Président, les tournures que vous êtes en train de donner à notre transition me font réellement peur.
Et ma peur s’abreuve à la source de vos propos, depuis que vous occupez la plus haute fonction d’Etat dans notre pays.
Ma peur s’alimente de vos hésitations à agir véritablement dans l’esprit de l’insurrection d’octobre 2014.
Ma peur est nourrie par votre indécision, face à des dossiers urgents comme celui des crimes politiques, économiques et de sang, celui du RSP, des réformes de l’Etat du Burkina Faso Nouveau.
C’est vrai, vous aviez averti que la Justice n’est pas votre priorité. En son temps, J’avais naïvement pensé qu’il s’agissait d’une simple blague, de mauvais goût. Et pourtant, avec le temps, je me suis rendu compte qu’il fallait considérer vos propos au premier degré.
Ma peur s’abreuve à l’aune de vos décisions inopportunes, maladroites et non averties.
Ma peur s’accroit avec l’activisme indécent et intolérable des bourreaux de notre peuple. Mais un activisme compréhensible, puisqu’ils savent et sont convaincus d’avance que vous n’entreprendrez rien contre eux, vous qui vous êtes empressés de lever la suspension de leurs partis politiques.

Oui, M. le Président,
J’ai peur parce que Notre Transition, voulue inclusive, par la seule volonté des insurgés d’Octobre, dont vous n’avez jamais été, a été et demeure mal comprise par ceux-là même dont le projet visait à confisquer le Pouvoir, de façon exclusive.

M. Le Président,
Il y a de cela cinq (5) mois, vous ne saviez pas, et moi non plus, que vous alliez être à la tête d’une Transition dans notre pays. A la chute de Blaise, les noms d’éminentes personnalités, connues et respectées dans notre pays, ont été cités, mais pas le vôtre, jusqu’à ce que Zida voit en vous la possibilité de ce qu’il faut bien admettre comme un deal politico-confessionnel à la tête de notre pays : « nous sommes de la même chapelle, je te nomme et tu me nommes ». Peut-être que je me trompe, mais Dieu Seul Jugera, Lui L’Omniscient.

Ceux qui vous ont choisi ont certainement misé sur votre âge, votre carrière de diplomate (donc votre carnet d’adresse, oubliant qu’il n’y a pas meilleur carnet d’adresse que le peuple souverain du Faso).
Ceux qui vous ont choisi n’ont certainement pas compris que les insurgés d’Octobre, majoritairement jeunes, avaient et ont toujours besoin de s’identifier à des hommes engagés comme eux, pour un Burkina Faso Nouveau.

Je profite de cette occasion pour dire à tous ceux qui proclament déjà leur victoire, d’être humbles et modestes, car les jeunes du Burkina, les insurgés d’Octobre, veulent désormais des repères positifs à la tête du Burkina Faso Nouveau, instruits qu’ils sont, du passé, des propos, des faits et gestes des prétendants à la Fonction mais aussi de leurs collaborateurs, qui pourraient devenir, sinon redevenir des tout-puissants dans ce Burkina Faso Nouveau. Comme du temps où ils étaient les hommes forts du CDP, où des villages se sont vu refuser des forages, simplement parce qu’ils n’avaient pas voté CDP. Comme si, dans l’ordre constitutionnel établi, être du CDP était au-dessus de la citoyenneté Burkinabè. Nous y reviendrons, au moment propice de la campagne électorale, parce que nous ne voulons plus que de telles discriminations se répètent au Burkina Faso d’après octobre 2014.

M. Le Président de la Transition,
Trop de petites gens ont construit des fortunes colossales, dans ce pays pauvre, en vivant de rentes indues de la République. Ils sont opérateurs économiques, fonctionnaires civiles et militaires, ou tout simplement de simples citoyens ayant usé de leur statut de proches du cercle fermé du pouvoir, pour faire honteusement du trafic d’influence et main basse sur les richesses nationales.

M. Le Président de la Transition,
J’espérais et j’espère toujours que la Transition, Notre Transition posera les balises de la redistribution équitable des richesses nationales, basée uniquement sur le mérite.
Je ne désespère que cela soit encore possible, mais avec une véritable volonté politique. C’est pourquoi, j’ai décidé de vous interpeller.

M. Le Président de la Transition,
Je vous accuse de faire planer de sérieuses menaces sur Notre Transition. Dès lors, permettez alors que le simple citoyen que je suis, vous pose quelques questions.

1. En acceptant d’être candidat à cette Très Haute Fonction, ne saviez-vous pas que le Job allait être des plus difficiles, sinon très dur, au regard de la merde (excusez du terme) que Blaise à semée dans ce pays, avec l’appui de ses camarades, durant 27 ans ?

2. Pourquoi, depuis votre désignation, n’avez-vous pas instruit à votre gouvernement de présenter une feuille de route claire et lisible, pour des actions conformes à la volonté du Peuple souverain qui a dit non à la confiscation du pouvoir par Blaise ?

3. M. Le Président,
Ce refus, apparemment délibéré de votre part, de soumettre une feuille de route dès le départ, est-il fait à dessein ? Ce qui expliquerait toutes ces libertés et écarts constatés dans la gestion de la Transition.
Dans la proposition de Charte, que j’ai transmise en son temps à certains acteurs majeurs de la chute de Blaise, je proposais qu’un cadre d’intervention soit clairement défini, pour justement éviter ces libertés et écarts que nous vivons aujourd’hui et qui menacent sérieusement la Transition.

4. M. Le Président,
Depuis que vous êtes à la tête de cette Transition, trop de décisions et de propos venant de vous ont été très vite contredits, sinon simplement démentis. Et à chaque fois, à la moindre petite analyse, la triste évidence est que vos contradicteurs ont toujours eu raison.
Point besoin de revenir sur les exemples, car il y en a, et de trop, en seulement trois (3) petits mois.

Alors, M. Le Président de la Transition, pourquoi tant de légèreté au plus haut sommet de l’Etat, alors que vous nous aviez affirmé que « Plus rien ne sera comme avant » ?

5. Cette situation n’est-elle pas liée à l’inexistence d’une feuille de route claire, validée par le CNT ?

6. Ces démentis à longueur de journées, de vos propos et de ceux de vos ministres, ne sont-ils pas de nature à décrédibiliser, donc à fragiliser la plus Haute Institution du Burkina Faso, celle que vous avez l’Honneur de représenter aujourd’hui ?

M. Le Président,
La force et le poids des mots ont leurs limites et ce n’est pas dans le Burkina d’après Octobre 2014 que l’on peut encore berner ce peuple-là. Lui qui a décidé de prendre désormais son destin en main, après tant d’années de félonie, de louvoiement, d’escroquerie politique, d’indignité et de déshonneur de Blaise et de ses hommes de main, durant 27 ans.

Changez de mode de communication, M. le Président, afin de préserver l’Intégrité de l’Institution et le Respect qu’elle doit inspirer.

Vos faits et gestes laissent croire que votre seul souci est de satisfaire une certaine « communauté internationale ». Mais, en ancien diplomate que vous êtes, vous savez bien plus que moi, le citoyen lambda, qu’il n’existe pas de « communauté internationale ». Il n’y a que des regroupements géostratégiques à composantes variables et vous savez de quoi je parle. Cette même « communauté internationale », avec ses « hauts représentants », venus au secours de la victoire de l’insurrection d’Octobre 2014, se serait aussi précipitée à Kosyam pour féliciter Blaise, s’il avait réussi sa forfaiture. Comprenez donc que cette même « communauté internationale » ne pourra que s’incliner devant la volonté des peuples souverains, décidés à prendre leur destin en main, comme nous l’avons fait au Burkina Faso. C’est vrai que la résistance du peuple burkinabè, à une époque glorieuse de son histoire, semble ne pas être votre tasse de café. Mais cela fait partie intégrante de l’Histoire de notre vaillant Peuple. Vous avez le devoir d’en tenir compte pour la réussite de la Transition.

Ainsi donc, M. Le Président, des balises qui serviront de repère à la construction du Burkina Faso Nouveau, vous n’en avez cure et ce, malgré les nombreuses interpellations.

7. M. Le Président,
Aviez-vous vraiment besoin d’attendre que les partis politiques et la Société Civile vous interpellent sur les agissements de Blaise, l’arrogance et l’activisme provocateur du CDP et de ses satellites, l’indiscipline caractérisée de ces militaires en activité qui foulent aux pieds les lois de la République ?
C’est vrai, Djibrill Bassolé a annoncé qu’il est désormais libre de toute obligation vis-à-vis de l’armée. Publiez le décret et nous l’analyserons, conformément aux dispositions des lois de la République, qui ne sera plus jamais une république bananière, comme du temps de Blaise.

8. M. Le Président,
A partir du moment où les activistes du CDP vont voir Blaise et revenir librement au Faso pour s’en vanter, sans être inquiétés, qui peut encore m’empêcher de croire que cela n’est pas organisé depuis le cœur du pouvoir de la Transition ?

9. Sinon, au moment de la levée de la suspension du CDP et de ses satellites, vous aviez prévenu, que si…
Avez-vous donc déjà oublié vos « mises en garde », ou était-ce juste pour amuser la gallérie, sachant par avance que vous ne feriez rien, s’ils contrevenaient à vos « mises en garde » ?

10. M. Le Président,
Que cachent donc ce mépris et ce silence à l’égard de femmes et d’hommes par qui vous devez d’être là où vous êtes, puisque vous étiez tranquillement dans votre ferme, loin de la lutte ?

11. C’est vrai, vous n’avez jamais été un acteur du départ de Blaise, tout comme le Premier Ministre, au contraire. Tous les deux, vous avez fait vos carrières avec et sous le funeste règne de Blaise. Mais est-ce une raison, pour que le sacrifice de nos martyrs soit passé par pertes et profits ?

12. Sinon, comment comprendre cette particularité de l’insurrection d’octobre 2014, où personne, je dis bien personne, de l’ancien régime, n’a été arrêté. Bien au contraire, ils ont eu et ont encore droit à tous les égards. A telle enseigne qu’ils se permettent de narguer encore la jeunesse martyre du Burkina. Blaise a même été accompagné dans sa fuite par des soldats de notre armée, qui sont revenus tranquillement à leurs postes. Certains ont même été promus.

13. M. Le Président,
Pourquoi le temps de la Justice s’est-il donc, curieusement et subitement arrêté, pendant la Transition, alors qu’il devrait en être autrement ? Notre Transition est vraiment une particularité.

14. M. Le Président,
Pourquoi, depuis votre désignation, n’avez-vous pas instruit à tous les membres de votre gouvernement de faire la déclaration de leurs biens. S’ils l’ont fait, pourquoi cela n’est-il pas toujours publié au journal officiel du Faso ? Qu’est-ce qui bloque, où est-ce la peur de l’indignation que pourrait soulever les colossales fortunes injustement et malhonnêtement amassées par certains ministres, fonctionnaires civiles ou militaires, d’un des Etats les plus pauvres au monde, et où des enfants suivent encore les cours sous des paillotes ?
S’agit-il ici aussi, de laisser le temps passer, jusqu’à la fin de la Transition, et le tour est joué ?

De mon éducation reçue d’un père soldat (au sens de l’honneur et de la dignité), je retiens que dans la vie, il y a deux (2) catégories d’Hommes :
  les grands Hommes (avec grand H), ceux qui s’oublient, au profit de l’intérêt général. Sont de ceux-là MANDELA, MARTIN L. KING, SANKARA, GANHDI, KWAME N’KRUHMA, et bien d’autres. Ils sont rares, mais demeurent définitivement dans le cœur des Peuples du Monde ;
  les petites gens, qui courent derrière les villas, les vergers, les comptes bourrés à faire craquer une banque. Ils sont les plus nombreux, malheureusement, mais finissent toujours dans le déshonneur et l’oubli des Peuples.

Je prie afin que Dieu, Le Véridique, Le Juste, L’Omniscient, ramène sur le chemin de l’Honneur et de la Dignité, toutes ces petites personnes qui n’ont son Nom que dans la bouche et l’argent dans leur cœur. Peut-on avoir le mot peuple dans la bouche, quand on brasse une fortune colossale, en simple fonctionnaire, civile ou militaire, ou même opérateur économique, dans un pays aussi pauvre. La seule façon d’être honnête envers les autres, c’est de l’être envers soi-même.

15. M. Le Président,
Pourquoi, depuis votre désignation, n’avez-vous pas pris des mesures fortes, pour empêcher la fuite des capitaux et ressources des dignitaires du régime de Blaise ?
Je n’ose même plus parler de régime déchu, parce que, à l’allure où vont les choses, tout laisse croire que ce régime n’est pas déchu. C’est juste la personne de Blaise qui a démissionné de la Présidence du Faso. Et les propos tenus à longueur de journées, par certains barons du CDP et de ses satellites le prouvent.

16. Il me revient des informations inquiétantes, sur l’organisation des élections couplées (présidentielles et législatives), qui pourraient être contestées, et de façon légitime, par les artisans de la chute de Blaise, puisque vous ne faites rien pour que la compétition soit juste et équilibrée. En effet, qu’avez-vous entrepris pour cadrer ces campagnes prématurées et déguisées, de certains anciens collaborateurs et animateurs clé de la galaxie Compaoré ?
Ce n’est pas seulement le statut de Blaise qu’il faut clarifier. Il y a tous ces officiers d’active, qui font ouvertement de la politique en tenant des meetings, en se déclarant candidats à la prochaine présidentielle. Que faites-vous, M. Le Président.

17. Que valent alors les lois de la République ? A qui s’appliquent-elles ?

18. M. Le Président,
Quelle est la place du Général Gilbert Diendjéré dans le protocole de la République ? Est-il le seul Général de notre armée. Ou pensez-vous qu’il soit plus valeureux que les autres généraux de notre armée ?
Son « importance » dans le dispositif protocolaire de la république bananière de Compaoré était seulement due à son accointance avec le régime. Maintenant que « plus rien ne sera comme avant », pourquoi tant d’égards à son égard ? Ou est-ce une manière communicative de dire aux insurgés que rien n’a changé ?

Blaise n’est pas un « enfant de cœur » et nous sommes malheureusement trop nombreux au Burkina à le savoir, pour avoir subi les foudres de sa dictature et de ses compagnons de 27 ans. Pas vous, assurément, qui avez fait une douillette carrière, loin des tortures, des assassinats, des licenciements, des emprisonnements.

19. M. Le Président,
Pensez-vous sincèrement que Blaise, un homme à la rancune tenace, va tranquillement s’asseoir à Abidjan, avec toutes les ressources détournées au Peuple, et regarder la Transition se dérouler, sans chercher à prendre sa revanche sur le Peuple ?

20. Que faites-vous pour combattre la réorganisation pré et pro-élections du clan Compaoré à Abidjan ?

21. Vous évoquez très souvent des difficultés pour prendre certaines décisions. Mais, M. le Président, on est justement Responsable pour prendre des décisions dans des situations difficiles, sinon, on ne l’est pas.

22. Je ne rentrerai pas dans ces indécents et macabres décomptes de militants-morts ou de morts-militants. Pour moi, tous ceux qui sont tombés sous les balles assassines de Blaise et de ses hommes de main, sont des Burkinabè.
Pensez-vous que ceux-là qui ont perdu des êtres chers, des proches, des frères, des camarades, des amis, leurs collègues,
Pensez-vous que ceux-là qui sont à jamais handicapés,
Pensez-vous que ceux-là qui se sont battus pendant que vous étiez dans votre ferme,
Pensez-vous sincèrement que tous ceux-là vont longtemps accepter d’être les dindons de la farce, une farce d’ailleurs mal écrite ?

23. M. Le Président,
Pensez-vous que l’inoubliable spatule de la Femme Burkinabè dans les rues de Ouagadougou, c’était juste pour s’amuser ?

24. Le Burkina court vers le danger, et il se trouve que vous en êtes le Président. Que faites-vous, M. le Président ?
Proposez-nous rapidement un « contrat politique » qui s’inscrive dans l’esprit et la lettre de l’insurrection et de la Charte. Sinon, nous n’arriverons pas tranquillement aux 11 octobre, comme vous le pensez.
Trop de nuages s’amoncellent dans le ciel du Burkina, un ciel pourtant dégagé par les insurgés d’Octobre 2014.

24. M. Le Président,
Voulez-vous un exemple ?
En voici un : A peine créée, voici que la Commission de Réconciliation Nationale et des Réformes enregistre déjà la démission d’un de ses membres éminents.
Pourquoi alors créer des commissions, en les vidant de leurs raisons d’être ?
La démission de M. Siaka COULIBALY vous interpelle.
Je vais m’arrêter là, car les questions sont trop nombreuses, et toutes aussi importantes les unes que les autres, et je ne pourrai pas les épuiser dans cette première interpellation.
Mais avant et …

25. … Pour terminer, je voudrais savoir, M. le Président, ne saviez-vous pas qu’il ne s’agissait pas d’occuper seulement le fauteuil, mais de faire le job, de remplir la fonction ? Et cette fonction-là n’est pas une sinécure, mais un sacerdoce.

Votre leitmotiv semble être pourtant d’attendre tranquillement d’organiser les élections. Mais, M. le Président de la Transition, Blaise aussi a organisé plusieurs élections, mais pour quels résultats. Ce qui m’intéresse (car je parle en mon seul nom, mais il se peut que des millions d’autres Burkinabè se reconnaissent en mes propos), ce n’est pas tant l’organisation des élections, mais les balises que cette Transition doit poser pour un meilleur devenir du Burkina Faso.

Ce que nous voulons, c’est de transformer la gouvernance de la démocratie électorale de Blaise en une gouvernance de démocratie de service pour un Burkina Faso nouveau : posez donc les balises, et les bonnes, pour le devenir du Burkina Faso.

C’est pour cela que vous avez été désigné, PRESIDENT DE LA TRANSITION.

M. le Président, aux heures chaudes pré-insurrection, j’ai personnellement adressé une correspondance à tous les « honorables » députés, individuellement, à travers l’adresse mail de chacun d’entre eux, leur demandant de rentrer positivement dans l’Histoire du Burkina, en refusant d’être parqués dans un hôtel, comme du bétail qu’on envoie à l’abattoir. Je leur demandais simplement de refuser de participer à la forfaiture de Blaise. Je n’ai pas été suivi, car beaucoup d’entre eux croyaient encore en l’étoile de leur petit dieu Blaise.

Le jour de l’insurrection, je leur ai adressé une dernière correspondance, appelant à leur responsabilité de décideurs du jour. Je n’ai pas aussi été suivi. Les plus dignes d’entre eux vivent encore cette humiliation.

M. LE PRESIDENT, LA SITUATION EST GRAVE, TRES GRAVE MEME.

Il vous faut agir, et vite. Et pour cela je vous propose mes conseils ci-après :

1. Dites vivement à Alassane OUATTARA de rappeler Blaise à ses obligations de réserve, qu’il y ait été reçu en ivoirien par alliance ou en réfugié Burkinabè. Sinon rappelez notre Ambassadeur. Il comprendra que c’est plus que sérieux.
2. Instruisez au Gouvernement de nous proposer « un contrat politique », à travers une feuille de route claire, dans l’esprit de l’insurrection d’octobre 2014.
3. Accélérez le temps de la Justice, en instruisez aux magistrats commis à la tâche, de rouvrir les dossiers pendants, d’ouvrir les enquêtes comme cela se doit dans tout état de droit dès qu’un citoyen n’est pas mort de « mort naturelle ».
4. Lancez un mandat d’arrêt international contre Blaise et tous les membres de la Galaxie Compaoré. Les magistrats du Burkina post-insurrection savent bien qu’il y a suffisamment d’arguments pour le faire.
5. Interdisez de sortie du territoire (par mesure conservatoire), tous les responsables (anciens comme nouveaux) du CDP et de ses satellites. Vous avez suffisamment d’arguments pour mettre à exécutions vos « mises en garde », quand vous leviez la suspension de leur parti et de ses satellites.
6. Suivez les mouvements des comptes des barons de l’ancien régime.
7. Dites aux activistes du CDP et de ses satellites d’arrêter de provoquer le peuple meurtri, car les douleurs des morts et des blessures sont encore vives, de par leurs fautes.
8. Rappelez à l’ordre, tous ces militaires indisciplinés qui continuent de bafouer les lois de la République, comme ils l’ont toujours fait, sous le régime de Blaise.
9. Instruisez la publication des biens des membres du Gouvernement dans le Journal Officiel du Faso
10. Honorez la mémoire de nos martyrs par des actes et non des mots et des promesses jamais tenues.
11. Prenez votre « communauté internationale » à témoin, en écrivant à la CEDEAO, à l’Union Africaine, au Nations Unies, ce machin du Général De GAULE.
12. Interpellez les sages du Faso que sont les chefs coutumiers, les leaders religieux, sur leur rôle de modérateurs de la société, afin qu’ils préviennent l’orage qui s’annonce.
13. Tenez un Conseil extraordinaire des ministres, pour montrer la gravité de la situation afin de prendre les mesures qui vaillent.
14. Parlez le langage de la vérité au Peuple, puisque vous êtes déchargés des calculs mesquins, indécents et pesants d’une élection, puisque vous ne pouvez pas vous présenter à la prochaine présidentielle.
15. Parlez à la nation, à travers un discours avec des engagements forts et des propos vrais et justes.

M. LE PRESIDENT DE LA TRANSITION, REVENEZ ET AGISSEZ DANS L’ESPRIT DE L’INSURRECTION D’OCTOBRE 2014.

IL N’EST PAS ENCORE TARD.

Travaillez à avoir le Peuple avec vous. Et Ensemble, nous réussirons, car, l’insurrection d’octobre l’a bien montré : RIEN NE PEUT S’OPPOSER A LA VOLONTE POPULAIRE, MÊME PAS LES HOMMES FORTS.

TRES SINCEREMENT, M. LE PRESIDENT DE LA TRANSITION.

Aly Teyéni MANA

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