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Vote des Burkinabè de l’étranger : « Les exclure sera une erreur du gouvernement »

Publié le mardi 13 janvier 2015 à 21h10min

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Vote des Burkinabè de l’étranger : « Les exclure sera une erreur du gouvernement »

La question du vote des Burkinabè de l’étranger fait couler beaucoup d’encre et de salive. Une innovation ou du moins une justice que le gouvernement de la transition pourrait, enfin, rendre à ces fils ou filles du pays qui ont toujours exprimé le besoin d’accomplir ce devoir citoyen. Pour en savoir davantage, nous avons tendu notre micro à des Burkinabè vivant dans des pays de l’Europe. Lisez plutôt !

Amed Bagagnan, Burkinabè vivant en Norvège : « Il faudra peut-être l’organiser dans les pays à forte communauté »
Le vote des Burkinabè de l’étranger est naturellement souhaitable. Il faut cependant reconnaitre que la forte présence de cette communauté varie d’un pays à l’autre mais il sera toujours opportun que même si loin de la patrie, ils puissent s’exprimer sur ce qu’ils pensent de la destinée du pays. Etant donné que même loin, il participe au développement de la Nation d’une manière ou d’une autre. Pendant longtemps, le processus électoral avait été mis en marche mais la question reste à savoir s’il est aujourd’hui opérationnel. Si c’est le cas et qu’en plus les moyens techniques et financiers permettent d’organiser le vote à l’étranger, tant mieux. Je pense que si les autorités veulent de ce vote des Burkinabè à l’étranger, elles pourront le tenir, pas forcément dans tous les pays. Elles pourront par exemple le faire dans les pays où il y a une forte communauté comme la Côte d’Ivoire. La communauté burkinabè de Norvège est très faible. Toutefois, faut-il reconnaitre que le vote des Burkinabè de l’étranger a un impact sur les résultats. Le Mali en a fait, pourquoi pas le Burkina ?

Aziz Dabo, Burkinabè vivant en France

Cela fait 5 ans que je vis à Paris dans le cadre de mes études. Et je me suis impliqué dans le milieu des associations burkinabè en France. Le jour de la mise en place des structures de la CENI au nombre de deux (une pour l’ambassade et une pour le consulat), les débats ont été houleux et tendus. Il y a eu des informations erronées sur la venue de la CENI à Paris car des Burkinabè ont pensé qu’il s’agissait d’une rencontre avec les partis politiques. Lorsque les choses étaient devenues plus claires beaucoup ont compris. Bref ! Le vote des Burkinabè est d’une importance pour le développement. Mais j’avoue que les élections au niveau de la diaspora sont très compliquées. Et personnellement je suis sceptique par rapport à la faisabilité. Déjà que nous rencontrons des problèmes au niveau de la carte consulaire car on n’en produisait plus. Heureusement qu’une solution a été trouvée puisque c’est ce document qui permet de voter. Aussi, dans un pays comme la France où les villes ne sont pas aussi proches, d’énormes difficultés vont se poser notamment sur l’installation des bureaux de vote. A l’époque, on se demandait comment les Burkinabè de Toulouse, de Bordeaux, de Lyon, etc. allaient participer au scrutin. Comment est-ce-que les différents démembrements allaient être installés ?, etc. Ces questions n’avaient pas eu de réponses certaines. Néanmoins, la CENI avait pris en compte et entendait de voir comment les bureaux de vote pouvaient-ils être accessibles à tous. Cela nécessitait aussi du coût financier conséquent. Après ces évènements des 30 et 31 octobre 2014, je me demande si l’Etat dispose de moyens conséquents (humains et techniques) pour organiser les votes de la diaspora. En 9 mois, est-ce qu’il sera possible de se réorganiser de façon rapide et efficiente pour pouvoir mettre tout le dispositif en place ? Au moins là, il y a une plus forte communauté burkinabè. En tous les cas, si les nouvelles autorités veulent, elles le peuvent. Et c’est notre souhait.

Tidiane Guene, Burkinabè vivant en Italie

Il ne suffit pas de voter pour voter. Il faut surtout s’assurer de la crédibilité de ces votes à l’étranger. C’est pourquoi, nous incitons hâtivement le gouvernement à établir son plan. Déjà que le processus est déclenché, pourquoi ne pas afficher une position définitive. Reste maintenant à travailler à établir la transparence.

Aminata Rachow/Ouédraogo, Burkinabè vivant en Allemagne
Exclure le vote des Burkinabè de l’étranger serait une erreur du gouvernement actuel. Cela pourrait même entrainer des problèmes politiques, économiques, et sociaux dans le pays. Nous contribuons d’une manière ou d’une autre au développement et la stabilité du pays. Je pense que le président Kafando a émis son inquiétude par rapport au vote de la diaspora en Côte-d’Ivoire parce que l’ancien président Blaise Compaoré vivant là-bas pourrait avoir une grande influence sur les électeurs. Il y a une grande communauté burkinabè qui continue de soutenir mais cela ne peut pas être un argument pour exclure plus de 5 millions de voix. A mon avis permettre ce vote de la diaspora serait rendre justice aux Burkinabè de l’étranger.

Propos recueillis par Bassératou KINDO
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