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Département des infrastructures et du désenclavement : La ‘’grande’’ explication du ministre Moumouni Dieguimdé

Publié le lundi 29 décembre 2014 à 07h05min

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Département des infrastructures et du désenclavement : La ‘’grande’’ explication du ministre Moumouni Dieguimdé

Le ministre des Infrastructures, du désenclavement et des transports, Moumouni Dieguimdé-c’est l’orthographe qu’il faudra désormais retenir de son nom et non ‘’Guiguemdé’’- a animé ce dimanche 28 décembre 2014, une conférence de presse de plus de deux heures pour répondre aux préoccupations suscitées dans l’opinion par les accusations portées à son encontre dans la presse et relayées par une partie de son personnel qui exige de ce fait sa démission du gouvernement.

Au lendemain du point de presse d’une partie de son personnel qui exige sa démission du fait entre autres des accusations de corruption et d’emprisonnement contre lui ; le ministre des infrastructures, du désenclavement et des transports du gouvernement de transition était ce dimanche 28 décembre 2014 à Ouagadougou face à la presse. Pour non seulement donner sa version des faits à lui reprochés mais aussi et surtout pour solliciter l’aide des journalistes afin d’amener ceux qui réclament sa démission à le laisser travailler et à le juger aux résultats. Si d’entrée de jeu le ministre Dieguimdé a exprimé sa disponibilité à apporter tous les éclaircissements souhaités par ses interlocuteurs, l’homme a rarement été à la hauteur des attentes des journalistes au cours de cette conférence de presse qui s’apparentait à un tribunal où les uns et les autres, en l’occurrence des anciens ou présents collaborateurs du MIDT, étaient appelés à la barre pour témoigner.

Pendant que les journalistes s’évertuaient à arracher des aveux à Diéguimdé par rapport aux accusations à son encontre, lui semblait plutôt préoccuper à tourner la page et à se concentrer sur la tâche qui l’attend.

Ainsi sur la question des démêlées qu’il aurait eues avec la justice américaine dans une affaire d’exportation frauduleuse d’avion, de corruption et qui l’aurait conduit en prison pour plusieurs mois ; le ministre ne nie pas les faits mais assure qu’il n’a jamais fait la prison, que l’affaire « n’a jamais été jugée en tant que telle ». Et quand on lui présente une pièce qui fait mention de son emprisonnement pendant quatre mois, il demande à voir la pièce en question pour savoir de quoi il s’agit, mais il s’empresse d’ajouter que même si cela était avéré, cela ne devrait pas l’empêcher d’exercer la charge de ministre, citant les exemples de Alain Juppé en France ou de Nelson Mandela en Afrique qui ont eu à assumer des fonctions publiques après leur emprisonnement. Autre accusation rejetée par le MIDT, l’immatriculation frauduleuse d’un avion pour STMB Tours dans le cadre du Hadj 2010. Là-dessus, il assure avec à l’appui des témoignages de son ancien directeur technique et de l’administrateur général de STMB Tours, n’avoir jamais posé un tel acte, arguant qu’il n’a pas le pouvoir de le faire. Même si des documents comportant ses signatures sont présentés.

Le MIDT Diéguimdé a également rejeté avec l’appui de ses collaborateurs, les allégations du personnel selon lesquelles il aurait déjà passé plus d’un milliard de francs CFA de marché de gré à gré. Sur cette question, le directeur des marchés du ministère a expliqué qu’un ministre n’avait pas le pouvoir de passer un marché de plus de 100 millions de francs CFA au regard de la procédure de passation des marchés publics. Et qu’aucun montant relatif aux travaux en question -aménagement d’une route allant au champ du président, exécution de ralentisseur aux alentours de l’église où fréquente le Premier ministre Zida, réalisation d’un parking municipal à l’ancien camp fonctionnaire- n’a encore été porté à la connaissance de Diéguimdé. Du reste l’ensemble des marchés concernés qui sont toujours au stade des propositions de devis ne valent pas, selon les explications fournies, un milliard de francs. C’est autour de 681 millions de francs alors que ce chiffre même, à les entendre, est susceptible d’être revu à la baisse. Tous ces travaux en question, explique Diéguimdé, entrent dans le cadre des actions de sécurisation normale des hauts personnages de l’Etat que sont le Président du Faso, le Premier ministre ou le président du Conseil national de transition.

Il demande à être jugé sur ses actes

Parmi les questions délicates auxquelles le ministre des Infrastructures a eu du mal à répondre figure celle relative à son éventuelle démission si les protestations à son encontre se poursuivaient. A l’écouter, l’on ne devrait pas poser la question de sa démission, mais plutôt chercher à le juger sur les actes qu’il va poser, surtout que le temps de la transition, dit-il, est limité pour que l’on se permette des ‘’distractions’’. Pour lui le personnel qui exige son départ n’est qu’un petit groupe sur plus d’un millier de travailleurs. A entendre Diéguimdé, envisager sa démission, c’est ouvrir des revendications à n’en pas finir alors que les problèmes à résoudre dans le cadre de la transition ne se rapportent pas à une affaire de personne et ne doivent en aucun cas exclure aucun burkinabè, même si celui qui a déjà fait la prison. Aux journalistes qui l’ont pressé à plusieurs fois de dire oui ou non s’il a été emprisonné aux USA, le MIDT n’a pas répondu au-tic-au-tac. Il a le plus souvent botté en touche, se demandant l’intérêt de telles questions pour la bonne conduite de la transition. Ce qui naturellement ne plaisait pas aux journalistes dont certains ont menacé quelques fois de se retirer des échanges, n’y trouvant pas leurs comptes. Les échanges ont même failli dégénérer, surtout quand un responsable de syndicat a trouvé que l’attitude de certains journalistes vis-à-vis du ministre était déplacée et a voulu intervenir. Ce à quoi les journalistes se sont opposés, estimant que ce n’était pas une conférence publique. Finalement, le monsieur n’a pas eu droit à la parole et les échanges ont pu se poursuivre plus ou moins dans le calme.

Ce qui a permis au ministre Moumouni Diéguimdé de délivrer son mot de la fin dans lequel il a exhorté les journalistes à ne pas s’attarder sur les affaires passées, mais à mettre balle à terre et à accompagner la transition à aller de l’avant. Ce qui ne l’a pas empêché à la fin de faire remettre aux hommes de média ce qu’ils recherchaient depuis longtemps : ses diplômes. Et pas moins d’une demi- douzaine de copies de certificat ou d’attestation a été remise à chaque journaliste. Et sur chaque document, il est bien écrit ‘’Moumouni Diéguimdé’’ et non ‘’Moumouni Guiguemdé’ comme cela est mentionné sur la liste des membres de gouvernement de transition. Par ailleurs M. Diéguimdé a indiqué dans sa présentation qu’il est né en Côte d’Ivoire et son père était un chef mossi de la région d’Aboisso, dans le sud-est de la Côte d’Ivoire.

Grégoire B. Bazié
Lefaso.net

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