Télévision Canal 3 : Les employés exigent le départ du Directeur général et son adjoint
« Plus rien ne sera comme avant ». Les travailleurs de Canal 3 en ont fait leur, cette expression à la mode depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Ils observent un arrêt de travail à compter ce mardi 23 décembre pour exiger l’amélioration de leurs conditions de travail, mais aussi et surtout demander le départ sans condition du directeur général, Koen Ros, ainsi que le directeur général adjoint, Rémi Dandjinou.
Les travailleurs de la télévision privée Canal 3 sont mécontents de la « gestion opaque » et de « l’arrogance » de certains responsables de la chaine. Et, ils ont tenu à le faire savoir. Ainsi, au cours d’une conférence de presse tenue ce 23 décembre 2014, ils ont annoncé un arrêt de travail pour exiger le départ de l’actuelle direction, notamment le Directeur général, Koen Ros et son adjoint Rémi Dandjinou.
« L’arrogance, la gabegie et la mauvaise gestion ont atteint leur paroxysme à Canal3. Toutes choses qui plombent la carrière des travailleurs et les empêchent de s’épanouir aussi bien sur le plan professionnel que sur le plan personnel », martèle Arnaud Idani, le délégué syndical. « Par conséquent, nous refusons à partir de ce jour de discuter encore de notre carrière avec Koen Ros et Rémi Dandjinou, respectivement DG et DGA de Canal 3. De ce fait, nous leur signifions clairement qu’ils ne sont plus les bienvenus à Canal 3 », poursuit-il.
« Ça fait plus de 10 ans que la télé est ouverte, mais ça ne va pas. Alors que Canal 3 est un bébé pour nous. On doit bien l’entretenir et bien le gérer. Nous refusons que les choses continuent de cette manière », explique Arnaud Idani.
Si tôt après la conférence de presse, les manifestants ont condamné l’entrée principal de la télévision afin d’empêcher quiconque d’y accéder.
Trois ans d’attente
Le 9 novembre 2011, au cours d’une conférence de presse, les travailleurs de Canal 3 dénonçaient les nombreux problèmes qu’ils vivent depuis la création de la chaine en 2002. Ils réclamaient entre autres :
– le relèvement des salaires à un taux de 100% pour les agents qui sont bloqués dans leur situation depuis des années et à un taux de 50% pour les agents selon les catégories ;
– le reclassement de tous les agents avec paiement des augmentations de salaire décidées par le gouvernement ainsi que l’application des mesures sur la baisse de l’IUTS ;
– l’application de la convention collective adoptée en 2009 pour les travailleurs des médias ;
– le suivi médical pour les agents et la prise en charge de frais d’examen et d’ordonnance à hauteur de 80% ;
– l’arrêt des permutations et affectations arbitraires des agents.
Trois ans après, ils rencontrent à nouveau leurs confrères, à leur corps défendant, disent-ils, « pour ressasser leurs problèmes et dénoncer une gestion patrimoniale empreinte de colonialisme et d’oligarchie ». Ils énumèrent entre autres :
– la signature de contrats caducs de six mois ;
– refus catégorique de domiciliation bancaire des salaires pour permettre aux agents de contracter des prêts bancaires ;
– signature de contrats douteux d’échange de marchandises utilisées à des fins familiales ;
– le DG adjoint se trouve être à la fois le directeur commercial et marketing, le directeur des programmes et le directeur de l’information. Il a créé son agence de communication qui, en plus de vendre des reportages à Canal 3, produit aussi des émissions pour Canal 3 avec les moyens techniques et humains de Canal 3, sous la bénédiction du DG qui cumule lui aussi les postes de directeur des productions, directeur des ressources humaines et de secrétaire de direction
– toutes ces frasques se couronnent aujourd’hui par un projet funeste de compression du personnel d’ici à fin décembre 2014…
C’est pourquoi, ils invitent le Président directeur général à prendre des mesures de redressement le plus tôt possible, avant que Canal 3 ne subisse les périodes les plus sombres de son histoire et ne disparaisse. En attendant, la grève continue. « L’arrêt de travail continue jusqu’à ce que la situation se décante, à savoir le départ du DG et du DGA. Nous avons un PDG qui est M. Fadoul. S’il décide de nous appeler, on va discuter, mais avec une nouvelle direction », a précisé le Arnaud Idani, technicien réalisateur, délégué syndical du personnel.
Moussa Diallo
Faso-tic.net