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Demande de pardon de l’ADF-RDA : et si on faisait la politique autrement !

Publié le mercredi 10 décembre 2014 à 06h32min

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Demande de pardon de l’ADF-RDA : et si on faisait la politique autrement !

Le samedi dernier, dans une déclaration devant la presse, le parti de l’éléphant a demandé pardon au peuple burkinabè. Il dit reconnaitre ses torts ; mieux, il admet à l’instar de Martin Luther KING que « Le pardon n’est pas un acte occasionnel mais une attitude permanente. » Par ailleurs, il ajoute « Désormais, pour le devenir de notre parti, les actions pèseront plus que les mots. Il y a lieu d’agir ensemble pour le changement sinon les mots d’excuses restent sans valeur. » Si ce n’était là encore que des mots qui encore plus ne constituent qu’un discours politique, il ne nous resterait qu’à dire « Chers messieurs RDA, vous êtes tout excusés ».

Mais plutôt que d’accepter naïvement cette demande de pardon du parti de l’éléphant, il sied de méditer sur les raisons qui ont conduit à cette erreur politique fatale et d’interpeller les hommes politiques à faire la politique autrement ; car le pire n’est pas de tomber, mais c’est de ne pas savoir se relever.

Pour ce qui concerne l’erreur, elle renvoie à la suffisance, à l’égocentrisme, au refus de la contradiction (le débat) et surtout à l’absence d’une véritable stratégie de conquête du pouvoir d’Etat qui soit basée sur des intérêts généraux. Vouloir tout, tout de suite et pour soi uniquement, ne peut aboutir qu’à ce genre de situation. Comme la vie, la politique est un jeu d’échiquier ; il faut savoir donner pour espérer gagner. A force de considérer le parti comme sa chasse gardée, Me Gilbert Ouédraogo a fini par croire que de lui seul pouvaient venir les bonnes décisions. A en croire certaines sources, le parti ne serait pas là à se plier en quatre pour demander pardon au peuple burkinabè si Me Gilbert Ouédraogo avait écouté les voix sages qui s’élevaient autour de lui. Quelle grandeur serait la sienne, si lui et ses camarades avaient su écouter la voix du peuple ? Bref. Le vin est tiré...

Et pour cela il est impérieux de tirer les meilleures leçons de cette faute énorme. Cela vaut autant pour le parti de l’éléphant que pour tous les autres. Savoir distinguer ses intérêts propres de ceux du peuple pour lequel on dit se battre, doit être le premier exercice de tout homme politique. Et quand on se bat pour une cause, encore faut-il en avoir une, on doit être capable de s’y donner jusqu’à la dernière énergie. Peu importe les critiques et autres menaces que l’on sera amené à essuyer.

Pourtant, le paysage politique actuel du pays, marqué par des démissions et adhésions qui faussent toute idée de conviction ou de défense d’une idéologie claire, montre qu’ils sont très peu les hommes politiques qui sont prêts à tout, même au sacrifice ultime pour défendre leur conviction. Des Norbert ZONGO, on en cherche. Combien sont-ils à refuser de lever moindre bout du doigt de peur de représailles. Combien sont-ils, quoique très riches à mettre leur richesse au service de la Nation ? Combien sont-ils à préférer la démission plutôt que de s’acharner à son poste bien que décriés ? C’était, dans une certaine mesure, ce que le peuple demandait à l’ADF/RDA.

Il est donc temps qu’un nouveau souffle soit donné aux partis politiques, et que naisse une nouvelle génération d’hommes politiques qui sachent que la politique est avant tout l’art de gérer les affaires publiques. Et que seuls ceux qui ont un idéal pour leur peuple y ont droit. Besoin de s’enrichir, s’abstenir !

Ousmane B. PARE
Lefaso.net

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