LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Réactions des Etats-Unis et de la France sur les révisions des Constitutions : Une ingérence que Blaise Compaoré dit comprendre « difficilement »

Publié le lundi 27 octobre 2014 à 01h35min

PARTAGER :                          
Réactions des Etats-Unis et de la France sur les révisions des Constitutions : Une ingérence que Blaise Compaoré dit comprendre « difficilement »

Alors que la question de la révision de l’article 37 est plus que jamais d’actualité avec la convocation du référendum par le Gouvernement sur la question, BBC a diffusé ce samedi un entretien réalisé avec le Président du Faso. Pendant 55 minutes, Blaise Compaoré a abordé avec la journaliste des questions africaines, mais surtout les questions qui dominent l’actualité politique burkinabè.

Sur l’actualité politique nationale, Blaise Compaoré explique le choix de la convocation du référendum par voie parlementaire par le fait que 81 députés ont lancé un appel, et aussi parce que « dans les manifestations, au moins 50000 personnes au stade » en ont également fait la demande. « Nous sommes obligés de prendre tout cela en compte dans les choix que nous devons faire pour solder une querelle au sein de la classe politique, une querelle dans l’opinion du Burkina ».
Le référendum serait donc l’ « instrument fondamental qui doit permettre en démocratie de pouvoir faire le choix le plus juste ». Si le président n’a pas directement convoqué le référendum sans passer par le parlement, chose autorisée par la Constitution, c’est parce que dit-il, « nous avons toujours eu cette culture d’ouverture, d’échanges, de partages avec nos concitoyens pour les grandes décisions qui sont prises pour la nation ».

Et si la loi ne passe pas à l’Assemblée ? « Si la loi ne passe pas, je demanderai un référendum sur la question », affirme le président pour qui « Il n’y a rien de plus enrichissant pour notre vie politique, que de retourner au peuple qui est le propriétaire de cette Constitution pour nous dire dans quel sens il faut aller ».
Répondant aux acteurs politiques qui remettent en cause le principe même du référendum après 27 ans de pouvoir, l’occupant de Kossyam se veut, on ne peut plus clair, « la Constitution dit que le Président du Faso peut consulter le peuple sur toute question d’intérêt national, pourquoi on veut empêcher au président de le faire alors qu’on ne peut pas empêcher le citoyen d’être libre dans ce pays ».

Attaque envers l’Eglise catholique ? En tout cas, ça y ressemble. A la remarque qui lui a été faite par la journaliste que l’Eglise catholique n’était pas favorable à la modification de la constitution, le président a relevé que l’Eglise catholique était pour le mariage pour tous ( référence au récent synode sur la famille, ndlr) avant d’ajouter que l’Eglise catholique n’est pas une institution républicaine ; « nous nous avons une responsabilité, c’est d’assumer notre rôle en tenant compte des dispositions de notre Constitution ».
Une fois de plus, l’affaire Thomas Sankara s’est invitée aux questions. Pour celui qui était son ami, le 15 octobre est une date qui rappelle une période douloureuse pour le pays même si ajoute-t-il, « la rectification était une bonne voie pour redonner à nos populations des acquis que nous trouvons intéressants à la fois pour le peuple mais aussi pour l’avenir de notre société ». Il affirme par ailleurs que les enquêtes à la justice suivent leur cours pour une clarification des circonstances de la mort de celui que d’aucuns n’hésitent pas à appeler, le « Che africain ».

Blaise Compaoré à la France et aux Etats-Unis : « Ce que nous souhaitons, c’est d’avoir aussi cette liberté d’organiser notre vie politique »

Jeudi dernier, le ministre français des affaires étrangères indiquait que le Président français François Hollande a écrit le 7 octobre au président Compaoré pour "réitérer son attachement au respect des principes définis par l’Union africaine sur les changements Constitutionnels ". Lors du sommet Etats-Unis/Afrique en août, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, affirmait que son pays presserait les dirigeants de ne pas modifier les Constitutions pour leurs bénéfices personnels ou politiques. Ajoutant que des institutions fortes sont préférables à des hommes forts. Position réaffirmée récemment par la secrétaire d’Etat adjointe Linda Thomas-Greenfield dans un article partagé par l’ambassade des Etats-Unis au Burkina, pour qui « Deux mandats et c’est fini ».

Dans l’entretien avec la BBC, le président Compaoré a affirmé difficilement comprendre cette ingérence. « Vous ne voyez pas le Burkina se mêler de comment on organise la vie politique en France ou aux Etats-Unis. Ce que nous souhaitons, c’est d’avoir aussi cette liberté d’organiser notre vie politique, de construire, par nos valeurs et nos choix, la démocratie et la vie républicaine.

On nous dit qu’il faut éviter la Françafrique, ceci ou cela. Je comprends difficilement qu’on soit prompt à nous dire : ceci n’est pas bien pour vous, comme si nous n’avions pas de peuple mature qui sait choisir ses dirigeants et les options pour son avenir ».
Une chose est sûre, le président tient à son referendum car dit-il « cette réforme ce n’est pas pour moi… Aller à l’école du référendum, c’est prévenir des crises plus fortes qu’on pourrait résoudre par referendum en amenant tout le peuple à se prononcer ».
« Après ce que j’ai fait je ne crois pas que je suis en train de préparer un avenir, je suis plutôt en train de voir comment organiser ce départ ».
A quelle échéance ce départ ? Pas de précision du président Compaoré.

Amélie GUE
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos réactions (105)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique