LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

<I>Une lettre pour Laye</I> : Querelles de préséance au PDP/PS

Publié le vendredi 11 février 2005 à 09h09min

PARTAGER :                          

Cher Wambi,

Comme annoncé dans ma précédente lettre, le Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS) a tenu son troisième congrès ordinaire du 4 au 6 février dernier à la maison du peuple à Ouagadougou.

Un congrès du rajeunissement et de l’alternance, faut-il le souligner, puisqu’il a vu le jet d’éponge du professeur Joseph Ki-Zerbo, père fondateur du parti, qui, à 82 ans bien sonnés, galvanisait encore les militants du "Pays réel" durant la grave crise qu’a traversée notre pays, consécutive à l’assassinat, le 13 décembre 1998, du journaliste Norbert Zongo.

L’historien émerite a passé la main à un autre professeur, mais physicien de 75 ans celui-là. : Ali Lankouandé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est aux côtés de Joseph Ki-Zerbo depuis le Mouvement de libération nationale (MLN). C’est donc un vieux de la vieille, qui aura pour tâche urgente de battre le rappel des troupes quand on sait que les échéances électorales avancent à pas de géant.
La mobilisation s’impose à la veille d’un tel enjeu, qui déterminera la place du PDP/PS sur l’échiquier politique national.

Mais en attendant, cher cousin, les observateurs de la scène politique au "Pays des hommes intègres" s’interrogent : pourquoi, après avoir tiré sa révérence, le Pr Joseph Ki-Zerbo n’a-t-il pas été fait président d’honneur à vie du PDP/PS, comme l’est aujourd’hui Gérard Kango Ouédraogo à l’ADF/RDA ? Là-dessus, cher cousin, ceux qui avaient l’oreille tendue vers la salle du Congrès prétendent que le poste a bel et bien été proposé au professeur, mais que c’est lui qui a décliné l’offre pour avoir été contraint à la sortie, si ce n’est à la démission, par une importante frange des militants.

Et mes informateurs de me rappeler ce que l’illustre professeur a dit dans son discours-testament à l’issue des travaux. Et la liste des mécontents ne s’arrêterait pas à lui seul, à ce que l’on dit. Il me revient en effet, que le professeur Henri Guissou, dont la candidature à la présidence du parti n’a pas rencontré l’assentiment des électeurs, a préféré lever l’ancre. Tu comprends aisément maintenant pourquoi son nom ne figure pas sur la liste des membres du bureau politique national.

Vient ensuite Etienne Traoré, le suppléant du Pr Joseph Ki-Zerbo à l’Assemblée nationale, dont la chute au PDP/PS prend de plus en plus les allures d’une mésaventure. Le concernant, cher cousin, on me laisse entendre que c’est une querelle de préséance qui l’a écarté finalement du bureau politique national. Certaines sources proches du parti avancent qu’il lui avait été proposé le poste de secrétaire politique, mais que, très exigeant, Etienne Traoré tenait mordicus à ce que son poste vienne avant celui du secrétaire général du parti, qu’occupe le Dr Alain Zoubga. N’ayant pas eu gain de cause, il aurait donc claqué la porte du congrès, et la suite, on la connaît. Mais que nous réservent-ils, ces mécontents du congrès ? Difficile d’y répondre pour l’instant cher cousin.


C’était l’événement international du week-end écoulé, le président togolais Gnassingbé Eyadéma s’est éteint le samedi 5 février alors qu’il était en route pour des soins d’urgence en Israël. Comme le voleur qui n’annonce pas son arrivée, c’est à Tunis que la mort a surpris le général Eyadéma, père fondateur de la nation togolaise, à 69 ans, dont seulement 38 passés à la tête de ce minuscule pays de la côte ouest-africaine. Tu as dû certainement l’apprendre, les choses se sont alors précipitées à Lomé, entraînant la sous-région dans une autre crise.

La communauté internationale tente d’ouvrir l’œil et le bon pour éviter le pire, mais y parviendra-t-elle jamais ? Après l’annonce de la triste nouvelle par le premier ministre, le chef d’état-major des forces armées togolaises, le général Zakari Nandja, foulant aux pieds l’esprit et la lettre de la Constitution, qui stipule qu’en cas de vacance de la présidence par décès, l’intérim est assuré par le président de l’Assemblée nationale, qui a 60 jours pour organiser de nouvelles élections, a offert le pouvoir sur un plateau d’argent à un des fils du défunt président, Faure Gnassingbé, précédemment député et ministre de l’Equipement, des Postes et des Télécommunications.

L’alibi trouvé pour camoufler cette forfaiture est que le président de l’Assemblée nationale était en mission à l’étranger. Eh bien, cher cousin, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine (UA), l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Organisation intergouvernementale de la Francophonie (OIF) ont refusé vigoureusement d’avaler cette pilule et exigent le respect de la Constitution sous peine de sanctions. Au moment où tu me lis, cher cousin, des chefs d’Etat de la sous-région devraient se trouver à Lomé pour tenter de ramener l’héritier Eyadéma à la raison.

Je ne te l’apprends pas du tout, l’évolution de la conjoncture togolaise est suivie nuit et jour par Ouagadougou, quand même jusqu’à ce jour, officiellement la présidence burkinabè n’a pas présenté ses condoléances aux nouvelles autorités togolaises issues du putsch du 5 février. C’est logique, me diras-tu, si et seulement si, on fait la relation avec le décès du président ivoirien, Félix Houphouët Boigny en 1993.

A l’époque, te souviens-tu, la présidence burkinabè avait présenté ses condoléances au premier ministre Alassane Dramane Ouattara, au lieu du président de l’Assemblée nationale d’alors, Henri Konan Bédié, successeur constitutionnel. Cette indélicatesse nous avait valu et nous vaut toujours l’inimitié du président du PDCI, et avait considérablement entamé les relations de voisinage entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire.

Dans le cas togolais qui se présente aujourd’hui, à qui Blaise Compaoré devrait-il présenter ses condoléances ? Au président de l’Assemblée nationale, successeur constitutionnel, Fambaré Natchaba Ouattara, renversé ? Au premier ministre Koffi Sama ou à l’héritier monarchique, Faure Gnassingbé ? Voilà bien un dilemme, cher cousin, pour Blaise et les siens.


Sans le savoir, le président togolais faisait ses adieux à ses pairs de l’Afrique de l’Ouest quand, les 30 et 31 janvier, il participait pour la dernière fois à un sommet de la CEDEAO. Sa dernière audience présidentielle devait être accordée à son homologue ivoirien, Koudou Laurent Gbagbo, qui le lui avait demandée, le 31 janvier en fin de matinée dans la capitale nigériane, Abuja.

Un rendez-vous qui n’aura finalement pas eu lieu, et pour cause : selon notre confrère Jeune Afrique L’Intelligent, qui rapporte l’information dans son édition n°2300 du 6 au 12 février 2005, "Quand, à l’heure convenue, le directeur du protocole présidentiel togolais s’est rapproché de son confrère ivoirien pour l’informer qu’Eyadéma était prêt, il lui a répondu que Gbagbo dormait encore et qu’on ne pouvait pas le réveiller". Et Jeune Afrique L’Intelligent de conclure : "Même s’il n’ignore rien des horaires décalés du camarade Laurent, Eyadéma, qui est, lui, un "lève-très-tôt", n’a pas apprécié. Il a aussitôt quitté Abuja pour Lomé". Qu’en déduire cher cousin ?


Avant de t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, je t’apprends le décès le dimanche 6 février 2005 de Mme Congo Aline née Abdel Azim Abou Hussein dans sa 72e année.
Si tu l’ignorais encore, sache qu’elle était l’épouse de feu Kassoum Congo, le premier directeur national de la BCEAO au Burkina Faso. L’inhumation a eu lieu le mardi 8 février 2005 au cimetière municipal de Ouagadougou. Voudras-tu joindre ta voix à la mienne pour présenter tes condoléances les plus attristées à la famille de la disparue ?


- A Lâ-Toden, dans le Passoré, la tension qui couvait entre les partisans et les contempteurs du Naaba Tigré de Tâ-Toden a finalement dégénéré le samedi 5 février, qui était également jour de marché. Comment en est-on arrivé là ? Eh bien, en bref, il faut savoir que depuis la désignation de Rasmané Korbéogo par le chef de Yako pour succéder à son défunt père, il y a la contestation d’une frange de la population, qui estime qu’à l’origine la chefferie était détenue par leur lignée. Et depuis le 2 août 2003, les deux camps s’observent.

Comme après chaque récolte il faut accomplir la cérémonie du "Soudiga" avant que les populations consomment les nouvelles récoltes, le Naaba Tigré a entrepris, dès le mois d’octobre, d’y sacrifier. Il se verra refuser l’autorisation par l’administration sur la base d’un arrêté suspendant toute manifestation à Lâ-Toden. Mais les notables, las d’attendre cette autorisation, décideront d’accomplir symboliquement la cérémonie, malgré la températion du chef. Ils finiront pas se décider à le faire le samedi 5 février.

Et alors qu’ils se rendaient auprès du fétiche tutélaire, ils furent stoppés par la partie adverse. Une bataille rangée éclata, à coups d’armes blanches. Au passage, le marché fera les frais des vandales, qui y mirent le feu. Bilan : des dégâts matériels importants en sus de quelques blessures légères. On ne déplore heureusement aucune perte de vie humaine. La gendarmerie de Yako a déjà procédé à des arrestations, et les responsabilités seront d’ici là situées. A l’Administration maintenant d’en tirer les leçons et de prendre ses responsabilités.

- Le feuilleton des médailles des athlètes nationaux des 11e Jeux universitaires de l’Afrique de l’Ouest (WAUG) semble maintenant clos. En tout cas c’est ce qu’affirme le premier vice-président du comité d’organisation à travers une correspondance datée du 8 février 2005. Le confectionneur de ces fameux métaux précieux aurait livré à la direction du CENOU ce qui lui était resté sous la main. Ouf, est-on tenté de dire.

- Le club Tong- Nooma de Vovinam Viet-Vo-Dao fête ce week-end ses vingt ans d’existence. Au nombre des arts martiaux pratiqués dans notre pays, cette discipline venue du Vietnam s’affiche d’année en année. Dirigé par Me Apollinaire Ouédraogo, le club Tong-Nooma fera au cours de ces 72 heures de festivités son introspection pour repartir du bon pied. C’est pourquoi, des journées portes ouvertes sont prévues en vue de faire connaître et le club et la discipline des nombreux amateurs des arts martiaux. Des entraînements populaires permettront notamment au public de voir comment le Viet se pratique. Le lancement des activités aura lieu au parc Bangr-Wéogo, et la clôture, au siège du club, sis à St-Léon.

- Il sera procédé le mercredi 16 février à Bassinko à partir de 9 heures, à la maison des jeunes et de la culture, à la signature du protocole de jumelage entre Bassinko (village de l’arrondissement de Sig-Noghin) et la commune de Waasmunster (Belgique) . A cet effet, le Comité local de jumelage de Bassinko (CLJ-Bassinko) te prie de porter la nouvelle d’une part à tous les ressortissants et natifs de Bassinko où qu’ils soient, et d’autre part aux amateurs de musique et de danses traditionnelles.

Les troupes de danses et de musique suivantes vont accompagner la cérémonie de signature du protocole de jumelage : Warba de Laye, conduite par Wambi et son oncle Charles ; Warba de Basséko ; Wissékamba de Zékounga, Tarkaï de Zitenga et les majorettes de la commune de Ouagadougou, accompagnées de la fanfare municipale.

Le jeudi 17 février 2005, le CLJ-Bassinko convie le public de Ouagadougou et des villages environnants à une nuit culturelle avec au programme :Idak Bassavet, la troupe de la MJC de Ouagadougou, la troupe dodo du secteur 10, la troupe Naaba Yadéga. Cette nuit culturelle aura lieu à l’Espace Taalba (entrée gratuite).

- En ce début du nouvel An, le maire de la commune de Ouagadougou invite le public ouagalais à la grande nuit des chorales, le samedi 12 février 2005 à 19 heures sur le plateau omnisports Simon-Compaoré, situé au secteur 9, côté sud du stade du 4-Août. Venez revivre les nuits mélodieuses de Noël, animées par 10 chorales des Eglises catholiques et protestantes évangéliques.

- La Sœur Jeannette Tremblay (Elisa-Marie) fête le dimanche 13 février son jubilé d’or de vie religieuse missionnaire. A l’occasion, en communion avec les Sœurs missionnaires de Notre Dame d’Afrique (Sœurs blanches), Mgr Jean-Marie Compaoré officiera une célébration eucharistique d’action de grâce en la cathédrale de Ouagadougou à partir de 9 h 00.

- Le médiateur du Faso, M. Jean-Baptiste Kafando, a été évacué dimanche dernier en France, où il reçoit des soins. Prompt rétablissement et bon retour parmi nous, Monsieur le Médiateur.

- Massala, bourgade située à quelques encablures de Dédougou, a connu une journée horrible le dimanche 06 février 2005 : un enfant égorgé sur du gris-gris, et son bourreau battu à mort par la population. En effet, dans la soirée du samedi 05 février 2005, un enfant du nom de Dakuyo Lomba Christophe, âgé de 30 mois environ, était porté disparu.

Selon les informations que nous avons reçues, Christophe accompagnait sa mère dans une concession pour remettre de la nourriture à un parent. C’est au cours du trajet que sa maman a constaté sa disparition. Alors de retour à la maison, elle alerta la famille après quelque temps d’hésitation. Les recherches lancées depuis le samedi soir allaient se poursuivre jusqu’au dimanche 06 février 2005 aux environs de 12 heures, où le corps de Christophe sera retrouvé dans un puits perdu, atrocement égorgé comme un animal.

Après avoir découvert cet horrible crime, la population tentera de suivre les gouttes de sang découvertes sur la margelle du puits. C’est ainsi qu’elle découvrira que Christophe a été égorgé sur des fétiches dans une concession située à une cinquantaine de mètres du puits où gisait son corps. Le propriétaire de la concession sera aussitôt appréhendé et ligoté par la population. Dakuyo Dofinita, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était âgé de (34) trente quatre ans.

Il sera battu à mort par une foule en colère sans qu’aucun interrogatoire ait été fait. En se rendant ainsi justice, la population a rendu la tâche difficile aux autorités judiciaires, qui s’étaient déjà déportées sur les lieux du crime pour le constat d’usage. Il sera très difficile de savoir si Dakuyo Dofinita a agi de son propre gré. On ne saura jamais non plus s’il est à son premier forfait. Les mobiles de ce crime odieux ne sont pas non plus connus pour le moment.

Le procureur, que nous avons rencontré, nous a confirmé que le Sieur Dakuyo Dofinita est un ancien pensionnaire de la maison d’arrêt et de correction de Dédougou. En attendant, les enquêtes suivent leur cours et les jours à venir nous permettront de savoir les motifs de cet infanticide et s’il a bénéficié d’éventuels complices.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Développement : SOS pour la route Pouytenga-Bogandé
Portées disparues : Fati et Mounira ont été retrouvées