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Immobilier : des démarcheurs plus royalistes que le roi

Publié le lundi 7 février 2005 à 08h32min

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La question du logement est un problème crucial à Bobo-Dioulasso comme dans les autres localités, notamment les grandes villes. Cette dure réalité a fini par créer un métier, celui des intermédiaires ou agents immobiliers informels. Ils sont jeunes le plus souvent. Chaque secteur, chaque quartier a ses agents, venus à cette occupation pour disent-ils "gagner leur manger" et sortir de l’oisiveté.

"Croyez-moi, vous ne trouverez pas de maison à louer tant que vous ne vous remettez pas à des intermédiaires spécialisés pour ça. Ils ont tous les renseignements sur les maisons inoccupées". Ces intermédiaires dont on vous fera cas, si vous cherchez une maison, ce sont des démarcheurs, aussi influents qu’efficaces, qui étendent leurs toiles, sur la ville. Ils sont venus à ce métier pour se sortir du chômage, à leur manière.

Très connus, sur le terrain, ils sont de véritables hommes de relations publiques, des communicateurs de talents qui connaissent bien les dignitaires des zones qu’ils contrôlent, les commerçants, les nouveaux investisseurs en immobiliers. Ils connaissent les maisons inoccupées ou celles qui le seront bientôt. Lorsqu’en compagnie de l’un d’entre eux vous avez ratissé "sa zone" sans être satisfait, ce dernier peut vous mettre en contact avec son collègue d’une autre zone. Mais au-delà de la nécessaire collaboration, il y a compétition entre eux. C’est à qui sera le premier à prendre contact avec tel propriétaire ou bailleur, ou à se faire remettre les clés d’un bâtiment en attente d’un preneur.

Etre agent immobilier informel, c’est exercer un job bien incrusté dans le monde des affaires. Souvent, ils y sont venus malgré eux, au départ pour quelques hasardeuses brouilles utiles pour le prix des cigarettes, d’un paquet de thé et de sucre, mais finissent par s’y installer.

Certains d’entre eux sont devenus des gens vivant à l’aise, possédant villa, voiture, compte en banque, et ayant des relations bien établies dans les hautes sphères de l’administration, œuvrant désormais par le biais d’intermédiaires à leur service.

Seulement, c’est un monde qui impose à de nombreux citoyens en quête de logis les dures lois de son activité. Ils maîtrisent tant et si bien leur domaine qu’ils sont un groupe de pression que craignent quelque peu les bailleurs, les propriétaires. Sinon, comment comprendre que ceux-ci en viennent souvent à leur confier les clés de leur maison en quête de locataire. Ce sont finalement eux qui cherchent preneur, qui fixent parfois le prix du loyer qu’ils savent majorer à l’insu du propriétaire.

C’est dire que tant qu’il y aura des maisons à louer et des nécessiteux, ils auront la part belle. Ils récoltent deux commissions auprès du locataire et du propriétaire si les démarches aboutissent, soit 7500 F à 12 000 F CFA d’une part, et un montant forfaitaire de l’autre. Mais avant d’en arriver là, celui qui cherche maison prend en charge les frais de carburant et de téléphone. Et puis l’acte premier qui consiste à aller vous présenter une maison inoccupée a aussi son prix. Selon Lassina Séré, démarcheur depuis trois années au secteur 9, c’est là une mesure de sécurité qui peut dissuader un faux demandeur de prospecter à ses dépens au profit de son propre client.

Collaborateur par moment des agences immobilières légales, Lassina Séré est de ceux qui nourrissent l’espoir de créer tôt ou tard sa propre agence immobilière qu’il compte maintenir et gérer même s’il trouvait un autre travail. Le contrôle rapproché que le démarcheur exerce sur une maison à louer fait de lui une sorte de second propriétaire. Par ruse, comme nous a confié Saidou O., (ce démarcheur qui a adopté un profil de discrétion) ils peuvent ainsi "posséder" le plus longtemps possible, parfois une année entière une maison et y gagner des subsides.

Les propriétaires, mais encore plus les démarcheurs, se trouvent inévitablement plumés. Dure est la loi qu’imposent les démarcheurs. Le même jeu serait entretenu dans les ventes des parcelles. Ce filon conduit dans les bureaux domaniaux où certains agents au travers d’une corruption permise joueraient ce jeu enrichissant.

J.L.B
Sidwaya

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