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Décès brutal de Patrice Kafando, consul général du Burkina Faso à Abidjan.

Publié le vendredi 3 janvier 2014 à 00h55min

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Décès brutal de Patrice Kafando, consul général du Burkina Faso à Abidjan.

C’est le dimanche 29 décembre 2013, en fin de journée, que Patrice Kafando est décédé. Il venait d’être évacué sur la Polyclinique Sainte Anne-Marie (PISAM), à Cocody. Kafando avait été nommé à Abidjan en 2010. Il prenait la suite de Lamoussa Ambroise Balma (promu inspecteur général des services le 12 décembre 2009) qui avait occupé le poste pendant les années terribles de la relation Abidjan-Ouaga : 2003-2009. Kafando, quant à lui, avait eu à vivre la crise post-présidentielle qui a mis la capitale ivoirienne à feu et à sang. C’est sans doute pourquoi la diaspora l’avait consacré, le mercredi 25 janvier 2012, « homme de l’année 2011 des Burkinabè en Côte d’Ivoire ».

Il avait, disait-on alors, « contribué, entre autres, à la renaissance des associations burkinabè marquée par des séances d’évaluation, une méthodologie participative, à l’édification d’une diaspora plus forte et plus unie, l’amélioration du cadre de travail et de vie du personnel de l’institution consulaire et l’écoute du prochain ». Kafando avait alors rendu hommage à ses collaborateurs (« Nous travaillons en équipe ») et aux délégués consulaires. Justin Koutaba, qui venait de prendre ses fonctions d’ambassadeur en Côte d’Ivoire, avait de son côté « loué » le consul général « pour son souci et son investissement personnel en matière de cohésion des compatriotes et d’amélioration du cadre de travail ».

Consul général en Côte d’Ivoire, ce n’est pas simple (la juridiction de Kafando couvrait Abidjan, San Pedro, Gagnoa, Divo, Agboville, Aboisso, Abengourou et Bondoukou). C’est un job à nul autre comparable compte tenu de la proximité entre Abidjan et Ouagadougou et, surtout, du poids de la diaspora burkinabè dans la politique économique et sociale de la Côte d’Ivoire. La mort de Félix Houphouët-Boigny, l’accession au pouvoir de Henri Konan Bédié puis la succession de crises politiques (1995, 1999, 2000, 2002, etc.) avaient obligé le gouvernement burkinabè à mettre en place l’opération « Bayiri » (16 novembre 2002/28 janvier 2003) afin de rapatrier des milliers de « Burkinabè ». Dans son « rapport sur les violations des droits humains à l’encontre des Burkinabè en Côte d’Ivoire », publié par Ouagadougou le 3 mars 2003, il est écrit : « Etre Burkinabè a été érigé en cible pour les forces de l’ordre de manière particulière. Dans la plupart des cas, les ressortissants burkinabè ont été arrêtés, molestés et dépouillés à la simple rencontre d’éléments de forces de l’ordre, dans les villes de Côte d’Ivoire ». C’est dire que le traumatisme sera durable et la crise post-présidentielle 2010-2011 va le raviver.

Elle ne solutionnera pas pour autant le problème. Le quotidien privé Le Pays, dans son édition du mercredi 5 octobre 2011, dénonçait encore « une certaine presse ivoirienne » et les « boutefeux » qui « recommencent à fouiller dans les poubelles nauséabondes de la nationalité au moment où les autorités ivoiriennes et burkinabè s’attellent à relancer la coopération entre Ouagadougou et Yamoussoukro […] semant dans l’esprit des peuples vivant sur le sol ivoirien la mauvaise graine de l’intolérance identitaire ». Déjà, le 24 mai 2011, l’ancien ministre Filippe Savadogo expliquait dans une note sur l’axe Abidjan-Ouagadougou (« Le phénix renaîtra de ses cendres ») que « sans la détermination du président Blaise Compaoré […] il est probable que le président Alassane Ouattara ne serait pas au poste qui est le sien aujourd’hui. Liés par l’Histoire, les deux pays le sont désormais par un présent commun ».

Jean-Pierre Béjot,

La Dépêche Diplomatique

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