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Jugement de l’affaire Guiro : Le Premier ministre a-t-il fait une promesse ou émis un souhait ?

Publié le lundi 23 décembre 2013 à 00h02min

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Jugement de l’affaire Guiro : Le Premier ministre a-t-il fait une promesse ou émis un souhait ?

L’on se rappelle que lors d’une de ses sorties médiatiques, le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a laissé entendre que l’affaire Guiro sera jugée avant la fin de l’année 2013. A quelques jours de l’échéance, les journalistes ont voulu en savoir avec le ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré. C’était le 19 décembre 2013, à l’occasion d’un des traditionnels points de presse du gouvernement dans les locaux de la télévision nationale.

En rappel, au cours de la nuit du 31 décembre 2011 au 1er janvier 2012, la gendarmerie nationale saisissait dans la maison du cousin du jusqu’alors DG des douanes Ousmane Guiro, quatre cantines contenant en tout 1 906 000 000F CFA. Interrogé par « l’œil de la Nation », Ousmane Guiro reconnaîtra que cette somme lui appartenait. Et la suite, M. Guiro est remis à la justice aux premiers jours de l’année 2012. Cette situation a ainsi été qualifiée d’affaire Guiro à laquelle aucune suite judiciaire véritable n’est encore donnée. Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui se demandent si cette affaire sera jugée un jour. De leur côté, les journalistes ne ratent pas l’occasion d’interroger les autorités à propos.

C’est ainsi que le Chef du gouvernement, Luc Adolphe Tiao, a fini par dire un jour que Guiro sera jugé avant la fin de l’année 2013. Et Alain Edouard Traoré, le ministre Porte-parole du gouvernement ne dément cela, lorsqu’on lui a demandé de situer l’opinion sur les suites de cette annonce faite par son « chef » ; annonce naturellement tant attendue. Mais, il dira y voir l’expression d’une « volonté forte de faire avancer ce dossier et de voir son aboutissement avant fin 2013 ». Pour lui en effet, « le Premier ministre souhaite vraiment que Ousmane Guiro soit jugé avant fin 2013 ». Le Chef du gouvernement n’a donc pas fait de promesse ; il a seulement émis un souhait. C’est du moins, ce qu’il faut comprendre des propos du Porte-parole du gouvernement.

C’est d’ailleurs pour quoi à l’endroit des journalistes présents au point de presse du jour, il dira « Vous, vous voyez en cela une promesse non tenue ». Or, selon lui, en tenant ces propos, le Premier ministre a simplement souhaité « être entendu par la magistrature » ; ne pouvant lui-même juger. « Et malheureusement, précise le ministre Traoré, le Premier ministre n’a pas de moyen d’action pour faire aller la justice plus vite ». De plus, comme la justice a sa procédure qu’elle conduit en « indépendance totale vis-à-vis de l’exécutif », il faut se contenter de souhaiter que « les choses puissent évoluer ». C’est, en tout cas, ce à quoi invite le ministre Porte-parole du gouvernement.

La même invite, Alain Edouard Traoré demande à en faire sienne, s’agissant de l’autre affaire apparemment angoissante, celle dite des militaires de 2011. Et d’ajouter, «  concernant le dossier EDYF/WP, c’est la même chose ». Le dossier EDYF/WP, c’est en effet celui ouvert pour donner une suite judiciaire à la séquestration qu’aurait subie en octobre dernier, l’agent coursier de l’Inspection générale du travail dans les locaux de l’entreprise EDYF/WP. C’est aussi un dossier qui suit la procédure judiciaire, à en croire le Porte-parole du gouvernement. « Nous avons la volonté, dira-t-il, mais en Conseil des ministres, nous ne statuons pas sur des dossiers judiciaires ; sauf à interpeller le ministre de la Justice pour qu’il voit le processus judiciaire qui suit son cours  ».

Et ce dernier – le ministre de la Justice -, devant la Représentation nationale le 20 décembre 2013, a martelé, « il ne faut pas que les gens fassent de la fixation sur certaines affaires  ». Et d’inviter à ne pas « remettre en doute la volonté des magistrats à traiter les dossiers ». Oui, ils les traitent, souvent avec célérité ; surtout quand il s’agit de dossiers mettant en cause des journalistes comme il a été donné de constater par ces temps qui courent.

Emprisonner pour délit d’opinion, n’est pas utile dans une démocratie

Toute chose qui a inspiré un d’eux – journalistes - dans son souci renouvelé au ministre de la Communication de voir la dépénalisation du délit de presse enfin consacrée.

Là, c’est un Alain Edouard Traoré, visiblement à l’aise qui d’abord tenu à préciser qu’il s’agit plutôt, en termes juridiques, « de la suppression des peines privatives de liberté », et non d’une dépénalisation globale. Et d’expliquer qu’il est en réalité question de faire en sorte que le journaliste ne soit plus emprisonné pour manquement constaté dans ses productions journalistiques, et non de le mettre à l’abri de toutes sanctions, notamment celles pécuniaires.

La clarification faite, le ministre de la Communication dira que le gouvernement a déjà adopté deux projets - l’un relatif à l’audiovisuel et l’autre à la presse écrite – comportant des dispositions relatives à la suppression des peines privatives de liberté.

Pour la suite, il reste, à en croire Alain Edouard Traoré, «  à mettre en place un groupe de lobbying pour essayer d’approcher les parlementaires, les leaders d’opinion, pour expliquer et plaider qu’aujourd’hui, emprisonner un journaliste, ne sert à rien  ». Et d’ajouter, « je croix qu’emprisonner pour délit d’opinion, n’est pas utile dans une démocratie  ».

En attendant, le ministre de la Communication a promis de renouer contact incessamment avec les organes de presse pour échanger et autour de ces deux projets de loi et sur les mécanismes de financement public de la presse privée.

Fulbert Paré

Lefaso.net

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