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Justice burkinabè : Une reprise et mille interrogations

Publié le jeudi 3 octobre 2013 à 23h45min

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                              Justice burkinabè : Une reprise et mille interrogations

Comme de coutume, la grande famille de la Justice burkinabè a fait sa rentrée solennelle le 1er octobre 2013 à Ouagadougou. Un exercice républicain dans la forme, mais qui, dans le fond, ne résout pas le problème de fond. A savoir le manque de confiance toujours plus accrue entre la Justice et le justiciable.

C’est en présence du Chef de l’Etat par ailleurs président du Conseil supérieur de la magistrature que les professionnels de la Justice ont donc sacrifié à leur traditionnelle reprise.

A cette occasion, l’on y a beaucoup parlé d’indépendance et de probité. Des vertus qui, on le sait, sont au centre de la gouvernance judiciaire. Du reste, le thème de cette rentrée s’est appesanti sur « le juge au sens de l’article 124 de la constitution ».

Pédagogie du Droit

Une approche pertinente certes. Car mieux l’on appréhende la justice dans ses fondements et mieux c’est pour tout le monde. C’est pour cette raison que cet exercice animé par les professionnels du Droit et qui a consisté pour chacun d’entre eux à donner sa lecture du thème central a pu paraître intéressante. Notamment pour les étudiants en Droit, mais également pour les profanes.

Du reste après la fin de la cérémonie, le Chef de l’Etat, Blaise Compaoré, n’a-t-il pas salué les mérites d’un éclairage pédagogique ? Ce qui montre bien l’intérêt d’une telle démarche. Car comme l’a rappelé le Bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Mamadou Traoré, «  le pouvoir judiciaire est au cœur de l’Etat de Droit, le thermomètre de la démocratie  ».

Or que nous enseigne ce thermomètre justement ? Que la démocratie burkinabè à la fièvre… Parce qu’elle-même, la Justice, ne fait pas correctement son travail. Soumise qu’elle est aux pressions multiples du politique et des pouvoirs financiers face auxquels elle a bien du mal à résister. Et cela, ce n’est pas de la fiction, c’est la réalité que vivent les populations.

Justice à la peine et inactive

Les affaires non résolues pour cause de justice qui « suit son rythme » sans que l’on ne sache véritablement lequel, la couleur de l’or qui divise les cours et tribunaux, l’inaction de l’appareil judiciaire sur certains dossiers… Et comme pour bien faire, il est désormais question de procès de magistrats cités dans des affaires, le 7 octobre 2013.

En un mot comme en mille autres, ce sont autant de faits pour lesquels les citoyens (sans avoir besoin forcément de connaître les méandres du labyrinthe) ont besoin de plus d’actes concrets que de discours. Faute de quoi, il faudra se convaincre que les rentrées judiciaires se suivront et se ressembleront.

La preuve en est qu’il se développe de plus en plus le phénomène d’une inquiétante justice parallèle. Or dans le contexte actuel, si rien n’est fait pour inverser la tendance, celle-ci finira par s’imposer. Et cela, avec toutes les conséquences qui peuvent en découler sur le plan de la gouvernance.

Juvénal Somé

Lefaso.net

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